Dans le cadre du paquet Energie Climat adopté en 2008, les Etats membres de l'UE se sont engagés à développer les sources d'énergies renouvelables afin qu'elles couvrent d'ici 2020, 20% de leur consommation finale brute d'énergie contre 12,4% en 2010. Chaque pays a son propre objectif - 23% pour la France par exemple – et l'a décliné un travers un plan d'action. Le centre de recherche de la Commission européenne (1) (JRC) a analysé ces engagement et en a conclu que l'ensemble des plans d'action devraient permettre, s'ils sont appliqués, de dépasser l'objectif prévu en atteignant 20,7% d'EnR dans le mix énergétique.
Le mix énergétique en 2020
Selon les plans nationaux des Etats membres, en 2020, la part de sources renouvelable pourrait atteindre 34% pour la production d'électricité, 21,4 % pour le chauffage et le rafraîchissement et 11,7 % dans les transports. Ce mix énergétique renouvelable serait composé de biomasse et d'agrocarburants (presque 60%), d'hydroélectricité (12%), d'éolien terrestre (12%), d'éolien en mer (4,7%), de photovoltaïque (2,3 %) et de solaire thermique (2,4 %).
L'institution identifie par conséquent quatre domaines clefs dans lesquelles les Etats membres doivent intensifier leurs actions pour réaliser les objectifs "selon un bon rapport coût-efficacité".
La Commission estime en premier lieu que l'Europe doit achever son marché intérieur de l'énergie et prévoir des incitations à l'investissement "pour assurer une intégration sans heurt des énergies renouvelables" alors qu'elles sont à des niveaux de maturité différents. Suppression des subventions aux combustibles fossiles, renforcement du marché carbone, taxation cohérente de l'énergie et surtout développement des infrastructures de transport d'énergie font partie des axes proposés.
En matière de régime d'aide, la Commission donne la préférence "aux régimes qui encouragent les réductions de coût et évitent les surcompensations". Il s'agit, autrement dit, d'ajuster les aides pour éviter qu'elles ne soient supérieures aux besoins nécessaires pour atteindre la rentabilité des projets. La Commission appelle par ailleurs à des régimes d'aide plus cohérents entre les États membres afin d'éviter les "barrières inutiles".
S'alimenter chez ses voisins de l'UE ou hors UE
La Commission encourage un recours accru aux mécanismes de coopération prévus dans la directive sur les énergies renouvelables. Ces mécanismes permettent aux États membres de réaliser leurs objectifs en important des EnR provenant d'un autre État membre ou d'un pays tiers ; "Cette énergie lui revenant moins cher que la production solaire ou éolienne sur le territoire national", avance la Commission. "Un marché régional intégré au Maghreb faciliterait des investissements à grande échelle dans la région et permettrait à l'Europe d'importer de l'électricité d'origine renouvelable", ajoute-t-elle. Selon l'analyse du JRC, la moitié des États membres ont prévu d'excéder leurs propres objectifs et pourra donc fournir des surplus pour d'autres États membres.
L'après 2020 à définir dès maintenant
Afin de mettre en place un cadre réglementaire à long terme, la commission estime qu'il faut se pencher dès maintenant sur les prochains objectifs post-2020. Elle propose trois options.
Il s'agirait soit de fixer de nouveaux objectifs uniquement pour les gaz à effet de serre (GES) - le système d'échange de quotas d'émissions serait le principal instrument pour réduire les émissions de C02 - soit de fixer trois objectifs pour chaque états membres en matière d'énergies renouvelables, d'efficacité énergétique et de GES. La troisième option propose de fixer trois objectifs à l'échelon de l'UE.
"Je suis personnellement favorable à un objectif contraignant plus élevé en 2030 pour les énergies renouvelables", a déclaré le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger selon l'AFP. Il a toutefois précisé qu'il s'agissait d'une position personnelle et non d'une base de débat avec les Etats.
La communication de la Commission n'a d'ailleurs pas convaincu les parlementaires européens du groupe des Verts. "Une nouvelle fois, le Commissaire Oettinger manque cruellement d'ambition pour le secteur des énergies renouvelables, commente Claude Turmes. Plusieurs scénarios montrent pourtant que les énergies vertes pourraient représenter 45% du mix énergétique d'ici 2030", ajoute-t-il.
Même analyse du coté des professionnels : si le Conseil européen des énergies renouvelables (EREC) accueille favorablement la réflexion de l'UE, il regrette le manque d'ambition. "L'évaluation montre clairement que des objectifs obligatoires est l'option qui offre la meilleure sécurité possible à l'industrie, cependant, la communication ne ramène le sujet qu'à une question de politique", déclare Josche Muth, Secrétaire général de l'EREC, dont les membres appellent à un objectif obligatoire d'énergies renouvelables de 45 % pour 2030.