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Actu-Environnement

L'éolien, sujet de coopération entre la France et l'Allemagne

Bien que l'éolien français et allemand ne soient pas au même stade de développement, les deux pays coopèrent afin de profiter de l'expérience de chacun à l'heure où l'Allemagne révise sa loi de promotion des énergies renouvelables.

Energie  |    |  F. Roussel
Avec au total plus de 48.000 MW d'éoliennes installés sur son territoire fin 2006, l'Europe reste le premier marché de l'industrie éolienne (57%). Sachant que 43% de cette puissance est installée sur son territoire, l'Allemagne constitue la figure de proue de l'UE dans ce domaine. A une volonté politique s'ajoute des conditions favorables au développement de cette énergie. Considéré d'utilité publique, l'éolien contribue à hauteur de 5,7% à la production électrique allemande ce qui en fait la plus importante source d'électricité renouvelable du pays devant l'hydraulique. Les avantages économiques liés au développement de la filière sont désormais une évidence pour ce pays. Selon un rapport du service pour la science et la technologie de l'ambassade de France en Allemagne, le ministère fédéral de l'environnement (BMU) évalue à 9,3 milliards d'euros le bénéfice de la loi de promotion des énergies renouvelables (loi EEG) pour l'économie nationale en 2006. Cette même année, la filière employait 70.000 personnes soit plus de 40% des effectifs de l'ensemble de l'industrie des énergies renouvelables et les acteurs de l'industrie éolienne allemande devraient totaliser en 2007 un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards d'euros.

En France, la situation est différente. Malgré une opinion publique favorable au développement de l'éolien, le pays accuse un grand retard par rapport à l'Allemagne. Le rapport de l'ambassade rapelle ainsi que la France se situe ainsi au dixième rang européen concernant la capacité éolienne installée (1.600MW) bien qu'elle représente le deuxième plus gros potentiel éolien d'Europe. Ainsi, l'éolien ne couvre actuellement que 0,2% de la production électrique nationale. Dans le cadre de l'application nationale de la directive européenne de 2001 sur la contribution des énergies renouvelables à la production électrique, la France s'est engagée à installer environ 11GW d'éoliennes d'ici 2010. Elle s'est dotée pour cela d'outils financiers et techniques pour développer la filière : tarif d'achat et zones de développement de l'éolien (ZDE) par exemple. Si la réalisation de cet objectif s'avère aujourd'hui très improbable, le marché français n'en reste pas moins très dynamique. Selon les statistiques de la Direction générale de l'énergie et des matières premières (DGEMP), 900 demandes de permis de construire, représentant une puissance de 5.177 MW était en cours en février 2007.

Malgré ces différences de positionnement, les deux pays coopèrent afin de profiter des expériences de chacun. L'ambassade rappelle ainsi qu'un bureau franco-allemand de coordination pour l'éolien a été mis en place en novembre 2006 afin de lever les freins au développement de l'éolien en Europe. Ces réflexions sont notamment axées sur la protection des tarifs d'achat de l'électricité éolienne contre l'augmentation des prix des matières premières. Depuis quelques années, la filière doit en effet faire face à la hausse des prix de l'acier, du cuivre et du béton. Le prix des composants des éoliennes a ainsi fortement augmenté depuis 2004. Alors que les tarifs français d'achat de l'électricité d'origine éolienne bénéficient d'une protection contre l'inflation, l'éolien allemand ne peut pas répercuté la hausse des prix sur les tarifs d'achat. À l'occasion d'une conférence sur ce thème organisé par le bureau, il est apparu que les tarifs d'achat au départ plus faibles en France, mais couplés à une indexation des prix, permettaient l'exploitation économique de parcs éoliens dans les années à venir contrairement à l'Allemagne. Dans le cadre de la révision de leur loi sur les énergies renouvelables, les Allemands ont donc étudié la possibilité de mettre en place un système similaire mais finalement ce ne sera pas le cas. Les acteurs des deux pays continuent donc à réfléchir ensemble à d'autres instruments pour protéger le développement de l'éolien contre la hausse des prix des matières premières.
Outre la protection des tarifs contre l'inflation, les deux pays coopèrent également au sujet des problèmes liés aux radars météo et militaires. En France, une distance minimale doit être respectée entre le lieu d'implantation des éoliennes et les stations radars pour éviter que les éoliennes ne perturbent la réception des signaux radioélectriques. En Allemagne, aucune restriction n'existe encore, mais cela pourrait apparaître prochainement.

