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Le potentiel de valorisation du CO2 en France passé au crible

À la demande de l'Etat, le cabinet de conseil Alcimed s'est penché sur les différentes méthodes de valorisation du CO2 et leur potentiel. Un bilan qui soulève la question de la consommation énergétique des principales voies étudiées.

Gouvernance  |    |  P. Collet
   
Le potentiel de valorisation du CO2 en France passé au crible
Microalgues diatomées marines vues au microscope
© Prof. Gordon T. Taylor, Stony Brook University / NOAA Corps Collection
   
Le rapport, rédigé par Alcimed, une société de conseil spécialisée dans les sciences de la vie et de la chimie, présente sur 190 pages un état des lieux des différentes voies de valorisation du CO2. Commandée et pilotée conjointement par Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et le Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer (MEEDDM), l'étude propose de faire du CO2 ''une opportunité économique au travers de nouvelles applications, tout en s'assurant de son impact positif sur l'environnement''. L'objectif affiché est de compléter la filière du captage et du stockage de CO2, avec des activités de transformation du dioxyde de carbone.

Actuellement, seuls 0,5% des émissions mondiales sont valorisées alors que '' certains experts estiment que la valorisation du CO2 pourrait à terme absorber annuellement jusqu'à 5 à 10% des émissions''. Le CO2 est notamment utilisé comme réactif chimique, fluides réfrigérants, solvants et gazéifiants des boissons.

La consommation énergétique des technologies étudiées est un frein

Par ailleurs, au-delà de la réduction des émissions de CO2, la valorisation du dioxyde de carbone permettrait de réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. En effet, le développement de la carbochimie ferait du CO2 une source de carbone qui pourrait se substituer à certains produits issus de la pétrochimie. De même il serait possible de recycler le dioxyde de carbone dans la production énergétique.

Au total, le rapport présente 12 voies de valorisation réparties en trois groupes selon le niveau et la méthode de transformation du CO2 utilisé : l'utilisation du CO2 sans transformation, la transformation chimique du CO2 et la transformation biologique. Pour chacune des options étudiées, Alcimed a identifié les verrous et proposé des leviers d'action afin d'y remédier. Il apparaît que, ''la plupart de ces voies sont faces à un verrou technologique majeur qui repose sur le besoin en énergie nécessaire à l'activation de la molécule de CO2''. Ainsi l'usage d'énergies non émettrices de gaz à effet de serre et à bas coût est ''un élément déterminant pour s'assurer de la rentabilité et de la garantie de la valeur environnementale de la valorisation du CO2''.

À ce frein, s'ajoutent diverses questions en suspens relatives à la pureté du CO2 utilisé et à la qualité et la conformité des produits obtenus. Enfin, il reste à déterminer plus précisément l'impact environnemental des 12 options présentées. Si des bilans environnementaux et des bilans carbone ont été réalisés, l'étude considère néanmoins que ceux-ci doivent être harmonisés et approfondis ''avant tout déploiement de ces technologies''.

Atouts territoriaux et de compétences françaises

En ce qui concerne les atouts, l'étude considère que la France pourrait tirer bénéfice de ces technologies grâce à ses ressources territoriales et ses compétences. Côté ressources territoriales la France offre un bon ensoleillement pour les technologies telles que la photoélectrocatalyse, la thermochimie ou les microalgues. L'accès à l'eau de mer et à l'eau douce est un autre atout pour la culture des algues et l'électrolyse. Enfin, les principaux sites industriels et énergétiques émettant de grandes quantités de CO2 sont concentrés localement sur des bassins industriels, ce qui permettrait d'y associer des activités de valorisation du CO2. Quant aux compétences, l'étude retient la présence en France de groupes d'industriels de dimension internationale et de laboratoires de recherche compétents dans le domaine.

S'agissant de la valorisation du CO2 sans transformation, le dioxyde de carbone peut être utilisé comme solvant ou réfrigérant par exemple. De plus, le rapport rappelle que le CO2 peut être injecté dans les puits de pétrole afin d'augmenter le volume de brut extrait d'un gisement grâce à la méthode de récupération assistée des hydrocarbures. En 2008, cette dernière utilisation représentait 26% des 153,5 millions de tonnes de CO2 consommées dans le monde.

