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Chlordécone : un problème environnemental qui dépasse les Antilles

Un nouveau rapport parlementaire préconise un renforcement de l'expertise scientifique sur les impacts sanitaires et environnementaux de la chlordécone, un polluant organique persistant, dont l'ampleur pourrait finalement être planétaire. Détails.

Risques  |    |  C. Seghier
Lors d'une réunion le 23 juin dernier présidée par M. Claude Birraux, député (UMP, Haute Savoie), la sénatrice Catherine Procaccia (UMP, Val-de-Marne) et le député Jean-Yves Le Déaut (PS, Meurthe-et-Moselle) ont présenté, au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) un rapport intitulé «Les pesticides aux Antilles: bilan et perspectives d'évolution».

L'Opecst a en effet été saisi, en octobre 2007, de deux demandes d'études de la commission des Affaires économiques du Sénat et de l'Assemblée nationale portant sur l'utilisation des pesticides dans certains départements ultramarins. L'office avait également pour mission de s'assurer de la bonne mise en œuvre du plan chlordécone 2008-2010 en Martinique et en Guadeloupe annoncé par le Premier ministre lors d'un déplacement aux Antilles en janvier 2008.

Rappelons que le chlordécone est un polluant organique persistant de type CMR (cancérigène, mutagène et/ou reprotoxique), interdit depuis 1991 en France mais utilisé jusqu'en septembre 1993, notamment dans les bananeraies aux Antilles pour lutter contre le charançon. Cette substance très stable a été détectée dans les sols et peut contaminer certaines denrées végétales ou animales, ainsi que les eaux de certains captages.

Un problème environnemental de dimension planétaire?

Dans ce rapport, Claude Birraux et Catherine Procaccia considèrent que la diffusion de la chlordécone pourrait constituer un problème sanitaire et environnemental mondial, d'autant plus que cette molécule très rémanente n'est plus recherchée et contrôlée par les Etats, car elle n'est plus produite depuis 1991. On pourrait donc, éventuellement, être confronté à un problème environnemental de dimension planétaire, qui exigerait une coopération internationale, écrivent les auteurs du rapport. Les deux rapporteurs notent que, quelque 1.600 tonnes ont été produites aux Etats-Unis entre 1958 et 1976. Environ 200 autres tonnes de chlordécone ont ensuite été produites au Brésil de 1981 à 1991. Et qu'environs 300 tonnes (120 tonnes de 1972 à 1976 importées des Etats-Unis et 180 tonnes fabriquées au Brésil de 1981 à 1991) ont été utilisées aux Antilles. Les recherches effectuées par les rapporteurs révèlent plus de 90 % de la chlordécone produite aux Etats-Unis ont été exportés notamment en Amérique Latine, en Afrique (au Cameroun et en Côte d'Ivoire) et, de façon plus massive en Allemagne et en Europe de l'Est.

Accélérer et pérenniser le dispositif en place

Outre cette problématique, les deux députés présentent leurs propositions pour accélérer et pérenniser le dispositif en place et pour renforcer l'association de l'agriculture tropicale antillaise au « Plan Eco-phyto 2018 ».

Pour optimiser et poursuivre au-delà de 2010 le plan Chlordécone, ils proposent 10 recommandations, comme la réalisation de la cartographie détaillée de la pollution et son extension aux eaux continentales et milieu marin. L'établissement d'un cahier des charges permettant de regrouper, de référencer et de numériser ces données doit être accéléré, note le rapport. Ils préconisent également l'activation des expérimentations de phytoremédiation des milieux contaminés par la chlordécone et le renforcement des recherches portant sur les milieux marins. Selon le rapport, la détection et la quantification de la chlordécone dans les différentes matrices solides (sol, végétaux, animaux) donne lieu à des divergences d'interprétation et se caractérise par des marges d'incertitudes élevées (de 20 % à 35 % suivant les matrices et la quantité de polluant dans les échantillons). Un effort de fiabilisation doit de ce fait être poursuivi, préviennent les rapporteurs.

Lien santé et chlordécone

Concernant le rapport entre la santé et la chlordécone, les députés rappellent que l'étude Timoun (petit môme en créole), qui vise à analyser les conséquences neurologiques d'une imprégnation à la chlordécone d'une cohorte de femmes enceintes et de nouveau-nés, donnera ses résultats progressivement. Actuellement la cohorte d'enfants observés a atteint 18 mois ; il est prévu de poursuivre l'étude jusqu'à l'âge de 4-5 ans, précisent-ils. Quant au lien entre cancer de la prostate et chlordécone, les résultats de l'étude Karuprostate devraient être connus en juillet. L'intérêt de cette recherche qui repose sur la comparaison entre une cohorte de 690 personnes atteintes du cancer de la prostate et une cohorte de 710 cas témoins (choisis de façon aléatoire) est de reposer sur un facteur objectif : les imprégnations du sang des intéressés à la chlordécone, expliquent les rapporteurs.

