Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Quelle est l'empreinte environnementale de la coupe du monde ?

Le 12 juin s'ouvre à Sao Paulo la coupe du monde de football qui se déroulera dans douze villes du Brésil. Avec plus de 3 millions de tickets d'entrée vendus, sur fond de dysfonctionnements de transports en commun, l'événement s'annonce mouvementé.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï

Dans un discours adressé au peuple brésilien le 10 juin, la présidente du Brésil Dilma Rousseff a cherché à apaiser les mécontentements et les manifestations de colère suscitées depuis un an par les dépenses somptuaires liées à la coupe du monde de football qui va se dérouler au Brésil à partir du 12 juin dans douze villes hôtes du pays. La présidente a souligné que les fonds utilisés pour construire des stades se sont montés à 8 milliards de reals (soit environ 2,7 milliards d'euros), bien moins que le chiffre astronomique de 1,7 trilliard de reals investis dans la santé et l'éducation... mais aussi dans des systèmes de transports "remodelés" : "aéroports, ports, routes, rocades, ponts, voies rapides et systèmes de transports publics de pointe".

Selon le Portail de la Transparence, site d'information gouvernemental, l'argent est principalement investi dans des travaux de rénovation et de construction de stades (8 milliards de reals), mobilité urbaine (7,9 milliards), agrandissement d'aéroports (6,7 milliards) et sécurité publique (1,8 milliard), en valeurs approximatives. Ce qui reste est destiné à des travaux portuaires et aux domaines des transports et des télécommunications, entre autres. Près de la moitié (4 milliards de reals) des ressources consacrées aux stades, qui représentent presque un tiers des dépenses, provient de financements fédéraux, selon les données officielles.

Violence urbaine et mécanismes de compensation

Un an après le début des manifestations de juin 2013 qui ont eu lieu au Brésil pour exiger des transports à un prix accessible et se sont élargies à de nombreuses autres revendications sociales, la Coupe du Monde exacerbe les tensions et demeure soumise à la critique. Le réaménagement urbain de la ville de Rio de Janeiro a par exemple déplacé au moins 3.000 personnes, concédant la priorité aux investissements entrepreneuriaux et aux affaires, selon l'IHU On-Line, citée par le site Autres Brésils. Selon Sônia Fleury (1) , qui évoque le chiffre de 30.000 personnes déplacées à Rio, "il s'agit d'un processus décisionnel autoritaire, fermé, non transparent et d'une grande violence symbolique".

A Sao Paolo, la municipalité ne s'illustre pas par son engagement environnemental. Des mobilisations d'ONG (2) se sont organisées contre la construction d'un tronçon autoroutier. Celles-ci défendent le massif forestier situé au nord de São Paulo, sa principale réserve d'eau potable, menacée par la construction de cet anneau autoroutier. La secrétaire générale de la Convention climat des Nations unies, Christina Figueres, a cependant décerné, le 6 juin dernier, un satisfecit au Brésil pour son rôle exemplaire en matière d'utilisation de crédits carbone de compensation de ses émissions. Le pays a émis quelque 115.000 tonnes de crédits carbone pour réduire ses émissions via le mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto. Le méga-événement va effectivement dégager 1,4 million de tonnes de carbone, selon le gouvernement fédéral du Brésil, liées à l'hébergement, les vols domestiques reliant les 12 villes-hôtes, les chantiers, mais aussi les émissions induites comprenant les vols internationaux, le tourisme, les navettes entre aéroports, stades et hôtels...

Vitrines écologiques

Le stade de Belo Horizonte a été doté d'une structure capable de fournir de l'électricité à 1.200 familles : 6.000 panneaux solaires ont été installés sur le toit du Mineirao. Le site officiel de la coupe du monde se félicite de cet aménagement, qui transforme le stade en "un terrain économique, environnemental et socialement soutenable. Le match entre la Colombie et la Grèce le 14 juin sera le premier jeu du monde à se dérouler dans un stade muni de panneaux solaires en fonctionnement utilisant de l'énergie renouvelable". Cet équipement, lancé en décembre 2012, construit par la compagnie d'électricité du Minas Gerais en partenariat avec la banque allemande kfW et l'entreprise gestionnaire du stade, Minas Arena, a été testé selon les règles de l'agence nationale de régulation de l'électricité. Le projet s'est inspiré des stades de Fribourg (Allemagne) et de Berne (Suisse). La capacité installée est de 1,6 MW.

