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Le consommateur, acteur majeur de la lutte contre le changement climatique

Une étude britannique replace le consommateur au cœur de la lutte contre le changement climatique et offre un autre regard sur ce sujet au moment où les pouvoirs publics français souhaitent inciter les modes de consommation et de production durables.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Le consommateur, acteur majeur de la lutte contre le changement climatique
© Viona Westermann
   
''Nous sommes à un tournant de l'humanité et si nous devons changer les choses, c'est maintenant. 50 % de nos émissions de gaz à effet de serre proviennnent de nos modes de production et de consommation. Nous devons tourner le dos aux excès de la société de consommation et revenir à la simple satisfaction de nos besoins. C'est une question de choix de société''. L'analyse de Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, lors des Assises de la consommation le 26 octobre dernier, est de plus en plus partagée. Nos modes de vie ne sont pas soutenables : ils épuisent les ressources naturelles, polluent les milieux et impactent le climat. Une étude britannique, Consumers, business and climate change, publiée ce mois-ci par l'Institut de la consommation durable de l'Université de Manchester, replace d'ailleurs le consommateur au cœur de la lutte contre le changement climatique. Selon ses auteurs, la consommation est la principale responsable des émissions de GES (75 % au niveau mondial). La lutte contre le changement climatique est donc l'affaire des consommateurs. Si le citoyen lambda se sent parfois impuissant face à ces enjeux, l'étude lui redonne toute sa place et donne les clés pour agir. La prise de conscience est urgente. Selon Chantal Jouanno, ''si 20 % des Français se déclarent éco-consommateurs et 79 % se disent prêts à consommer de manière responsable, ils ne sont que 4 % à le faire vraiment !''

Les émissions de GES vues au travers de la consommation

Pour appuyer son analyse, l'étude britannique calcule les émissions de gaz à effet de serre de chaque pays selon sa consommation et non plus selon sa production. L'étude ne remet toutefois pas en question le système classique de calcul des émissions de GES qui se base sur la production. Mais selon ses auteurs, une vision basée sur la consommation raconte une autre histoire… ''Le rôle signifiant des consommateurs est souligné si l'on regarde les émissions non plus de la production mais de la consommation''. Une part importante de la production de certains pays, ''les usines du monde'', est en effet destinée à l'exportation quand d'autres ont délocalisé en partie leur production. Ainsi, le Japon voit ses émissions augmenter de 26 % si l'on prend en compte sa consommation et non plus seulement sa production. Les Etats-Unis voient leur impact sur le climat augmenter de 8 %. La Chine s'allège au contraire de 20 %…
L'étude en déduit qu'il faut redonner au consommateur un rôle central dans les solutions à mettre en œuvre : ''de nombreuses stratégies de lutte contre le changement climatique voient le consommateur seulement comme une partie du problème. Ils sont pourtant la clé du changement''.

Le rôle crucial du consommateur

Selon l'étude, l'intérêt de passer par le consommateur pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est multiple. Cela n'implique pas de coût supplémentaire, l'impact peut être immédiat et durable. Cela peut stimuler la compétition pour une économie plus vertueuse et pousser les gouvernements à mettre en œuvre des politiques engagées dans cette voie.
Les auteurs identifient cependant des obstacles au changement de comportement des consommateurs. Tout d'abord, il s'agit de changer de modèle culturel : la consommation de masse est profondément ancrée dans les mentalités, d'autres valeurs doivent être promues. Chantal Jouanno livre la même analyse : ''la consommation a longtemps été considérée comme un accomplissement personnel''. L'éducation, la sensibilisation sont donc essentielles. Mais pas seulement.
La disponibilité des produits vertueux, leur prix souvent plus élevé et le manque d'information constituent également des freins à une consommation plus responsable. Selon l'étude britannique, il revient aux pouvoirs publics de lever ces barrières via la réglementation, les incitations... ''Le consommateur a besoin d'être mieux informé. 72 % des Français se déclarent favorables à un étiquetage écologique, note Chantal Jouanno. Autre obstacle : ''le prix. Il faut développer l'offre pour abaisser les coûts. Aujourd'hui, seuls 297 produits sont labellisés et 2 % des surfaces agricoles sont biologiques. Il faut également développer les incitations. Nous nous battrons au niveau européen pour obtenir une TVA à 5,5 % pour les produits vertueux''. Cependant, pour la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, ''l'Etat peut créer les conditions favorables, le cadre global mais ne peut pas s'immiscer dans les choix de vie des consommateurs''. C'est donc à eux seuls de prendre la mesure de leur pouvoir et de changer de modèle.

Pour une autre vision de la production

La vision de la production doit également évoluer. ''Jusqu'à aujourd'hui, la plupart des efforts technologiques pour lutter contre le changement climatique étaient tournés vers la ''décarbonisation'' du poste énergétique. Mettre le consommateur au cœur de la solution pourrait ouvrir de nombreuses opportunités aux entreprises pour concevoir, produire et distribuer des produits vertueux.(…) Si les innovations sont dirigées vers le consommateur, l'effet de chacune d'entre elles peut être amplifié des millions ou des milliards de fois'', note l'étude britannique. Et de donner l'exemple d'un fabricant de lave-linge dont le produit est utilisé 125 milliards de fois par an : ''une simple innovation appliquée des milliards de fois peut avoir un impact énorme'', constatent les auteurs.
L'étude conseille de prendre en compte le cycle de vie des produits afin de mieux identifier les points noirs des produits, du berceau à la tombe, et donc les pistes d'action. Ainsi des analyses de cycle de vie réalisées par le distributeur britannique Tesco montrent que 67,5 % des émissions de GES d'une lessive sont produites lors de l'utilisation contre 21 % lors de la production, alors que le lait est plus impactant lors de sa production (73 %) que lors de sa consommation (3 %). Identifier ces ''hot spots'' permettrait de mieux agir au niveau de la production mais aussi de la consommation. Changements de process de production, de fabrication, réorganisation de la logistique (transport, distribution, stockage), recyclage, réemploi… seraient alors des pistes à envisager pour rendre le produit et son usage plus vertueux.

