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Actu-Environnement

L'ONU examine le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés

La prise en compte du rôle des ressources naturelles dans les conflits et les opérations de maintien de la paix est indispensable, note le Pnue dans un rapport qui analyse les bonnes pratiques et les voies de progrès à accomplir.

"Il y a quelques progrès dans la prise en compte systématique du rôle que jouent les ressources naturelles dans l'atteinte des objectifs d'une mission de maintien de la paix", note Achim Steiner, directeur exécutif du programme des Nations unies pour l'environnement. Le Pnue a publié le 1er mai un rapport qui analyse "les liens entre conflits et ressources naturelles (1) et cherche à identifier les bonnes pratiques et les lacunes". L'objectif était de comprendre comment les opérations de maintien de la paix et le Conseil de sécurité peuvent empêcher que les ressources naturelles contribuent à alimenter l'instabilité et les conflits, tout en capitalisant sur le rôle de ces ressources comme outil de consolidation de la paix. L'Onu réfléchit à la création d'une nouvelle force de maintien de la paix, les "casques verts", qui interviendraient dans les conflits liés au changement climatique et à la raréfaction des ressources.

Depuis 1948, le Pnue estime que 25 % des opérations de maintien de la paix (17 opérations) ont eu lieu dans des zones où les ressources naturelles ont joué un rôle important mais que ces opérations ont compté pour la moitié du budget total que l'ONU consacré à ce type d'opérations.

Le rôle des ressources naturelles dans les conflits…

Les ressources naturelles peuvent contribuer aux conflits armés de différentes manières. Tout d'abord, les conflits peuvent être alimentés par les revenus issus de l'exploitation des ressources naturelles, comme le pétrole, les diamants, les minéraux. Le Pnue estime que dix guerres civiles, au Cambodge, en Côte d'Ivoire, au Libéria, au Congo (RDC), ont été financés de cette manière. Entre 1991 et 1999 au Sierra Leone, le Front révolutionnaire uni (RUF) aurait vendu entre 25 et 125 millions de dollars de diamants par an pour financer son activité.

D'autres conflits, au Darfour, en Afghanistan et au Moyen-Orient notamment, sont quant à eux liés à des tensions sur le contrôle des ressources naturelles rares, comme les terres fertiles et l'eau.

Enfin, les conflits de Bougainville (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et du delta du Niger sont nés des dégâts environnementaux liés à l'extraction de ressources naturelles et de la marginalisation de la population qui n'a pas bénéficié des retombées économiques de ces activités.

… et dans le règlement des conflits

Pourtant, les ressources naturelles peuvent être également une solution au maintien de la paix. "Les ressources naturelles peuvent offrir des possibilités d'emploi d'urgence et la mise en place de moyens de subsistance durables pour les anciens combattants", note le Pnue. En moyenne, 50 % des anciens combattants se réinsèrent dans l'agriculture vivrière, et dans certaines régions, ce chiffre peut atteindre 80 %. L'accès à la terre des anciens combattants est donc un facteur déterminant pour leur réinsertion dans la communauté.

"Les ressources naturelles peuvent fournir une arène pour le dialogue et la confiance entre des communautés divisées, ainsi qu'une plate-forme pour la coopération entre les communautés et les niveaux émergents de gouvernements locaux et le gouvernement national. Toutefois, si les décisions dans l'allocation, la propriété et l'accès aux ressources naturelles sont mal gérées, elles créent de nouvelles sources de tensions et de conflits", observe le Pnue, qui conclue : "En fin de compte, la façon dont les opérations de maintien de la paix gèrent les risques et les opportunités liés aux ressources naturelles peut avoir un impact important sur l'efficacité globale de la mission et influencer la stabilité à long terme". Le rapport recommande donc des évaluations stratégiques des ressources de pays en conflit, l'élaboration d'un cadre juridique garantissant une gestion transparente, équitable et durable des ressources naturelles, et le renforcement des capacités institutionnelles pour appliquer ce cadre de manière efficace. Les programmes de maintien de la paix doivent également améliorer leur expertise sur les droits fonciers et l'accès à l'eau, la formation, l'accès au crédit…

Une prise en compte croissante de cette problématique

Alors que seulement 54 % des accords de paix conclus entre 1989 et 2004 contenaient des dispositions sur les ressources naturelles, tous les accords de paix conclus entre 2005 à 2010 incluaient de telles dispositions. Mais de nombreux facteurs entravent ces opérations, note le Pnue : manque de capacité technique et financière de la mission, interférences du gouvernement, actions illégales du secteur privé ou de groupes armés.

"L'existence ou la menace de sanctions peuvent avoir un impact positif, souligne le rapport. Cela peut contraindre les gouvernements et leurs partenaires internationaux à entreprendre des réformes dans le secteur des ressources naturelles". Au Libéria par exemple, outre l'embargo sur les armes, un embargo a également été mis en place pour les diamants et le bois. "Ces sanctions n'ont pas été levées avant que le gouvernement puisse démontrer qu'il avait adopté de nouvelles lois pour régir ces secteurs. (…) Cela a fourni une incitation majeure à poursuivre le processus de réforme du secteur forestier et à maintenir la pression politique en faveur de la restructuration de l'exploitation forestière au Libéria".
Le rapport estime donc que là où les ressources naturelles constituent un moteur du conflit, les missions de paix devraient recevoir un mandat systématique pour aider les autorités nationales dans le rétablissement de la gestion des ressources naturelles, pour exercer un suivi des sanctions et des poursuites des violations.

1. Consulter le rapport
http://postconflict.unep.ch/publications/UNEP_greening_blue_helmets.pdf

Réactions1 réaction à cet article

J'analyse cette problématique à l'Est de la RDC sous le thème : Contribution du secteur extractif à la stabilisation et la consolidation de la paix.

Quelle documentation pouvez-vous me recommander?

Prince Kihangi | 08 juillet 2014 à 13h41 Signaler un contenu inapproprié

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