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Le CGDD décrypte les métiers de l'économie verte

L'économie verte au prisme de ses métiers : plus de métiers "verdissants" que "verts", des emplois occupés par les hommes, des recrutements souvent difficiles mais une majorité d'emplois à durée indéterminée.

Gouvernance  |    |  C. Chazal

Le 27 juin, le Commissariat général au développement durable a publié le numéro 188 de sa collection "Le point sur", intitulé "Comprendre l'emploi dans l'économie verte par l'analyse des métiers (1) ".

L'étude utilise l'approche dite "métiers", développée par l'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte (Onemev). Il s'agit de "quantifier le nombre de personnes qui occupent un métier" de l'économie verte.

Les emplois verdissants devancent les emplois verts

Les métiers de l'économie verte (2) sont essentiellement des métiers dits "verdissants". Alors que la finalité d'un métier vert est de "mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l'environnement", un métier dit "verdissant" n'a pas de finalité environnementale. Un emploi verdissant "intègre de nouvelles « briques de compétences » pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier".

D'un côté, des métiers verts tels que garde forestier, garde du littoral, ouvrier d'entretien des espaces naturels, technicien chargé de la police de l'eau, égoutier, agent de déchetterie ou encore chef d'exploitation de station d'épuration, et tous les emplois qui, par essence, trouvent leur raison d'être dans la protection de l'environnement.

De l'autre, des métiers verdissants tels qu'architecte (éco-conception), agriculteur (agriculture biologique, raisonnée), toxicologue, géologue, ou animateur socioculturel dans l'environnement. "Les professionnels de l'animation socioculturelle sont les plus recherchés (plus d'un quart des besoins en main d'œuvre) des métiers de l'économie verte en 2013", rapporte l'étude, mais "près des trois-quarts des intentions d'embauche sur ce métier sont des emplois saisonniers".

Le verdissement des emplois correspond à la diffusion de la protection de l'environnement dans toutes les branches de l'économie, de manière volontaire ou en application de nouvelles contraintes réglementaires. Le nombre d'emplois verdissants est donc un indicateur utile. Malheureusement, ce nombre est difficile à établir. Il est "surestimé", explique l'étude, à cause de l'impossibilité de mesurer "le verdissement effectif", qui "ne touche qu'une partie des professionnels" d'un secteur répertorié comme verdissant. Alors que l'économie verte (emplois verts + emplois verdissants) emploie environ 4 millions de personnes, les métiers verts ne pèsent que 140.000 travailleurs.

Les hommes plus représentés que les femmes

Parmi les professions vertes, on compte 16% de femmes contre 48% pour l'ensemble des professions. Selon les métiers verts, l'écart se creuse plus ou moins. On ne compte que 1% de femmes chez les conducteurs de véhicules de ramassage d'ordures ménagères, 4% chez les ouvriers qualifiés dans les industries de l'eau, du gaz, de l'énergie et du chauffage et 7% dans les métiers d'assainissement et de traitement des déchets.

En revanche, certains emplois verts souffrent moins de ce déséquilibre. C'est le cas par exemple des ingénieurs et cadres techniques de l'environnement (36% de femmes), des métiers de la production et de la distribution d'énergie et d'eau (19% de femmes) ou de la protection de la nature (15% de femmes).

L'étude explique ces écarts par le fait que les métiers verts comptent davantage d'ouvriers que l'ensemble des professions (43% contre 22%).

70% de CDD parmi les offres déposées à Pôle emploi

Parmi les offres d'emploi déposées à Pôle emploi, les contrats à durée déterminée (CDD) atteignent "près de 70% des offres" pour les emplois verts, alors qu'elles concernent 45% des emplois verdissants et 46% de l'ensemble des métiers.

Mais l'étude rappelle que les types de contrats proposés à Pôle emploi ne sont pas toujours représentatifs, car le champ d'analyse "ne couvre (…) pas de manière uniforme tous les secteurs d'activité, ni tous les niveaux de qualification (notamment pour les postes de cadres et d'ingénieurs). D'autres canaux sont également utilisés, et tous les recrutements ne font pas l'objet d'un dépôt d'offre (candidature spontanée, réseau personnel, professionnel…)".

En effet, les professions vertes ont un taux important de contrats sans limite de durée : 94% pour les métiers de la production et de la distribution d'énergie et d'eau, 87% pour les métiers de la protection de la nature, 81% pour les ouvriers non qualifiés de l'assainissement et du traitement des déchets, ou encore 87% pour "les métiers plus transversaux". Au total, "73% des professionnels des métiers verdissants occupent un emploi sans limite de durée".

Une pénurie de profils qualifiés ?

Pour l'ensemble des métiers de l'économie verte, 46% des recrutements sont jugés "difficiles", c'est-à-dire que "des difficultés à l'embauche sont anticipées par les employeurs (contre 40% en moyenne)". C'est surtout le cas pour le recrutement de conducteurs de véhicules légers (59,2% de recrutements difficiles), de conducteurs routiers (51,6%) ou d'ingénieurs et cadres d'études, recherche et développement (54,7%).

Parmi les dix métiers de l'économie verte les plus recherchés au sein des projets de recrutement de 2013, c'est pour les jardiniers salariés et les ouvriers de l'assainissement et du traitement des déchets que l'on trouve le moins de recrutements difficiles.

L'enquête s'intéresse également au taux de rotation de main d'œuvre (3) ("turn over") dans les emplois de l'économie verte : il "y est deux fois moins élevé que dans l'ensemble de l'économie", ainsi qu'à la proportion de salariés. "Les professionnels des métiers verts sont (…) tous salariés", relève l'étude, alors que 12% des professionnels des métiers verdissants sont indépendants.

1. Télécharger l'étude du CGDD sur les emplois de l'économie verte
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-22091-emploi-economie-verte.pdf
2. Consultez les opportunités d'embauches sur les métiers de l'environnement.
https://www.emploi-environnement.com/
3. indicateur de la dynamique de l'emploi basé sur la quantification des mouvements de main d'œuvre

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