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DNTE : Le groupe de travail "mix énergétique" propose quatre trajectoires pour 2050

Le groupe "mix énergétique" propose quatre trajectoires censées permettre d'atteindre les objectifs gouvernementaux. Cependant, certaines font l'impasse sur certains engagements et se limitent à l'énergie pour l'atteinte du Facteur 4.

Energie  |    |  P. Collet
DNTE : Le groupe de travail "mix énergétique" propose quatre trajectoires pour 2050
Environnement & Technique N°334
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°334
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Ce jeudi 23 mai, le groupe de travail "mix énergétique" a présenté ses conclusions au Conseil national du débat sur la transition énergétique (CNDTE) réuni en plénière. Il ressort de la présentation que deux points ont donné lieu à de fortes oppositions : la part du nucléaire dans la production électrique et la réduction de la consommation énergétique nécessaire à l'atteinte des objectifs fixés, tout particulièrement s'agissant du Facteur 4 (1) .

"En l'absence de consensus sur la vision à long terme, il est vite apparu au groupe de travail que son objectif ne pourrait pas être de produire une trajectoire unique de référence", explique la synthèse provisoire qui présente donc quatre "trajectoires DNTE". Les 12 réunions tenues entre le 14 février et le 16 mai ont permis d'analyser 11 scénarios énergétiques (2) .

Maryse Arditi, responsable du réseau Energie de France Nature Environnement (FNE) et représentante des ONG environnementales, a rappelé que l'objectif des travaux était de rechercher des trajectoires permettant de respecter l'engagement de François Hollande de réduire à 50% en 2025 la part du nucléaire dans l'électricité et de proposer des mix énergétiques respectant les engagements climatiques français aux horizons 2030 et 2050. Cependant, concernant la réduction de la part du nucléaire, Maryse Arditi a déploré que "pour une partie du groupe de travail il ne s'agit pas encore d'un engagement", car il n'est pas traduit dans la législation.

Le rapporteur du groupe, Robert Durdilly, président de l'Union française de l'électricité et représentant des entreprises, a pour sa part évoqué un travail "intense" et "parfois passionné".

Quel périmètre pour le Facteur 4 ?

Selon un document de travail que s'est procuré Actu-environnement, le Facteur 4 ne serait effectivement pas atteint par la plupart des scénarios soumis au débat. En cause ? Ils se focalisent sur le CO2 associé à l'énergie sans tenir compte des gaz à effet de serre (N2 et CH4, notamment) émis par d'autres secteurs (industrie, déchets, agriculture et ménages). Au total un tiers des émissions serait ainsi laissé de côté.
Selon cette analyse, les scénarios négaWatt et Ademe, voire Greenpeace sous certaines conditions particulièrement favorables, sortiraient du lot avec des émissions tous GES confondus divisées par des facteurs compris entre 5,4 et 3,7 à l'horizon 2050.
Compte tenu d'une réduction plus difficile des émissions hors énergie (en particulier dans le secteur agricole), il ressort de l'analyse que seuls les scénarios proposant une réduction forte de la consommation énergétique permettent d'atteindre le Facteur 4 tous GES et secteurs confondus.
20 ou 50% de baisse de consommation énergétique ?

Pour définir les quatre trajectoires, le groupe de travail a tout d'abord retenu deux hypothèses de réduction de la consommation énergique en 2050 : 20% ou 50%. Il s'agit là d'un "facteur déterminant", prévient Robert Durdilly. Pour expliquer ces divergences fortes, ce dernier et Maryse Arditi ont tour à tour présenté les arguments favorables ou non à une réduction de moitié de la consommation énergétique.

Pour le représentant de l'UFE, une telle baisse n'est pas souhaitable car elle n'est pas indispensable à l'atteinte du Facteur 4, elle n'est pas atteignable compte tenu de la croissance attendue de la population française, les économies d'énergie possibles sont limitées et les citoyens ne sont pas prêts à changer leurs comportements.

A l'opposé, la représentante de FNE défend une baisse forte de la consommation énergétique au motif qu'elle est la seule à permettre d'atteindre le Facteur 4 tous gaz à effet de serre (GES) et tous secteurs (voir encadré) confondus, elle permet de créer des emplois et de la croissance, de réduire les risques associés à la production d'énergie et de respecter l'objectif de la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique (Pope) adoptée en 2005.

Tout renouvelable ou tout nucléaire ?

Finalement, le rapporteur explique qu'à partir de ces deux niveaux de réduction de la consommation, deux "trajectoires extrêmes" se distinguent. Il s'agit, d'une part, de la trajectoire Sobriété et sortie du nucléaire (SOB) basée sur une baisse de 50% de la consommation et, d'autre part, de la trajectoire Electrification et décarbonation (DEC) qui mise sur une réduction de 20% de la consommation.

Pour rappel et comparaison, en 2010 le mix français exprimé en énergie primaire était composé de nucléaire (42,2%), de pétrole (30,6%), de gaz (15,2%), de biomasse (4,6%), de charbon (4,3%) et des renouvelables hors biomasse (3%).

