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La conférence de Cancún sur le climat, en attente de sursaut

Après une première semaine atone, les ministres de l’environnement et chefs de gouvernement ont ouvert hier la plénière de haut niveau. Les négociations entrent dans une phase critique, qui devrait déboucher sur le sauvetage du Protocole de Kyoto.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï
   
La conférence de Cancún sur le climat, en attente de sursaut
   

La semaine dernière, les pays industrialisés du groupe de l'Ombrelle (1) (parmi lesquels Japon, Etats-Unis, Russie, Canada, Australie) ont tenté de porter un coup au protocole de Kyoto. Ils cherchent à faire déboucher la négociation sur l'adoption d'un accord non contraignant, qui prendrait acte des objectifs de Copenhague, sans engagement de réduction d'émissions. Le texte qui a circulé samedi 4 décembre sur le protocole de Kyoto ne comporte pas d'objectifs chiffrés, et renforce l'effet pervers du mécanisme forestier LULUCF, en partie responsable de la surallocation de quotas ("air chaud") attribuée pour la première période d'engagement de Kyoto, qui s'élève, d'après le Réseau action climat international, à plus de 10 gigatonnes de CO2.

Dans cette partie de billard, c'est lorsque les Etats-Unis arguent du fait que la Chine refuse un contrôle international de ses émissions que celle-ci revisite sa position. Le ministre chinois des affaires étrangères Huang Huikang a annoncé le 6 décembre à Cancún que son pays était prêt à faire des concessions et à se rallier à un accord contraignant. L'Union européenne apparaît faible, sous la houlette d'une présidence belge minée par les affaires intérieures. Les pays du BASIC (Brésil, Afrique du sud, Inde, Chine) multiplient les annonces positives sur leurs mesures de "croissance à bas carbone", à l'instar du ministre de l'environnement indien, Jairam Ramesh, qui a présenté hier à la presse l'engagement de son pays à produire 20.000 MW d'énergie solaire d'ici à 2022 et à réduire les dégagements de suie ("black carbon"). Quant aux petits Etats insulaires, incarnations de la vulnérabilité climatique, ils s'inquiètent de la déconnection du politique d'avec les études scientifiques, qui préconisent un plafond de précaution de hausse des températures à +1,5°C plutôt qu'à 2°C.

C'est au cours d'un side event remarqué que le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a présenté son rapport sur le "gigatonne gap", Emission Gap Report. Sur la base de la recension des plus récentes études scientifiques, le rapport du PNUE montre qu'une stabilisation à 44 gigatonnes de CO2 équivalent d'ici à 2020 permettrait de limiter le réchauffement à +2°C. Les études montrent que seules des réductions drastiques d'émissions permettront de stabiliser la dérive des températures. Le gigatonne gap évoque ce différentiel compris entre 5 et 12 gigatonnes de CO2 équivalent, selon que l'on s'oriente vers un scénario sobre ou vers un scénario business-as-usual (56 gigatonne de CO2 eq en 2020). Cinq gigatonnes de CO2 équivalent environ aux émissions annuelles globales de tous les véhicules thermiques (2) roulant sur la planète en 2005.

Au pied du mur

Tandis que le compteur des gigatonnes tourne à pleine vitesse, le segment ministériel s'est ouvert hier à Cancún. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a ouvert la tribune officielle par un appel aussi solennel que coutumier : "La nature n'attend pas pendant que nous négocions". Pendant la plénière, les tractations se poursuivent aujourd'hui au sein des groupes de travail qu'ont rejoints les ministres nouvellement arrivés. Christiana Figueres, secrétaire générale de la Convention climat, et Patricia Espinosa, présidente de la conférence et ministre des relations extérieures au sein du gouvernement mexicain, s'efforcent de recréer le climat de confiance perdu à Copenhague en jouant le jeu de la transparence. Un pari réussi, selon Sébastien Blavier. Pour le porte-parole sur place du Réseau action climat, la présidence mexicaine a su prendre le contre-pied de la méthode danoise de l'an dernier : "Si les blocages perdurent, on ne pourra pas s'en prendre au processus. Le décor est planté. On cherche maintenant à sécuriser la deuxième période du protocole de Kyoto".