Ainsi malgré un contexte de développement différent, les deux pays mutualisent leurs expériences. L'Allemagne cherche à soutenir le développement de sa filière industrielle et la France cherche à faciliter l'implantation d'éoliennes sur son territoire.
À l'heure où les 27 Etats membres se mettent d'accord pour se partager « l'objectif énergies renouvelables » qu'ils se sont fixé en mars 2007 à savoir 20% d'EnR d'ici à 2020 dans la consommation totale d'énergie, cette coopération est précieuse. Si la France adopte un objectif propre identique à celui de l'Europe, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) estime qu'il faudra déployer un parc éolien d'une capacité de 25.000 MW d'ici 2020 contre 2.000 MW au mois de juin 2006.

Réactions3 réactions à cet article

objectif de l'éolien

L'objectif de l'éolien n'est malheureusement plus la lutte contre le dérèglement climatique mais uniquement la hausse du cours de bourse et le rendement financier. Vivement la renationalisation de la production d'énergie!

serge23 | 07 janvier 2008 à 18h30 Signaler un contenu inapproprié
Mise à jour possibilités en France selon RTE

Le RTE a mis à jour le bilan prévisionnel offre-demande, avec la parution 2007 (précédente en 2005).

Un retour d'expérience quantitatif et qualitatif sur l'éolien y est présenté: http://www.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/vie_publi_annu_prev_2007.jsp

Points que j'ai retenus (il y en a plein d'autres):
- Les prévisions de consommation électrique totale en France y sont en baisse par rapport à l'étude 2005.
- La puissance éolienne installée à terme y est présentée à 17000MW (contre 10000MW max dans la version 2005). Il y a des doutes sur la capacité à monter en puissance aussi vite que prévu, pour les mêmes raisons que celles évoquées dans l'article ActuEnvironnement (coûts éoliennes).
- le CO2 pour la production électrique globale France devrait baisser, si j'ai bien compris en raison de l'arrêt d'environ 4000MW en charbon, qui sont remplacés essentiellement par du gaz à court terme.
- les rachats de cogénération (1000MW) semblent voués à être arrëtés vers 2010-2012. Au vu des taux de charge de l'éolien, cela correspond à près de 5000MW en "nominal" éolien qui ne feront plus l'objet d'obligation de rachat. Ca ressemble au fait de reprendre d'une main ce qui a été donné par l'autre. Peut être cela explique le passage de 10000MW à 17000MW pour l'éolien entre la version 2005 du bilan prévisionnel et la version 2007? Suis preneur si quelqu'un a plus d'infos/idées.

Toto | 07 janvier 2008 à 21h11 Signaler un contenu inapproprié
Re:Mise à jour possibilités en France selon RTE

Bien que n'étant pas un spécialiste, je crois que la réponse à votre question est dans l'arrêté du 7 juillet 2006 relatif à la programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité. On peut y lire que la puissance éolienne installée en 2015 devrait être de 17000 MW dont 4000 en mer C'était à cette date la contribution de l'éolien pour atteindre l'objectif de 21% d'énergies renouvelables dans la production d'électricité.
Le plus simple pour trouver cet arrêté est de faire une recherche
"arrêté du 7 juillet 2006" !

André | 12 janvier 2008 à 00h06 Signaler un contenu inapproprié

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