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Actu-Environnement

La communauté internationale échoue à renforcer la protection des éléphants et des lions d'Afrique

La 17e conférence des parties à la Cites renforce la protection de plusieurs espèces menacées comme le pangolin ou le perroquet gris. En revanche, les populations d'éléphants et de lions risquent de s'effondrer un peu plus.

Biodiversité  |    |  L. Radisson

La 17e conférence des parties à la convention (COP17) sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) s'est achevée mardi 5 octobre à Johannesbourg (Afrique du Sud). Le secrétaire général de la convention John E. Scalon n'a pas hésité à parler "d'un moment historique durant lequel le vent a tourné en faveur de la protection des nos espèces sauvages les plus vulnérables". Un optimisme partagé par le WWF qui salue "une réussite majeure pour la protection des espèces sauvages" ou encore l'ONG Traffic qui applaudit "une réunion très positive".

Qu'est-ce qui explique ce concert de louanges ? Les 152 délégations gouvernementales réunies lors de cette conférence internationale qui a lieu tous les trois ans sont effectivement parvenues à renforcer les règles régissant le commerce de nombreuses espèces menacées. Elles ont également adopté des mesures transversales portant sur la corruption, la cybercriminalité de la faune, la traçabilité, l'élevage en captivité ou encore la réduction de la consommation d'espèces menacées. Mais les mesures adoptées en faveur de certaines espèces comme les éléphants et les lions semblent cosmétiques et ne devraient pas permettre d'enrayer l'effondrement de leur population.

Perroquets et pangolins mieux protégés

Parmi les avancées les plus notables figure le classement du perroquet gris du Gabon dans l'annexe I de la convention, qui assure le plus haut niveau de protection. "C'est un grand jour pour cette espèce menacée simplement par sa popularité en tant qu'animal de compagnie", réagit Kelvin Alie, directeur du programme Protection et conservation des animaux au Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw).

De la même façon, les pangolins, ces mammifères couverts d'écailles parmi les plus braconnés au monde, ont été classés dans l'annexe I. "Cette décision donne un réel espoir d'éviter l'extinction" de l'espèce, se réjouit Mark Hofberg, chargé de campagne à Ifaw. Les macaques de Barbarie bénéficient du même classement. Cette décision "va aider l'Algérie et le Maroc dans leurs efforts pour protéger cette espèce unique en renforçant les législations nationales et en permettant des sanctions plus sévères en cas de braconnage ou de commerce illicite", explique Rikkert Reijnen, responsable de campagne au sein de cette même ONG.

Requins et bois de rose davantage régulés

Les parties à la convention ont également pris des dispositions concernant le commerce du requin soyeux, du requin-renard et de la raie Manta, qui se voient inscrits à l'annexe II de la convention. "Les nageoires de requin et les branchies de raie sont quelques uns des produits issus des poissons les plus rentables du monde, les prises non-réglementées sont courantes, et il y a peu de systèmes de suivi et d'information en place pour les contrôler (…). Cette décision va aider à remédier à cet état de fait", se félicite Elsayed Ahmed Mohamed, directeur Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Ifaw. "L'Union européenne a capitulé devant l'Indonésie", dénonce en revanche l'association Robin des bois suite au retrait de la proposition d'inscription du poisson-cardinal de Banggaï dans cette annexe.

Des mesures ont également été prises en faveur d'espèces végétales comme le bois de rose. "L'inscription de toutes les espèces du genre Dalbergia à l'annexe II (…) va faciliter le dépistage de la contrebande et freiner une exploitation débridée", se réjouit Robin des bois, qui salue également l'inscription du bois de vène et de trois espèces de bubingas. "Ce qui est bon pour les forêts tropicales ne l'est pas forcément pour les forêts tempérées", avertit toutefois l'association qui craint les effets de report. "Pour endiguer la demande forcenée de bois de la Chine, il serait prudent que l'Union européenne se prépare à proposer à la Cites l'inscription à l'annexe II de certaines espèces comme les chênes et les hêtres", suggère l'ONG.

Eléphants et lions oubliés

En revanche, la protection des éléphants et la réglementation du commerce d'ivoire sont sources de nombreuses tensions et n'ont pas connu de réelles avancées. Les Etats parties à la convention se sont contentés d'appeler à fermer les marchés intérieurs de l'ivoire et à accepter les plans d'action nationaux pour l'ivoire comme outil pour lutter contre le commerce illégal.

Mais ils ont refusé d'inscrire la totalité des éléphants d'Afrique dans l'annexe I qui leur aurait apporté la protection la plus forte. Un refus qui a été soutenu par l'Union européenne, au grand dam des associations de protection de la nature. "Malgré les suppliques de la France, l'UE n'a pas encore interdit dans tous les Etats qui la composent les ventes d'ivoire brut et permet ainsi à de l'ivoire scandaleusement légal de cacher de l'ivoire scandaleusement sale", s'indigne Robin des bois.

L'ONG salue en revanche la position "courageuse et contagieuse" du Botswana qui s'est désolidarisée des pays d'Afrique australe qui encouragent habituellement la légalisation des ventes d'ivoire. "Le braconnage est si intense qu'en l'espace de dix ans, nous pourrions perdre la moitié de la population restante d'éléphants. Dans les pays abritant de petites populations isolées, il y a de fortes chances pour que les éléphants disparaissent", a expliqué Tshekedi Khama, ministre de l'Environnement du Botswana. "A la prochaine conférence des parties à Colombo au Sri Lanka en 2019, l'annexe I sera perçue comme une évidence. Mais d'ici là, 100.000 éléphants auront été tués et des centaines, voire des milliers de familles de rangers et de braconniers seront déchirées", prophétise Robin des bois.

Même déception pour les lions. Les Etats ont échoué à s'entendre sur une interdiction totale du commerce international de cette espèce mais ont adopté une décision ambiguë sur le commerce de ses os, qui reconnaît l'existence d'un marché légal en Afrique du Sud pouvant encourager le braconnage.

"Les Parties de la Cites n'ont pas réussi à se rendre compte de la situation désespérée des lions d'Afrique et du fait qu'il est nécessaire d'agir rapidement si nous voulons éviter que reculent encore des populations de lions déjà affaiblies", déplore Jeffrey Flocken, directeur Amérique du Nord d'Ifaw. Selon les données scientifiques les plus fiables, rapporte l'ONG, 43% de la population de lions a été décimée au cours des trois dernières générations et il ne pourrait rester que 20.000 lions à l'état sauvage en Afrique.

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