Une autre façon d'utiliser le CO2 consiste à y ajouter un composant réactif afin de générer une réaction chimique pour obtenir un produit de base ou un produit énergétique. Il s'agit tout d'abord de la synthèse organique qui permet d'obtenir des polycarbonates à partir de CO2 et d'époxyde. La technique est déjà développée industriellement depuis presque 5 ans. L'autre voie explorée par le rapport est la minéralisation qui vise à transformer le dioxyde de carbone en carbonates insolubles. Cette voie très lointaine souffre de deux freins majeurs, la consommation très élevée et l'absence de débouchés. Quant à la transformation en produit énergétique, le rapport étudie l'hydrogénation, le reformage sec, l'électrolyse, la photoélectrocatalyse et la thermochimie.

Enfin, la troisième solution étudiée regroupe les méthodes de transformation biologique. Il s'agit notamment d'injecter le CO2 dans des bassins qui produisent des microalgues. Celles-ci sont ensuite transformées en carburant. Autre solution évoquée, la biocatalyse qui vise à reproduire des phénomènes naturels dégradant le CO2, tel que la photosynthèse. Si les travaux sur la production de microalgues sont déjà en cours, la biocatalyse en est au stade de la recherche.

Réactions6 réactions à cet article

CO2 et Cie...

Le méthane ayant un potentiel de réchauffement 23 fois supérieur au CO2, et une demi-vie de 10 ans (contre 100 ans pour le C02), nos têtes pensantes de la nation auraient peut-être intérêt à s'intéresser à ce gaz à effet de serre, dont 70% des émissions sont liées à l'activité agricole (l'élevage essentiellement). Agir sur le CO2 aura peu d'effet pour l'avenir de nos enfants, alors que réduire le CH4 (et adopter en conséquence une alimentation riche en végétaux et pauvre en produits animaux) sera profitable pour la génération actuelle et la suivante.
Le constat est posé... puisse notre bon sens collectif être à l'écoute...

beveg | 13 octobre 2010 à 10h30 Signaler un contenu inapproprié
CO2 et H2O

La vapeur d'eau participe aussi à l'effet de serre.
Quand on brûle un litre d'essence ou de gasoil, le litre est transformé en 70% de CO2 et 30% de vapeur d'eau qui va dans les nuages, provoque plus de pluies, puisque plus de volume en mouvement et plus de chaleur. Le niveau des océans monte et la surface augmente aussi, d'où plus d'évaporation avec la chaleur donc pluie, tempête, innondations etc...et cata.

tluanrad | 13 octobre 2010 à 15h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:CO2 et Cie...

comment arrivez vous à la conclusion qu'agir sur le CO2 aura peu d'effet pour l'avenir de nos enfants après avoir vous même rappelé sa demi-vie?

Le CO2 se cumule pour les générations à venir. Le Méthane beaucoup moins.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faut ignorer les autres GES.

dolgan | 15 octobre 2010 à 12h06 Signaler un contenu inapproprié
Re:CO2 et Cie...

Le methane etant produit par les dejections animales, il faudrait favoriser le developpement de la methanisation agricole a partir de fumier et de lisier afin de capturer le methane pour qu il ne s echappe pas dans l atmosphere. On pourrait ensuite l utiliser en cogeneration.

Seulement malgre un potentiel enorme en France, la concretisation des projets n avance pas... trop de barrieres...

lilarot6 | 15 octobre 2010 à 15h05 Signaler un contenu inapproprié

Que de bonnes idées à expérimenter dans les labos pilotes pour nos têtes
pensantes et pouvant être concrétisées par des brevets,dont les industriels sont friands! Pour l'instant ,on mets au point des procédures
de séquestration du CO2,si indispensable pour le cycle du carbone des végétaux et forêts. Malheureusement, on utilise de plus en plus la
déforestation à outrance pour produire des carburants de 2ième
génération,ce qui ne serait pas le mal absolu si on le fait sans
excès ,ce qui est prévu dans l'avenir avec tous les projets en cours.

arthur | 25 novembre 2010 à 11h53 Signaler un contenu inapproprié

A-t-on évalué les implications juridiques de la valorisation du CO2 (droit de propriété, permis, licences et autorisations, crédit carbone, droit des sociétés, etc)?
Merci

Roy | 10 octobre 2013 à 09h24 Signaler un contenu inapproprié

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