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Les agriculteurs portent-ils atteinte à l'environnement ?

Le ministère de l'Agriculture a lancé une série de "controverses documentées" destinées à remettre en cause les idées reçues concernant l'agriculture. Son troisième volet s'intéresse cette fois à l'impact des agriculteurs sur l'environnement.

Agroécologie  |    |  P. Bouchez
Les agriculteurs portent-ils atteinte à l'environnement ?

Le troisième épisode des "controverses documentées à partir de quelques idées reçues sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt" a été publié le 17 avril par le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Ce volet s'intitule "les agriculteurs portent atteinte à l'environnement".

"Il n'est pas interdit, face à des "idées reçues", de proposer des observations et des points de vue documentés qui confirment, atténuent ou infirment ces idées reçues", se justifie le ministère.

Un impact quantitatif et qualitatif sur les ressources en eau

La consommation d'eau nécessaire aux activités agricoles est considérable et en constante augmentation. Au niveau mondial, le CNRS estime qu'elle "a été multipliée par six entre 1900 et 1975". Avec l'utilisation croissante des techniques d'irrigation et l'augmentation de la population, cette dynamique devrait perdurer.

La France est un pays tempéré abondamment arrosé disposant de grandes réserves en eau. Sur 476 milliards de m3 de précipitations observées en France métropolitaine, seulement 33,4 milliards de m³ sont prélevés pour les activités humaines, et le secteur de l'agriculture n'en consommerait "qu'environ un milliard de m3" pour l'irrigation, indique le CGAAER.

Pourtant, cette situation confortable ne concerne pas toutes les régions. Des conflits d'usage peuvent survenir, durant l'été, dans la partie méridionale du pays. Les prélèvements destinés à l'irrigation sont alors susceptibles de porter atteinte à la "continuité du débit des cours d'eau" et de nuire à leur bon état écologique.

"L'agriculture est une des causes importantes de la dégradation de la qualité des eaux en France", reconnaît le CGAAER. La diffusion de nitrates et de phosphates dans les sols, puis dans les nappes phréatiques et les cours d'eau, créé notamment un phénomène d'eutrophisation. Ce sont toutefois les pesticides dont la toxicité pour l'homme est la plus dangereuse. "Leur toxicité, hormis les cas de toxicité aiguë, est en général mal connue, en particulier les effets découlant d'une exposition longue ou d'un mélange de molécules ("effet cocktail")", indique le CGAAER.

Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a ainsi évalué que "les dépenses additionnelles des ménages générées par les pollutions diffuses représentent entre 7 et 12 % de la facture d'eau". Ces efforts d'épuration sont pourtant insuffisants pour traiter la présence de nitrates, phosphates ou de pesticides, de manière à ce que la qualité de l'eau corresponde aux exigences de potabilité sur l'ensemble du territoire et tout au long de l'année.

Selon les rédacteurs du rapport issu de la controverse, "l'excédent azoté baisse régulièrement, et les usages excessifs de phosphates ont fortement diminué". Cependant, ces affirmations paraissent audacieuses au regard du fait que l'eutrophisation ne semble pas reculer. Ainsi, la prolifération des algues vertes est en augmentation.

Des pollutions atmosphériques d'origine agricole ?

Les activités agricoles sont également sources de pollutions atmosphériques, indique le CGAAER. Les émissions d'ammoniac et la pulvérisation de pesticides représenteraient, selon le Centre interprofessionnel d'étude et de pollution atmosphérique (Citepa), 48% des émissions de particules totales. Cependant, "ce phénomène est encore mal documenté et peu réglementé", relève le Conseil.

Les nitrates d'ammonium utilisés dans l'agriculture créent, tout comme les oxydes d'azote émis par les transports et les composés organiques volatils, des polluants secondaires. Ces derniers ne sont pas émis directement mais se forment dans l'atmosphère suivant un processus photochimique. Ces "particules fines dans l'atmosphère sont à l'origine de problèmes de santé majeurs selon l'OMS", indique le CGAAER.

La pollution au méthane constitue un autre type de pollution atmosphérique dont les activités agricoles sont responsables. L'élevage des ruminants est responsable d'une part importante des émissions. D'un potentiel de réchauffement "21 fois plus actif" que le CO2 selon le Conseil, il représenterait de l'ordre de 3% des gaz à effet de serre de source anthropogénique.

La difficile mise en oeuvre de l'agroécologie

Le CGAAER s'est ainsi lancé dans un exercice d'équilibriste. Alors que les impacts néfastes pour l'environnement de l'agriculture intensive sont connus, le Conseil a du défendre les agriculteurs sans pointer du doigt une Politique agricole commune (PAC) qui bénéficie à énormément d'exploitations et que le ministère a négociées.