Une station solaire photovoltaïque a été implantée au stade de Maracana à Rio qui produira 500 MWh par an. La soutenabilité se veut une priorité : 90% des déchets de chantier ont été recyclés ou réutilisés dans la construction du site. Le chantier a utilisé des matériaux recyclés et des composants fabriqués localement. Le nouveau toit est conçu pour récupérer l'eau de pluie réutilisée dans les sanitaires et arrosant le gazon. Ce stade "intelligent" utilise des ampoules efficientes et des systèmes d'air conditionné écologiques.

Au-delà de ces quelques vitrines de démonstration, l'événement ne rime guère avec la durabilité. Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) lance une campagne de sensibilisation au tourisme durable avec son opération de communication "Passeport vert", qui vise à sensibiliser le secteur du tourisme et les voyageurs à des comportements écologiques. Il s'agit "d'encourager un changement de comportements parmi les consommateurs et la promotion de choix de consommation durables". On cherchera en vain sur le site officiel de la coupe du monde l'écho de ces injonctions vertueuses.

1. Sônia Fleury est diplômée de psychologie à l'Université Fédérale de Minas Gerais et de sociologie à l'Université Fédérale de Rio de Janeiro – UFRJ, et détient un doctorat en sciences politique de la même université. Actuellement, elle coordonne le Programme d'Etudes de la Sphère Publique, de la Fondation Getúlio Vargas – FGV.2. En savoir plus
http://www.recanta.org.br/sos_cantareira_rodoanel.html

Réactions4 réactions à cet article

Quelque soit l'intensité de l'impact, alors que qui prend les sondages au sérieux n'étant pas sérieux, comment faire pour estimer très sérieusement le nombre de Français que la perspective de subir les infos sur cette nième coupe du monde rend malade et fait désespérer de l'intelligence humaine ?

Il va falloir se farcir combien de fois des débiles "Toute la France est derrière les bleus" ?

Du pain et des jeux : vieille recette anesthésiante de gouvernement

Jean-Marie | 12 juin 2014 à 07h20 Signaler un contenu inapproprié

D'accord avec Jean-Marie. Sport, fric, politique font un mélange stupéfiant chargé de nous distraire. Il est impératif de nous distraire. Nous distraire de ce monde malade où l'argent a raison de tout.

Vivarie | 12 juin 2014 à 11h05 Signaler un contenu inapproprié

Impacts encore plus catastrophiques que celui des JO... Tout ça pour une page de publicité nationale.
Comme des milliards de personnes attendent cet événement avec impatience, tout le monde se fout des personnes déracinées, balayées, spoliées et exploitées par la préparation de ces "cons-pétitions". Ça doit être ce que l'on appelle l'intérêt général... Pauvre société de dégénérés.

Je ne cautionne absolument pas les mouvements extrémistes/terroristes/.etc mais il ne faut pas s'étonner de la montée en puissance de ces mouvements qui regroupent tous ceux qui subissent et rejettent ce système et qui finiront inéluctablement par penser que le radicalisme est finalement le seul moyen de ne plus subir cette dictature mondiale.

allezlesboeufs | 12 juin 2014 à 14h57 Signaler un contenu inapproprié

Greenwashing du foute.
Quelle est l'empreinte environnementale des "sommets" climatiques?
Au moins au foute, il y a du spectacle et des résultats...
Personnellement, je m'en fous mais je crains qu'il ne soit très difficile d'éradiquer ce moment de loisir tellement incrusté dans la vie des gens...
Alors qu'on peut simplement décider de ne pas tenir la mascarade de la réunion du COP 21 à Paris en 2015.

Albatros | 16 juin 2014 à 12h03 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires