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AccueilCorinne LepageChangement climatique : parlons clair !

Changement climatique : parlons clair !

La conférence de Copenhague s'annonce sous de très mauvais augures. Si les propositions ne manquent pas, les questions de financement et de partage équitable du fardeau sont éludées. Certains en sont déjà à proposer de renvoyer à la conférence de Mexico, en 2010, le soin de finaliser un accord.

Publié le 30/09/2009
Il faut bien comprendre que derrière les débats de nature politique, ce sont bien évidemment les questions économiques et financières qui l'emportent. Même si l'Europe et, désormais, le Japon, font figure de leaders pour accepter des objectifs qui peuvent paraître très ambitieux -entre 20 et 30 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre en Europe et 25 % au Japon d'ici 2020 - en se donnant effectivement les moyens d'y parvenir, les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, et en particulier les Etats-Unis bloquent la négociation. Manifestement, le Président Obama empêtré dans la réforme de santé, n'est pas en capacité d'imposer aux Etats-Unis une réduction massive d'émission des gaz à effet de serre que leur situation exige pourtant. Premier pays ex aequo en émission de gaz à effet de serre avec la Chine, mais premier émetteur du monde avec 24 tonnes par habitant et par an, les Etats-Unis disposent de marge de manœuvre, ne serait-ce que par rapport à l'Europe (12 tonnes par habitant) colossales. Or, manifestement, les grands lobbys américains, à commencer bien évidemment par le lobby pétrolier, s'y opposent vigoureusement et continuent à alimenter en sous-main une campagne destinée à remettre en cause la réalité de la situation climatique comme ils l'ont fait depuis 20 ans. On se souviendra à cet égard de la manière dont la famille Rockefeller avait été mise dans l'impossibilité d'imposer voici quelques mois à Exxon, un changement de cap. A contrario, la position adoptée par la Chine et par le Brésil est beaucoup plus ouverte. La Chine a en effet très clairement indiqué sa volonté d'assurer le découplage entre la croissance énergétique et la croissance économique et le plan de relance Chinois ne consacre pas moins de 200 milliards de dollars aux investissements dans l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Or, le résultat de la spectaculaire Conférence mondiale de Citoyens sur le climat - forme de consensus réalisée à l'échelle planétaire dans une cinquantaine de pays industrialisés, BRIC1 et pays en développement - infirment à la fois les idées reçues sur le désintérêt du sud sur le sujet et le refus des populations des pays hors annexe 1 de s'engager et la faiblesse coupable des gouvernements y compris américain à s'engager vigoureusement. Les panels des pays du sud sont infiniment plus préoccupés de l'urgence climatique que ceux des pays du nord et sont très majoritaires à considérer que leurs pays doivent participer à l'effort commun. 90% des panels considèrent que l'effort à consentir doit être supérieur à 25% et un quart supérieur à 40%. 30% des pays du sud considèrent qu'ils doivent contribuer à la lutte et ils ne sont que 16% à penser que seuls les pays de l'annexe 1 doivent contribuer. Ces chiffres qui montrent l'inquiétude et la volonté de partager le fardeau devrait d'autant plus motiver les gouvernants que, comme Lord Nicholas Stern vient de le rappeler dans son dernier ouvrage, il n'est pas possible de continuer la poursuite du développement économique sans s'attaquer directement à la question du changement climatique. La priorité est effectivement de casser le lien entre les émissions de carbone et la croissance économique. L'objectif est de réduire les émissions de carbone à 35 gigas/tonne en 2030 et 20 en 2050, ce qui signifierait, si les choses étaient faites de manière équitable, de réduire la consommation américaine d'environ 90 % ! Dès lors, la question du climat est une question de moyens. 100 milliards d'euros pour permettre l'adaptation du sud et une somme non déterminée pour assurer la reconversion industrielle du nord. Si les nouvelles bases du modèle de développement ne sont pas très clairement posées et si la réforme du système financier en cours n'intègre pas les modalités de financement du changement, alors nous sommes très mal partis. Les propositions ne manquent pas : fonds monétaire mondial pour le climat, organisme de contrôle neutre et mondial, partage de technologies, agence mondiale des bonnes pratiques… Tout ceci sera un rêve si les États ne parlent pas argent, financement, partage équitable du fardeau en tenant compte de la dette climatique et des émissions actuelles. Cela implique à la fois d'aider les pays du sud - le cas de l'Afrique doit être particulièrement souligné - et de changer les bases du développement dans le nord. 13 provinces chinoises ont des niveaux par tête supérieurs aux émissions françaises et 6 d'entre elles supérieurs aux émissions britanniques ! Nous évaluons aujourd'hui à 2 % du PNB le coût de la lutte contre le changement climatique. Nous sous-évaluons dangereusement les conséquences économiques mais aussi sociales, humaines, géostratégiques de notre incapacité à changer tant qu'il est encore temps ! Les citoyens appellent au changement de politique. Il serait heureux que les gouvernements à commencer par le gouvernement américain les entendent. Corinne LEPAGE Avocate, ancien Ministre de l'Environnement, Présidente de Cap21. Les Chroniques de Corinne Lepage et Yves Cochet sont publiées tous les mois et en alternance, sur Actu-Environnement.