La mise en œuvre de l'agroécologie que Stéphane Le Foll appelle de ses vœux risque ainsi de se heurter à la contradiction existant entre les incitations économiques de la PAC qui demeurent productivistes en France et le droit de l'environnement.

Réactions11 réactions à cet article

Là encore on nous dit que les pesticides sont dangereux, ce qui est une évidence puisque ces produits sont étudiés pour avoir un impact sur l'environnment. Seulement tant qu'on reste dans le flou on ne peut rien dire d'autre que "Ce serait bien de ne pas en retrouver partout des traces".
Les particules fines sont très à la mode, elles sont dans l'Air du Temps présent ;-)
Plus sérieusement si le nitrate d'ammonium forme des particules fines elles seront solubles dans l'eau et n'auront donc aucun des effets des particules inertes ou toxiques. Il faut relativiser la pollution par ces particules fines provenant du nitrate d'ammonium.
L'élevage des ruminants générant des émissions de méthane faut-il en déduire que cet élevage doit cesser? Parce que sinon a quoi bon signaler cela?
Pour limiter la pollution par les excédents d'engrais on peut agir sur la présentation de l'engrais pour favoriser une libération LENTE de l'Azote.Ces produits existent et sont beaucoup plus cher, parce que plus complexes: ce sont des polymères spéciaux lentement hydrolysés. Pour les Phosphates c'est différent parce que naturellement une partie se fixe dans le sol est est libérée plus tard. On peut , parfois, agir sur la méthode de culture en passant en technique hors sol.
Les cultures sur des sols drainants nécessitent des quantités considérable d'engrais vu qu'une bonne partie traverse trop vite le sol et s’accumule dans la première nappe aquifère venue. (idem avec les phytosanitaire).

ami9327 | 06 mai 2014 à 00h15 Signaler un contenu inapproprié

Je suis entouré de 8 ha. de vigne (ugni blanc) pour le cognac: desherbant, pesticide etc et le comble : 2,6 T. d'engrais complet viennent d'être étalé , petites billes blanches en surface car la vigne est...superficielle!! Et pendant ce temps là, le propriétaire, depuis 6 générations, roule en Prius hybride à 28.000 euros pour se donner bonne conscience! La réponse est simple pour nous consommateurs: achetons bio ou rien!

jeanmaco | 06 mai 2014 à 08h50 Signaler un contenu inapproprié

concernant les particules de nitrate d'ammonium, elles se forme dans l'atmosphère et la voie respiratoire est la voie d'exposition posant pb (ce ne sont pas des poussières de nitrate d'ammonium qui sont émises directement) Compte tenu de leur faible taille, elles restent assez longtemps en suspension. Bien entendu, une fois qu'elles se déposent, elles peuvent se solubiliser dans l'eau. C'est avant leur déposition qu'elles posent pb.

copain9328 | 06 mai 2014 à 09h34 Signaler un contenu inapproprié

De combien a augmenté la consommation alimentaire entre 1900 et 1975?
Comment a évolué la sécurité alimentaire de la population?
Il n'est pas nouveau que la production agricole nécessite de l'eau... et quelques éléments (N, P, K) ainsi que quelques produits phyto. Si, si, même la vertueuse production "bio".
Il peut être utile de noter que la vitesse de pénétration de l'eau dans les sols (et donc des nitrates et phosphates en excès et des polluants) est de 10 à 50cm/an et que les pollutions passées ne sont pas encore toutes dans l'eau souterraine. Cela signifie que les améliorations (ex.: meilleur contrôle des apports par une meilleure gestion des besoins des plantes) ne sont malheureusement pas instantanées.
Sur les particules fines, ami9327 a raison et je me permets de douter des performances du CITEPA, dont le comportement erratique ne fait pas une référence en matière d'études (non content des cotisations qu'il perçoit, cet organisme est devenu une nouvelle para-administration abreuvée aux subventions étatiques et, de centre technique, est devenu chambre d'écho des âneries proférées par le CGDD).

Albatros | 06 mai 2014 à 09h47 Signaler un contenu inapproprié

Je suis issu d'une très longue lignée d'agriculteurs,laboureurs et autres noms qui étaient donnés aux travailleurs de la terre.Mon père a quitté son exploitation le jour où il a compris que sans tracteur mais seulement ses Boulonnaises il n'y arriverait plus.C'était encore l'époque où "les paysans courtisaient la terre"(titre d'un très beau livre).Maintenant,depuis au moins 50 ans,la terre est devenu une matière inerte où l'on doit lui faire ingurgiter une multitude de produits pour produire de plus en plus et à côté on en met en jachère !
L'agriculture moderne a tué l'amour de la terre,les rivières ne voient plus de truites sauvages,surtout après un rinçage de cuve de .....Sans vos subventions européennes ,vous n'existeriez plus.Je remercie mon père d'être parti au bon moment,celui où il allait travailler pour le Crédit Agricole avec ses emprunts.Ca ne m'empêche pas de vivre à la campagne,mais je suis dégouté dans la façon de se dire agriculteur.

