Ce programme, lancé en 2001 qui rassemblait des chercheurs français (CNRS / Université de Grenoble 1), allemands (Institut für Umweltphysik, Heidelberg, Max Planck Institute for meteorology, Hambourg), autrichiens (Université technique de Vienne), portugais (Université d'Aveiro), hongrois (Université de Veszprém) et norvégiens (Institut météorologique norvégien, Oslo), devait établir un état des lieux de la quantité et de la composition des aérosols carbonés à l'échelle de l'Europe mais également d'en déterminer les sources. ll s'agissait notamment de définir les parts respectives des combustibles fossiles (transport, industrie, chauffage au fioul et au gaz) et de la biomasse (chauffage au bois, feux de végétaux) à cette pollution, explique le CNRS dans un communiqué.
Pour relever sans ambiguïté les émissions dues à la combustion de biomasse, le programme, coordonné par Michel Legrand*, directeur de recherche CNRS au Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement (LGGE) de Grenoble, a utilisé des traceurs chimiques et notamment le levoglucosan, sucre produit lors de la combustion de la cellulose et l'isotope radioactif du carbone, le C14, qui se désintègre trop vite (sa demi-vie est de 5700 ans) pour se trouver dans les combustibles fossiles, mais qui est présent dans la biomasse.
Résultat : la combustion mal contrôlée de biomasse (combustion incomplète due à l'humidité des bûches des cheminées par exemple) est une importante source de pollution atmosphérique particulaire puisque les chercheurs ont établi qu'en hiver, 50 à 70% de la masse des aérosols carbonés provient de la combustion de biomasse. Et ceci est valable partout en Europe et aussi bien pour les masses d'air étudiées près du sol qu'en altitude. Les sites de mesure allaient en effet de la côte portugaise à la Hongrie, en passant par les observatoires du puy de Dôme (1400 m) et du Mont Blanc (4300 m), précise le CNRS.
Les mesures effectuées dans le cadre de Carbosol confirment des observations plus locales et notamment celle réalisées en 2004 en Suisse, qui a montré que la combustion de biomasse est responsable d'au moins 40% de la pollution en particules carbonées, rappelle le CNRS. Ces mesures corroborent également une étude conduite dans les métropoles françaises au cours de l'hiver 2007 par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS).
Pour lutter efficacement contre la pollution particulaire carbonée, cette nouvelle étude préconise de s'attaquer principalement à la combustion de biomasse par des évolutions technologiques et une réglementation sévère limitant ses modes d'utilisation. De quoi favoriser le remplacement de matériels existant peu performants par de nouvelles chaudières à bois modernes.
De telles mesures sont d'autant plus nécessaires, que de récentes études épidémiologiques ont souligné la similarité des effets sur la santé entre les fumées de combustion de biomasse et les produits pétroliers (Diesel), tant dans la nature que dans la fréquence des troubles engendrés (affection respiratoire, cancer du poumon...), signale le CNRS.
L'étude complète va paraître le 15 décembre dans The Journal of Geophysical Research.
*Legrand, M. and H. Puxbaum, Summary of the CARBOSOL project: Present and Retrospective State of Organic versus Inorganic Aerosol over Europe, J. Geophys. Res., 112 (D23), doi:1029/2006JD008271, 2007.