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Actu-Environnement

Electricité : 400 milliards d'euros d'investissements d'ici 20 ans

Quel que soit le mix énergétique choisi, les investissements seront considérables, estime une commission d'enquête sénatoriale sur le coût réel de l'électricité. Le choix du scénario futur dépendra donc des sensibilités politiques ou philosophiques.

Energie  |    |  S. Fabrégat

Eclairer le débat national sur l'énergie qui sera lancé à l'automne, sans toutefois l'ouvrir dès aujourd'hui : tel était l'objet de la commission d'enquête sénatoriale sur le coût réel de l'électricité (1) . L'exercice était délicat pour chiffrer, mesurer, peser le coût des différentes sources d'énergie sans pour autant trancher sur les incertitudes, qui elles, sont éclairées par la sensibilité philosophique ou politique des uns et des autres. Cette réflexion s'inscrivait dans le prolongement du rapport de la Cour des comptes, qui s'est penchée sur le coût de la filière électronucléaire.

Résultat des travaux : des constats partagés sur la fin d'une électricité bon marché au vu des investissements à venir et la nécessité de limiter les consommations notamment dans le résidentiel et le tertiaire. En revanche, les conclusions qui en découlent ne sont pas les mêmes selon les groupes politiques. Chacun a donc complété le rapport par sa propre contribution et trois scénarios de référence de mix électrique du futur ont été établis.

La fin d'un kilowatt heure bon marché

Aujourd'hui, le consommateur français bénéficie d'un tarif de l'électricité parmi les plus bas d'Europe. La raison ? Les "coûts immédiats modérés" du bouquet électrique, dans lequel le nucléaire est prédominant. Avec un coût du MWh évalué à 49,5 € en 2010, le nucléaire se situe en deçà du prix des autres sources de production de l'électricité.

Cependant, ce coût ne prend pas en compte plusieurs paramètres qui font l'objet de débats et d'estimations variées mais pour lesquels la commission d'enquête a néanmoins tenté de donner une évaluation : l'élévation du niveau de sûreté exigée après Fukushima (qui portera le prix du MWh à 54,2 € selon la Cour des comptes), les taux d'utilisation des centrales, les coûts de démantèlement (estimés par la commission d'enquête à 2,46 €/MWh), la gestion des déchets (+0,19 €/MWh), la recherche publique (+7,11 €/MWh), les coûts publics pour la sécurité, la sûreté, la transparence (+0,56 €/MWh), l'assurance (+9,83 €/MWh), le taux d'actualisation qui passe de 5 % à 4 % (+0,40 €/MWh)… Si l'on fait l'addition de tous ces coûts, exercice auquel la commission d'enquête ne s'est pas risquée au vu des divergences de ses membres, le coût du mégawatt heure nucléaire passe à… 75 € ! A cette somme, doivent être ajoutés le coût du stockage des matières radioactives et les externalités pour l'environnement, la santé humaine, qui ne sont pas chiffrables aujourd'hui.

Ainsi, en prenant en compte l'ensemble de ces paramètres, l'écart entre le coût du nucléaire et celui des énergies renouvelables est bien moins important. Le MWh de l'éolien terrestre coûte 82 € les premières années (tarifs d'achat) puis entre 28 € et 82 € selon les sites, celui de l'éolien offshore sera à 200 € en 2020 ; pour le photovoltaïque, il se situe entre 229 € (moyennes installations) et 370,6 € (petites installations). Des chiffres qui pourraient encore baisser : de nombreux experts prédisent une baisse des coûts dans les années à venir et la parité réseau pour les énergies renouvelables.

Des investissements considérables pour les 20 prochaines années

"Quel que soit le mix énergétique choisi, des investissements colossaux devront être réalisés dans les vingt prochaines années, autour de 400 milliards d'euros", estime Jean Desessard, rapporteur écologiste de la commission d'enquête.

Pour le nucléaire, comme nous l'avons vu précédemment, l'allongement de la durée de vie des centrales génèrera des coûts élevés de maintenance et d'amélioration de la sûreté. L'EPR de Flamanville devrait quant à lui fournir un MWh plus élevé que les réacteurs actuels : entre 70 et 90 €.

Des investissements sur le réseau seront également nécessaires pour assurer la sécurité électrique, la performance mais aussi intégrer les énergies renouvelables. RTE devrait investir 1,38 milliards d'euros en 2012 (contre 500 Mds € au début des années 2000) et 1,5 à 1,6 Mds € d'ici 2015. ERDF, qui a doublé ses investissements entre 2005 et 2012 (de1,5 à 3 Mds €) devrait débourser plus de 3,5 Mds €, pour la période 2013-2016.

Du fait de la hausse à venir des coûts de production, de transport et de distribution, la Commission de régulation de l'énergie estime que la facture annuelle d'électricité d'un ménage français type va passer de 874,5 € en 2011 à 1.125 € en 2016 et 1.307 € en 2020.

Pourtant, la facture d'électricité des Français est déjà salée ! Malgré un prix au kilowatt heure se situant dans la fourchette basse européenne, la France était en 2005 le pays dont la facture moyenne des ménages était la plus élevée (852 € par an contre 438 € en moyenne dans l'UE). Cela est dû au chauffage (23 %), à l'eau chaude sanitaire (16 %) mais surtout aux consommation spécifiques (2) (61 %). Un effort particulier doit donc être mené pour réduire ces consommations d'énergie, note le rapport.

1. Consulter le rapport sur le coût réel de l'électricité
http://www.senat.fr/rap/r11-667-2/r11-667-21.pdf
2. C'est-à-dire lorsqu'aucune autre source d'énergie ne peut se substituer à l'électricité (éclairage, électroménager…). Alors que pour le chauffage et la cuisson par exemple, le gaz ou d'autres sources d'énergie peuvent se substituer à l'électricité.

Réactions2 réactions à cet article

Notre vision très centralisée nous fait toujours rechercher "le" mix, ""la"" bonne et unique solution. Il vaudrait mieux avoir une approche moins colbertiste et parler '"des" solutions, et non pas d'une seule.

Petite bête | 20 juillet 2012 à 10h10 Signaler un contenu inapproprié

La solution energetique toute electrique est cher, trés cher.

La Dannois proposé une solution par 2050 de 100% renouvelable "mixte" et abordable sans Nucleaire:

- ENR electrique (par ex. eolienne) exceedent stocké en chaleur bas temperature pour la chauffage urbain *
- Cogeneration (elec/ chaleur variable) par biomasse, biogaz pour les jours bas ENR et pour les pics journalier de temps de temps
- Efficacité reduire par >30% la demande energetique

* la chauffage urbain efficace avec demande reduit par isolation, etc. des batiments, reseau bas temperature 55/25°C, radiateurs plus grande/ plancher ou murale chauffante, 2 ou 3 pipe in pipe tuyaux isolé, echnger sur l' eau de retour, bon pour les batiments bas energy BBBC à faible densité et les quartiers passivhaus (maison passive <15kWh/m2.an) .....

voir rapport (en anglais)
http://www.ens.dk/en-US/policy/danish-climate-and-energy-policy/Sider/danish-climate-and-energy-policy.aspx

John Daglish | 25 juillet 2012 à 11h35 Signaler un contenu inapproprié

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