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16 Commentaires

Lionel Jouan

Le 01/10/2009 à 9h13

Bonjour,
Je suis un modeste "iconoclaste" de l'écologie, mais je suis forcément très intéressé par le changement climatique annoncé.
Ce que moi, humblement, je déplore, c'est que l'information ne soit pas bonne, et par là devienne peu crédible. Comment puis-je dire ça?
- D'abord, ce qui me choque c'est qu'il soit fait dans les médias une confusion entre gaz polluants et gaz à effet de serre.
- Ensuite il est quand même aberrant que l'on ne semble se préoccuper que du CO² alors que beaucoup d'autres gaz on un effet de serre notoirement plus puissant et que personne n'en parle.
- Également dans les discours qui font florès on n'entend pas un mot sur les conséquences de la modification du régime alimentaire des populations, quand on sait l'impact qu'a la production de viande.
- Un autre aspect me semble aussi en complet décalage: on abreuve la population de l'idée qu'il faut changer nos habitudes car l'ère du pétrole serait finie. Or c'est au contraire parce que l'ère du pétrole est loin d'être finie qu'il devient URGENT de changer sans attendre le moment technique où les sources d'énergies fossiles seront épuisées.

Il y aurait encore beaucoup de choses à écrire sur ce sujet, mais le danger d'un message inadapté est de limiter l'ampleur d'une réaction.

Enfin, n'oubliez pas que tous les politiques au pouvoir n'ont qu'un objectif c'est de s'y maintenir et que l'écologie pour eux n'est qu'un moyen de caresser l'opinion dans le sens du poil selon l'expression familière!!!
AMIcalement.

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Durocasse

Le 01/10/2009 à 9h48

Personne n'est prêt à faire de gros efforts. Depuis le premier choc pétrolier on dit qu'il faut préparer l'après pétrole, mais pratiquement rien n'a bougé. Ou plutôt il faudra attendre que tous soient malades. Les Chinois commencent à bouger parce qu'ils commencent à être malades de leur propre pollution.
Seul espoir qu'on puisse rapidement imaginer et ensuite communiquer sur un nouveau mode de vie qui fasse envie aux gens. Malheureusement là tout, ou presque, reste à faire, par les politiques et par beaucoup d'autres.
On ira ainsi de Copenhague, à Mexico... en espérant déboucher un jour. De toute façon il faudra bien arriver quelque part, espérons que ce ne sera pas dramatique.