Réactions9 réactions à cet article

Discussion sur un point

"Nous nous battrons au niveau européen pour obtenir une TVA à 5,5 % pour les produits vertueux"

Juste sur ce point, une telle mesure serait certainement efficace mais sans doute pas durablement applicable. Lorsque les "produits vertueux" ne seront plus à la marge mais produits et consommés massivement, comment repasse-t-on à une TVA élevée ? (ou alors on n'y repasse pas ? difficile à imaginer)

Cela dit, il y a de l'idée.

Consommateur1451 | 29 octobre 2009 à 09h22 Signaler un contenu inapproprié
et l'état n'a rien à faire?

Quelle blague!! Le consommateur, acteur clé?
Et le politique, il attend que tout se passe???

1) Transport: on fait comment pour aller au travail quand le train est inexistant? Faut-il attendre la taxe carbone à 100€ (2030!!) pour que la transport collectif soit intéressant?? Et on fait comment pour tous se loger à Paris ou Lyon?? Et si on répartissait géographiquement un peu mieux le travail afin de réduire la pression immobilière, plutôt que s'entasser?
Hého, la DATAR, réveillez-vous, le monde bouge!!

2) Alimentation/Consommation: là, le citoyen a une marge de maneuvre importante.

3)Energie dans le Logement: Qui a envie d'investir en isolation extérieure dans une maison quand il pense qu'il peut perdre son travail dans le semestre???

Pour se consoler, il reste le bulletin de vote et la plume pour remuer les élus.

jp-42 | 29 octobre 2009 à 09h51 Signaler un contenu inapproprié
A quand une étude sur le comportement des Elus

Ce serait bien de voir comment eux en tant que consom'acteurs fonctionnent... Chantal Jouanno dénonce le faible chiffre (4%) de citoyens en accord avec la consommation 'durable'. Et elle, que fait-elle?

Et consommer durable n'est pas donné, accessible à tout le monde.. Toujours le même débat où ce sont les industriels qui tirent les ficelles....

Lud | 29 octobre 2009 à 11h13 Signaler un contenu inapproprié
Très intéressant cet article. Merci.

Très intéressant cet article. Merci.

Anonyme | 30 octobre 2009 à 11h09 Signaler un contenu inapproprié
Enorme révolution copernicienne !

Moi je le trouve énorme ce rapport (à lire dans le texte, plus intéressant que le résumé ici) !

Il ne dit pas que l'état ou les multinationales ne sont responsables de rien et ne peuvent rien faire, bien au contraire, il amène à changer d'angle de vue pour tous les acteurs.

Lisez le, vraiment.

Emissions vues de la production / émissions vues de la consommation :

Ca me fait penser à un possible effet pervers de la fiscalité "carbone" basée sur les émissions de la production : plus ça coûtera cher de polluer, plus tout le monde voudra se débarrasser chez le voisin des productions polluantes... tout en consommant le résultat de cette production. On voit bien comment certains acteurs "transnationaux" tireront leur épingle du jeu (en prenant la marge des 2 côtés) et comment le social et l'environnemental seront perdants. Alors que si on base cette même fiscalité sur la consommation, alors là, pas d'autre échappatoire que la sobriété.

Simple mais étonnant :
Le rapport pointe aussi le fait que les productions délocalisées dans les pays "en développement" sont plus polluantes (en plus du transport) que si nous avions continué à produire chez nous. En effet, ces pays ne disposent pas encore des mêmes technologies "moins polluantes" que nous.


Voir aussi l'intéressant scénario "saute-mouton" qui me semble montrer ce que disent les objecteurs de croissance à propos de la décroissance au Nord et de l'autre croissance au Sud.

boprat | 30 octobre 2009 à 23h58 Signaler un contenu inapproprié
Re:A quand une étude sur le comportement des Elus

Quand vous arrêterez de vous demander si Mme Jouanno ou votre voisin font ce qu'ils disent et que vous vous y mettrez, le monde changera ptet enfin un peu Monsieur!

Kent | 02 novembre 2009 à 10h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:A quand une étude sur le comportement des El

Bonjour,

Je suis bien décue de votre réponse. Ce n'est pas parce que je me pose la question concernant nos représentants et élus que je n'agis pas. Cela fait bien longtemps que je fais en sorte que ma consommation soit le moins nocive possible !
Je vous remercierai de ne pas juger les personnes.
Une étude sur le comportement écocitoyen de nos élus reste somme toute très intéressante...

Lud | 02 novembre 2009 à 10h20 Signaler un contenu inapproprié
Re:A quand une étude sur le comportement des Elus

Quand je vois le nombre de gens qui se plaignent de pas pouvoir faire d'efforts et qui passent leur soirée devant leur écran plat 16/9 parfois aussi grand que leur congélateur américain ... je pense surtout que c'est un changement d'état d'esprit et que pour le moment le modèle de sur-consommation est très actif (je précise que je donne des généralités et ne vous juge pas a travers de ces commentaires)
A mon avis il faut interdire la pub !

chocard | 02 novembre 2009 à 11h16 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:A quand une étude sur le comportement des El

Belle utopie.
supprimer la pub serait un bénéfice énorme pour notre environnement et l'orientation de la société.
Impossible n'est pas francais c'est bien ca ?

Lud | 02 novembre 2009 à 12h00 Signaler un contenu inapproprié

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