Adaptation de l'agriculture antillaise au plan « Eco-phyto 2018 »

Enfin le rapport évoque l'adaptation de l'agriculture tropicale antillaise au plan « Eco-phyto 2018 » qui vise à réduire de 50 % l'usage des pesticides en 10 ans, ceci sous réserve de la publication des résultats dont l'AFSSA a été chargée et qui seront publiés en 2010.
Selon le rapport, les caractéristiques du climat antillais rendent la lutte contre les ravageurs plus difficile et donc impliquent des adaptations à la réglementation européenne, ceci sans renoncer aux exigences de la protection sanitaire. En outre, des encouragements plus importants doivent être apportés au plan banane durable car l'économie bananière antillaise, quoique marginale, à l'échelon mondial (2 % des exportations), est très importante pour les îles où elle représente 15 000 emplois. Les parlementaires souhaitent notamment qu'un centre technique de la banane soit créé aux Antilles, à l'instar de celui de la canne à sucre qui existe à la Réunion.

Réactions6 réactions à cet article

où acheter des bananes saines?

Comment donc sont "traitées " les bananes cubaines , espagnoles ( Canaries ) , ou africaines ???

rêveur | 26 juin 2009 à 21h15 Signaler un contenu inapproprié
Chlordécone

J'habite en Guyane ; on parle toujours des Antilles mais quand est-il chez nous ? L'étude sur ce produit hautement nocif a-t-elle été effectuée en Guyane ?

Isa | 29 juin 2009 à 21h13 Signaler un contenu inapproprié
Re:où acheter des bananes saines?

Où acheter des bananes saines ? Ben... dans les coops bio !

En fait, on ne devrait pas marquer "bio" sur les produits qui le sont, mais plutôt "pesticides" "épuisement des sols" ou encore "appauvrissement de la biodiversité" sur tous les autres... avec un joli logo "tête de mort".

Ce serait plus correct, et peut-être bien que les pratiques agricoles évolueraient... peut-être

Enfin, reste à voir comment est contrôlé la mise en oeuvre des exigences AB. Je ne serai pas étonné non plus qu'il y ait des tenataives de "green business" là dessous A quand une étude sur le sujet ?

Jerem | 02 juillet 2009 à 08h25 Signaler un contenu inapproprié
Se révolter ou crever !

Chlordécone, dioxine, phtalates, colorants, etc...
tous ces produits sont la conséquence et la conjonction de deux politiques :
- celle du profit immédiat des multinationnales et de leurs complices (politiciens et organismes de certification
- celle du productivismes défendu par la droite mais encore plus par les gauches de tout poil !
Une seule solution prolonger le mouvement engagé dans les urnes lors des élections européeennes et opérer un virage à 180°.
Soyons vigilants sur ce que nous consommons, si ce n'est pas bio, boycottons tous les produits transformés et frelatés...
Votons écologiste, c'est le seul espoir politique, mais certains sont déja pourris et compromis...
Espérons que Cohn Bendit "foutra le bordel" dans cette foumilliere de voyous qui nous font crever en detruisant notre terre...
Mais n'est il pas trop tard ?

CEBC | 02 juillet 2009 à 10h37 Signaler un contenu inapproprié
empoisonnements

On peut parler de la responsabilité entière d'une politique de rendement au détriment de la santé, il s'agit actuellement d'un début d'épidémie de maladies malignes et neurodégénératives par la faute de l'homme en l'occurence d'une part l'agriculteur, mais d'autre part et surtout par ces responsables qui permettent l'utilisation de ces poisons. Pour la DDASS, frileuse, et qui obéit avec des oeillères, il n'y a jamais de danger pour la santé humaine et la protection de l'environnement.
Nous en sommes toujours au stade de l'apprenti sorcier...

lutine | 02 juillet 2009 à 17h59 Signaler un contenu inapproprié
Re:empoisonnements

la chlordécone a certes été interdite en France en 1991 et dérogée pour son utilisation jusqu'à 1993 mais elle était quant même déjà interdite depuis 1976 aux Etats Unis. pourquoi autant de temps?
qui est responsable de la malformation de l'oreille de mon fils? ou des futurs cancers de la moitié de la population (qui sait si j'exagère un 'peu'?)
je veux un procès, un vrai, je veux savoir qui(s) est responsable?

ne vous laissez pas prendre?
je ne suis pas expert, mais attention à cette annonce où il faudrait une adaptation des directives européennes ou de la loi française pour l'utilisation 'adaptée' des pesticides en pays tropicaux. reste à le prouver vraiment que ce n'est pas possible.
y aurait il des spécificités en terme de santé publique? n'importe quoi!

freddo25 | 06 juillet 2009 à 07h00 Signaler un contenu inapproprié

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