Utilisés pour protéger le bois des poteaux et des traverses de chemin de fer, la créosote et les sels de CCA sont respectivement classés cancérogènes de catégorie 2 et 1 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ).
Récupéré pour leur bois noble
Pendant des années, ces poteaux et traverses en bois ont été ''dispersés directement ou indirectement chez des grossistes ou des particuliers au motif que leur bois [chêne, hêtre, Ndlr] était noble, alors qu'ils contiennent 6 à 7 litres d'hydrocarbures dangereux pour la santé'', a rappelé Jacky Bonnemains, président de l'association environnementale Robin des Bois. Ils sont notamment utilisés comme éléments architecturaux (linteaux) ou de décoration dans les jardins, terrasses, piscines des particuliers.
C'est en effet cette ONG qui a pointé du doigt les chemins de traverse qu'empruntaient ces bois pollués. Elle a d'ailleurs été remerciée par Chantal Jouanno pour son ''rôle d'alerte''. L'association n'en est pas à son premier coup d'éclat, ayant déjà contribué à mettre sur pied en 2008 l'association Recyvalor, en charge de l'élimination des stocks de pneus usagés.
Avec 66.000 tonnes par an à éliminer, RFF aura le plus important gisement à sa charge. A raison de 6 euros par traverse, il lui coûtera 4,8 millions d'euros chaque année pour en éliminer 800.000. ErDF évalue ce coût à 1 million d'euros par an. France Télécom entre 1,5 et 2 millions d'euros pour éliminer 300.000 poteaux annuellement, soit 12.000 tonnes. Ces bois usagés serviront essentiellement à alimenter les fours de cimenterie.
Une filière qui peine à émerger
La mise en place de cette filière ne sera pas sans difficulté. ''Elle nécessite une centralisation, un broyage de ces déchets pour qu'ils puissent être brûlés dans des fours de cimenterie et la mise à niveau de ces derniers pour qu'ils traitent correctement les déchets gazeux et solides'' issus de cette combustion, a indiqué Marc Fossier, directeur exécutif RSE de France Télécom.
Pour autant, le problème du traitement des traverses en bois n'est pas réglé. ''Nos nouvelles traverses sont toujours traitées à la créosote, a indiqué un représentant de RFF. Leur traitement doit avoir une durée de vie de 30 à 40 ans afin de réduire le plus possible leur renouvellement. Mais la créosote de 2010 n'est pas celle de 1970. Elle est largement moins concentrée en produits cancérogènes''…
Enfin, l'émergence de cette filière n'a pas vocation à résorber le stock des particuliers. Trop diffus, le traitement de ce stock coûterait trop cher, selon Jacky Bonnemains. Ces déchets dangereux étant souvent vendus sans facture, il sera difficile pour leur propriétaire de se retourner contre le revendeur.