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Mindoke

Le 01/10/2009 à 10h16

Madame Lepage
Quelle est votre position s'agissant des longues trainées blanches que laissent les avions dans le ciel ?
Sur un fourm du Nouvel Obs en avril, vous avez répondu "Joker ! " à cette question...
Quelle est votre exacte position, car les écologistes sont muets sur la question : consignes de silence ?
Merci

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Nicolas

Le 01/10/2009 à 10h46

comment un simple particulier peut il faire pour assister aux débats a Copenhague les problèmes climatique ne le concerne t il pas ? amities
Nicolas kondratovitch

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Veilchen

Le 01/10/2009 à 12h00

Je suis d'accord avec vous,Madame,mais faudra-t-il attendre une catastrophe écologique les touchant personnellement pour que ces pays riches fassent enfin vraiment face? .Ne sera-t-il alors pas trop tard?En tant que simple citoyenne du monde ,je n'arrive pas à comprendre les hommes politiques du plus petit au plus grand .Vont-ils avoir enfin le courage de prendre leurs responsabilités ? Cordialement.

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Kyrnos43

Le 01/10/2009 à 13h45

Je suis tout à fait d'accord avec toi,de plus j'habite une maison en bois,je me chauffe au bois,je cultive "bio"2 potagers,je récupére mes eaux pluviales au maximum,j'ai créé une association anti éolienne car celles ci ne servent à rien en France sauf à enrichir des promoteurs,des constructeurs,étrangers de surcroit,de pourrir l'ambiance des villages et des communautés de communes qui ne voient que l'appât du gain.Tu as aussi raison pour les "pouritiques"qui ne pensent qu'à leur réélection et leurs priviléges......
Dommage pour notre planéte où l'homme est apparu....FIN

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NAULLAY

Le 01/10/2009 à 14h33

La Manipulation des données et des personnes à propose du 'CO2 - Cause du réchauffement climatique' est allée jusqu'à madame Lepage. Posons nous quelques questions : 1/quelle est la part réelle du CO2 anthropique / émissions naturelles que sont le volcanisme, la respiration de la biomasse, les incendies parfois gigantesques ? 2/ Et si l'augmentation du CO2 était la conséquence et non pas la cause du réchauffement ? la Terre connut des épisodes dans le passé de glaciations et réchauffements très importants, avant l'industrie...et encore récemment à l'échelle des temps, un mini optimum climatique de 800 à 1300 et un mini âge glaciaire de 144 à 1850. Etudiez la corrélation entre l'activité solaire et les températures ! 3/ L'effet tampon des océans : ils stockent une quantité énorme de CO2 dissous; lorsque la T° s'élève, le CO2 dégaze et on croit que le CO2 est la cause. C'est le contraire !
OUI, Battons nous contre la Pollution, contre l'épuisement des ressources par les grandes compagnies multinationales prédatrices. N'imposons pas aux peuples manipulés un malthusianisme sur leur mode de vie au nom d'une thèse controversée qui profite, in fine, aux théories eugénistes.

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Nikau44

Le 01/10/2009 à 15h58

Madame,
Votre explication est très claire et permet un peu mieux de comprendre les forces en présence et d'appréhender les enjeux des prochains mois. Le constat d'échec qui semble se profiler malgré l'urgence devrait nous obliger à prévoir désormais une riposte groupée. Coaliser les pays prêts à avancer, et ensemble contraindre ceux qui, comme les Etats-unis sont à la fois responsables et coupables, puisque réticents à modifier leurs habitudes. Il en va de notre survie et l'inertie qui prédomine depuis des années n'est plus acceptable. Bien cordialement.

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Vincent

Le 01/10/2009 à 18h03

Oui exactement Naulay. Malheureusement tout ce que nous disons n'a aucun impact et les gens sont totalement anesthésiés par Hulot et compagnie, ces millionnaires qui parcourent la planète en tous sens et nous disent qu'il faut aller bosser à vélo. L'appel d'hedeilberg signé par 4000 scientifiques dont 72 prix nobels ne pèse pas lourd face à la folie verte....

