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Créer une communauté d'investissement pour le climat

Le think tank suédois Global Utmaning propose une initiative européenne visant à instaurer un cadre d’investissement fondé sur des mécanismes d’incitation carbone afin de rendre rentables les technologies peu émettrices.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï
   
Créer une communauté d'investissement pour le climat
   

En aucun cas il ne s’agit de substituer au cadre légitime de la Convention des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC ou UNFCCC en anglais) un nouveau système fondé sur les mécanismes de marché, insistent les promoteurs du projet de Global Utmaning (Global Challenge). Mais après l’"impasse" de Copenhague, l’ancien ministre des finances de la Suède, Allan Larsson, et son co-auteur Mans Lönnroth, ancien secrétaire d’Etat au ministère de l’environnement de la Suède, partagent la conviction que, faute de raison politique, c’est la rationalité des agents économiques qui s’imposera dans le cadre d’un marché volontaire du carbone. Celui-ci pourrait prendre la forme d’une "communauté d’investissement pour le climat", fédérée par des adhésions volontaires à partir du noyau européen. Il s’agirait d’un marché carbone réussi, en lieu et place de l’actuel système européen des quotas, marqué par les errements du prix de la tonne de CO2.

Fixer un prix plancher

C’est presque en désespoir de cause que le groupe de réflexion Global Utmaning se projette au-delà des négociations climatiques officielles, pour formuler une "stratégie post-Cancun" dont l’Europe serait le pivot. Pour motiver les investisseurs, il faut un marché carbone réformé qui permettrait d’accélérer le phénomène de "destruction créatrice" de passage d’un régime technologique à un autre, défini par l’économiste Schumpeter. Pour y parvenir, la combinaison de trois éléments fondamentaux est à considérer : la réforme du système européen d’émissions (ETS) qu’il faudrait adosser à un "prix plancher" du CO2 et à un prix plafond, comme le propose le think tank américain Brookings ; une réforme fiscale d’envergure basculant les taxes sur le travail vers une taxation du CO2 ; un engagement de la communauté internationale d’investissement pour le climat en faveur du renforcement des politiques d’efficacité énergétique.

"Aujourd’hui, le prix de la tonne de CO2 est de 15 €, à comparer aux 40 € la tonne qui est le prix requis pour que les technologies peu émettrices puissent concourir d’égal à égal avec les technologies fossiles", constate l’étude du think tank Global Utmaning. Outre le fait qu’un prix aussi bas est neutre du point de vue technologique, il est hautement volatil et son évolution est imprévisible à long terme. En l’état actuel des choses, les énergies fossiles sont indirectement subventionnées à hauteur de 25 € la tonne, et les investisseurs ne reçoivent pas de signal économique cohérent. "Copenhague a laissé le monde des affaires dans la confusion. Et il n’y a toujours pas de signal prix global en vue, déplore Mans Lönnroth. Or une révolution énergétique est nécessaire pour réduire le changement climatique, mais aussi pour limiter la dépendance au pétrole". Des paroles familières, qui se heurtent, depuis 20 ans, à la difficulté du passage à l’acte.

Destruction créatrice

Suffit-il de proposer un cadre aux investisseurs pour sauver la planète ? Ceux-ci sont, hélas, aussi volatils que le prix du CO2 et les rapporteurs de Global Utmaning s’accordent sur le fait que les fuites de carbone sont un problème qui n’a pas encore trouvé de solution. La Commission européenne a examiné cette question dans sa communication de mai 2010. La politique européenne actuelle consiste à accorder de généreuses allocations aux industries intensives en énergie de façon à réduire les fuites de carbone. "Il faudra être attentif à l’efficacité de ce compromis. Si les investissements de dépollution de ces secteurs demeurent trop bas, il faudra trouver d’autres mécanismes", suggère l’étude de Global Utmaning.

Plus cette "communauté d’investissement" pour le climat sera élargie, moins il y aura de fuites de carbone en théorie.  Celle-ci devrait rassembler dès le départ l’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud. Une communauté équivalente pourrait se créer entre les Etats-Unis et le Canada. Quant à la Chine, qui n’a plus de leçons à recevoir de l’Europe en matière de technologies vertes, elle pourrait aussi y trouver son compte. C’est ainsi qu’émergerait un marché carbone modulable, dont l’intégrité et les objectifs seraient régis par une Banque mondiale du climat instaurée par les participants. "Basée sur la mise aux enchères de l’ensemble des émissions, la rente climatique est partagée entre les pays de la communauté d’investissement et distribuée aux citoyens, selon le principe de responsabilités communes mais différenciées", propose l’étude. Pour le plus grand bonheur des investisseurs et de la planète, dans un monde où enfin régnerait la raison économique.

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