Dans les couloirs, l'Union européenne proclame son soutien au protocole, mais dans les enceintes officielles, elle peine à s'affirmer et ne sait plus à quel partenaire se vouer face aux Etats-Unis qui, selon Sébastien Blavier, "tentent de tirer la négociation vers le bas", aidés de leurs alliés japonais et canadiens. Les ONG françaises ont mis au défi Nathalie Kosciusco-Morizet, arrivée le 8 décembre à Cancún, de se prononcer en faveur d'une annonce immédiate de l'Union européenne en faveur d'une baisse de 30% de ses émissions d'ici à 2020, afin d'insuffler à nouveau du leadership européen dans cette négociation. Dans un communiqué du 7 décembre, Greenpeace taquine la ministre de l'Ecologie sur l'incohérence des positions françaises en matière climatique, sur la base d'une fuite de câble diplomatique rendue publique par Wiki Leaks et consultable sur le site du quotidien espagnol El Païs (3) . D'après ce câble, Jean-Louis Borloo, prédécesseur de Mme Kosciusco-Morizet, aurait confié en off, à l'issue du sommet de Copenhague, sa préférence pour l'abandon d'un instrument juridique contraignant (type Kyoto) et pour l'adoption d'un accord sur la base d'engagements volontaires, adopté en comité restreint. La nouvelle ministre de l'Ecologie saura-t-elle défendre une position plus claire à Cancún ?

L'enjeu de Cancún est soit de lancer la suite de Kyoto sans les Etats-Unis, soit de s'en tenir à un accord politique à grands volets (forêts, fonds, transferts de technologie) mais sans contrainte. Les signaux lancés par le Japon la semaine dernière sont de nature tactique, une manière de mettre les grands émetteurs au pied du mur. Ni le Japon ni la Chine ne veulent prendre le risque de saper l'icône multilatérale qu'est devenu le protocole de Kyoto.

1. Le groupe de l'Ombrelle regroupe le Canada, les États Unis, le Japon, la Russie, l'Australie, la Nouvelle Zélande, la Norvège, l'Islande et l'Ukraine2. Consulter le rapport du PNUE
http://www.unep.org/ publications/ebooks/emissionsgapreport/
3. Consulter le quotidien espagnol
http://bit.ly/hfbSDo

Réactions4 réactions à cet article

Pourvu que ça ne sursaute pas ! Quelle quantité de CO 2 aura été produite par ce sommet de Cancun et par le Pacte de Mexico qui l'a précédé ? Paul Chérel

Paul Chérel (je ne pratique pas le pseudo ) | 09 décembre 2010 à 10h36 Signaler un contenu inapproprié

une fois de plus félicitation Mme
je crois que les politiciens de ce monde ignore ou n'ont pas une volontés sur le débats du changement climatique .et pour cela justement ils mettent des acteurs non identifiés devant la scène pour alimenter la confusions et exploité la circonstance.lors de la dernier réunion à tianjin,nous avons constatés une polarisation autour de l'évènement que des débats de fonds.

theo | 09 décembre 2010 à 12h20 Signaler un contenu inapproprié

Merci de me dire clairement quelle a été la position définitive de la conférence de Cancun sur le Protocole de Kyoto après 2012. Quel sera exactement son sort après 2012? Les projets environnementaux de lutte contre le réchauffement climatique soutenus par ce protocole seront-ils encore valables après cette date? Merci d'avance de vos réponses.

Auxi | 11 décembre 2010 à 18h33 Signaler un contenu inapproprié

vu l'importance de la forêt de la RDCongo, quel est le statut particulier reservé a la RDC, BRESIL et INDONESIE?

rams | 13 décembre 2010 à 17h29 Signaler un contenu inapproprié

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