Concernant la trajectoire SOB, elle vise pour 2050 un mix composé à 42,8% de renouvelables et à 46,6% de biomasse. Pétrole, gaz et charbon représenteraient respectivement 4,9%, 4,3% et 1,3%. Pour cela, elle mise, entre autres, sur la sobriété, tant individuelle que collective, le développement fort du recyclage, de l'écologie industrielle et la relocalisation des productions, ainsi que sur une rénovation thermique des bâtiments (750.000 logements rénovés par an avec un objectif de 50 kWh/m2).

A noter que si l'on considère que la réduction de la part du nucléaire à 50% de la production électrique en 2025 constitue bel et bien un engagement, ce que la ministre de l'Ecologie a confirmé ce jeudi aux membres du CNDTE, alors seule la trajectoire SOB permet de le respecter. Néanmoins, cette trajectoire est construite autour d'une sortie totale du nucléaire. Cet objectif à plus long terme n'est pas conforme à l'engagement de François Hollande, a rappelé la ministre.

Quant à la trajectoire DEC, elle propose un mix composé essentiellement de nucléaire (64,9%), complété par de la biomasse (12,9%), du gaz (9,3%), des renouvelables (7,5%), du pétrole (3,4%) et du charbon (1,9%). Pour arriver à ce résultat elle propose de substituer l'électricité aux énergies fossiles dans la plupart des usages de telle sorte que sa part double pour représenter la moitié de la consommation énergétique française. Côté production, elle s'appuie sur un doublement du parc nucléaire et une croissance limitée des énergies renouvelables variables.

Deux diversifications du mix

Au delà de ces extrêmes, la trajectoire Efficacité énergétique et diversification des vecteurs (EFF) mise sur une réduction de 50% de la consommation et la trajectoire Demande stable et diversité des vecteurs (DIV) table sur une baisse de 20%. Deux trajectoires plus "modérées", estime le rapporteur.

EFF propose de s'appuyer avant tout sur la biomasse (30,6%), les renouvelables (24,8%) et le nucléaire (24,3%), complétés par le gaz (11,1%), le pétrole (5,5%) et le charbon (3,7%). Pour cela, la trajectoire s'appuie sur une rénovation thermique de 500.000 logements par an avec une réduction de moitié de leur consommation énergétique, une augmentation du recours aux vecteurs électrique (qui atteint 40% de la consommation énergétique finale), chaleur et gaz (qui se substituent aux énergies fossiles, sachant que le gaz n'est pas nécessairement fossile puisqu'il peut être produit par méthanisation). Enfin, la production électrique s'appuie sur les renouvelables, permettant une baisse de la part du nucléaire.

Quant à DIV, il aboutit à un mix basé avant tout sur le nucléaire (39,1%), les renouvelables (30,4%) et le pétrole (10,6%). Gaz (8,9%), biomasse (8,8%) et charbon (2,2%) viennent le compléter. Pour cela il s'appuie sur des prix élevés de l'énergie (notamment par le biais d'une contribution énergie-climat), sur de l'efficacité énergétique mais sans changements comportementaux, la généralisation des véhicules consommant 2 litres aux 100 km dès 2030, le développement de réseaux locaux ou encore un renouvellement partiel du parc nucléaire.

1. Il s'agit de l'engagement européen (repris dans la législation française) visant à réduire par quatre l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050.2. Il s'agit, par ordre alphabétique, des exercices soumis par l'Ademe, l'Ancre, le Cired – Encilocarb, Enerdata – Citepa – DGEC, Global Chance, GrDF, Greenpeace, négaWatt, RTE, Sauvons le climat – Négatep et l'UFE.

Réactions3 réactions à cet article

Merci pour la garnde clarte de cet article. On voit bien la difficulte d'appliquer une ideologie antinucleaire sans autre sacrifices...

kassetete | 24 mai 2013 à 11h31 Signaler un contenu inapproprié

"Cet objectif à plus long terme n'est pas conforme à l'engagement de François Hollande, a rappelé la ministre."

A quoi François Hollande s'est-il engagé à plus long terme ? S'est-il engagé à ne pas réduire la part du nucléaire en deçà de 50%.
D'autre part, comment François Hollande pourrait-il s'engager sur un terme dépassant la durée de son mandat présidentiel ?

Stéphane | 27 mai 2013 à 14h17 Signaler un contenu inapproprié

Quand on se rappelle que le facteur 4 a été calculé à nombre d'habitants constants, soit 6.5 milliard en 2050, comme nous serons probablement 9 milliards en restant en "paix" (en tout cas en occident)
Quand un "héberge" de très grands énergéticiens qui ne s'intéressent qu'à leur croissance et à court terme
Quand la population ne sait que compter ses sous et ne sais pas ce qu'est l'énergie, et encore moins ce que représente un kWh
Quand on à lu et compris ce qu'est l'équation de Kaya on comprends bien qu'on va tous se mettre sur la figure et dans pas si longtemps que ça ...

chocard | 27 mai 2013 à 14h59 Signaler un contenu inapproprié

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