Gdid | 06 mai 2014 à 09h56 Signaler un contenu inapproprié

encore une fois une population incapable de se remettre en question, tout est à revoir, en premier lieu la PAC qui encourage se système soutenu par un syndicat(mono) antidémocratique.
La seule solution pour faire changer les choses, les consommateurs, en plébiscitant les produits biologiques, et encourager la confédération paysanne seul syndicat valable.

lio | 06 mai 2014 à 11h00 Signaler un contenu inapproprié

Il n'ya plus d'agriculteur-cultivateur-éleveur (sauf exceptions) , ce ne sont que des conducteurs d'engin qui oeuvrent dans des entreprises de "terrassement"...quand ils descendent de leur "vaisseau", c'est pour contempler une mauvaise herbe clonée!!

jeanmaco | 06 mai 2014 à 12h55 Signaler un contenu inapproprié

Effroyable de voir que tout le monde met le problème sur les agriculteurs, alors que si peu connaissent ce métier… Un métiers dur, où l’on ne compte pas ses heures, où la vie est rude car se verser un salaire est un luxe que beaucoup d’agriculteurs ne peuvent pas se permettre (heureusement une bonne partie s’en sort et arrive à payer les crédits de 200 à 300 000 euros pour payer leur « vaisseau spatial »).
Il ne sert à rien de les blâmer mais de comprendre pourquoi ils ont dut en arriver là. Pour rentabiliser et pouvoir « vivre » de leur travail, il faut concilier, frais, quantité, qualité et surtout le prix auquel ils peuvent vendre, car ils ne décident plus des prix. La concurrence est locale, régionale, national, mondial ! Comment lutter alors qu’ils n’ont pas les mêmes contraintes. Oui il y a l’aide européenne, souvent mal réparties, n’en déplaise à certains, si nous n’aidons pas notre agriculture, nous devrons importer la totalité de notre consommation alimentaire de pays où les populations crèvent de faim…
Donc doit on blâmer les agriculteurs ? Non il ne faut pas généraliser les mauvaises pratiques à tous. Le bio une solution ? Non, rien n’est bio car cela fait plus de 60 ans que l’on étale des Polluants organique persistant (POP) que l’on retrouvera encore d’ici plusieurs centaines d’années. Donc réduire les phyto, mais ne diabolisons personne. Ne cherchons pas de responsable, nous sommes tous fautifs !

Plouk | 06 mai 2014 à 14h52 Signaler un contenu inapproprié

Il faut d'urgence remettre beaucoup de choses dans notre éthique:
- ne plus chercher le produit le moins cher sans se poser de question sur la manière dont il a été produit.
-accorder d'avantage de soins à notre nourriture, et ne pas être esclave de facilités, de "modernités idiotes", de cigarettes, boissons sucrées de toutes sortes, etc...
- Refuser la démographie galopante car les emplois augmentent moins vite que la natalité et le manque d'emploi coûte trop cher à la société (chômage, délinquance, et...). Il y a quelques années, le travail de la terre occupait 30% de la population et il n'y avait pas de chômage, peu de délinquance et l'homme était plus respectueux de la Nature car il savait qu'il en dépendait. La nourriture en boîtes fait de l'homme un robot à consommer.

claudine | 06 mai 2014 à 17h26 Signaler un contenu inapproprié

Plouk, il y a des agriculteurs qui ont conscience de la situation et font des efforts pour inverser le processus et il y a ceux qui nient toute responsabilité. Toute la filière à sa part de responsabilité y compris les instances dirigeantes, ici on parle de pollution agricole pas de celle des ménages, de l'industrie ou du transport.
Si vous voulez être considéré autrement prenez vos responsabilités, assumez votre part et donnez vous les moyens de changer. Il n'y a pas que le Bio comme alternative, l'agriculture de conservation et autre TCS contribuent à réduire la pollution en préservant rendement et marge et biodiversité.

JFK | 07 mai 2014 à 17h28 Signaler un contenu inapproprié

On a perverti l'idée de l'agriculture : de nourrir les gens et entretenir les paysages, c'est devenu enrichir les actionnaires de l'agro-alimentaire. Là est le vrai problème : l'industrialisation est ici une vraie catastrophe, humaine et écologique. Mais tant que les productivistes feront la pluie et le beau temps de la PAC, on n'en sortira pas...

dmg | 11 mai 2014 à 12h14 Signaler un contenu inapproprié

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