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Vincent

Le 01/10/2009 à 18h24

Ne vous inquiétez pas. L'après pétrole ne se terminera pas par manque de pétrole mais parce ce que nous trouverons de meilleures énergies. L'âge ne pierre ne s'est pas terminé par manque de pierres....
N'écoutez pas tous ces oiseaux de malheurs, la planète ne s'est jamais aussi bien portée qu'aujourd'hui.

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Georges

Le 02/10/2009 à 10h27

Merci Naulay! Tiens quelqu'un qui s'est enfui de l'enclos et qui réfléchit avant de parler! Pas facile d'échapper au "green washing" et d'analyser les choses avec détachement. Le problème du rejet du CO2 sera de toutes façons réglé dans le courant de ce siècle lorsque les gisements de pétrole, gaz et charbons seront épuisés. Car ces gisements seront bel et bien épuisés jusqu'à la dernière goutte : il est complètement absurde de croire une minute que l'homme laissera cette richesse enfouie sous ses pieds! Effectivement, le lien entre concentration de CO2 dans l'atmosphère et température moyenne du climat n'a nullement été démontré quoiqu'en disent tous les alarmistes du GIEC. Et puis, nous ferions mieux d'utiliser tout cet argent pour s'adapter au réchauffement du climat de 2°C et à la hausse prédite du niveau de la mer de 30 cm en 100 ans (que de digues en construction, les Hollandais savent faire!) Sauvons plutôt l'humanité de la faim et de la maladie, cherchons les technologies de l'après pétrole. Quand on pense aux bouleversements climatiques qu'a déjà subis notre planète avec des hausses de températures de 16°C en peu de temps, une élévation du niveau de la mer de 100m et des glaciations le catastrophisme annoncé par la pensée unique et politiquement correcte cache un dessein bien plus sinistre : le profit du lobby des énergies renouvelables et notamment de l'éolien.

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Georges

Le 02/10/2009 à 10h44

Le problème c'est que pour trouver les technologies de l'après petrole il faut mettre beaucoup d'argent dans la recherche et que cet argent, justement, est en train d'être gaspillé en pure perte dans les programmes de réduction de CO2 qui de toutes les façons continuera à être émis tant qu'il y aura des énergies fossiles sous nos pieds. Même si nous cessions toute émission aujourd'hui, il faudrait 2 siècles pour que ce carbone soit absorbé par la nature. Préparons nous plutôt à faire face à ce changement climatique qui, je suis d'accord avec vous, sera loin d'être catastrophique même si l'on croit à ce que dit le GIEC!

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Jp-42

Le 05/10/2009 à 10h44

NAULLAY & co, vous prenez vraiment le GIEC pour des bleus.

Dire que l'homme est devenu la seule cause de changement du climat est faux! (volcanisme, activité solaire...)

Par contre, notre espèce est en train de devenir le facteur dominant de variation du climat à l'échelle du siècle!!

Nuance!

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Dolgan

Le 06/10/2009 à 9h58

euh, ces trainées sont simplement de la vapeur d'eau.

Alors bien sur, elles jouent un rôle dans le réchauffement global. Mais c'est peanuts à l'échelle des masses d'eau impliquées.

Les gens voient vraiment des complots partout. Si les gens n'en parlent pas, c'est parce que c'est marginal. On préfère parler du CO2 que rejettent ces avions.

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Dolgan

Le 06/10/2009 à 10h07

ben oui, les médias en général prémachent une info et la restituent plus ou moins bien digérée. Dès que ça dépasse le niveau d'une classe de CP, en général ils ont du mal à suivre. Faire un papier sur le changement climatique entre la dernière biture de loanna et les péripéties de Vilepin, c'est compliqué. C'est pas du tout le même métier.

Donc sur ce sujet comme sur tant d'autre, il faut aller chercher/vérifier l'info soi même.

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Rroutch

Le 19/10/2009 à 12h13

J'ai posé la question sur plusieurs forums et je n'ai obtenu aucune réponse à ce jour. Je pense donc m'y rendre par moi-même et voir sur place les possibilités. Au "pire", il y a toujours la possibilité de manifester et de visiter la ville...

Nicolas

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