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Déchets : l'absence de coopération pénalise les entreprises françaises à l'export

Les entreprises du secteur des déchets devraient coopérer au sein d'une structure dédiée pour mieux exporter le savoir-faire français. Mais cela s'annonce difficile, tant les acteurs du secteur s'opposent.

Déchets  |    |  P. Collet
Environnement & Technique N°377
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°377
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Les compétences des entreprises françaises du secteur des déchets sont reconnues au niveau international. Mais les relations conflictuelles entretenues par les grands groupes et les PME les pénalisent à l'export. Pour remédier à cette situation, le ministère suggère aux acteurs de s'allier au sein d'une structure chargée de vanter les mérites de l'offre française. Celle-ci pourrait s'inspirer du Partenariat français pour l'eau.

Telle est la principale recommandation d'un rapport (1) sur la promotion du savoir-faire français dans le domaine de la gestion des déchets publié en novembre 2017 par le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) du ministère de la Transition énergétique. Le sujet est sensible. Pour preuve, le rapport est resté près de deux ans dans les tiroirs du ministère avant d'être rendu public.

L'hégémonie des grands groupes

Les exportations françaises liées au secteur des déchets s'élèvent à environ 4,15 milliards d'euros, mais il s'agit essentiellement d'exportations de déchets triés. La vente d'équipements et d'ingénierie ne représente que 100 millions d'euros. Cette situation n'est pas satisfaisante, car "la valeur ajoutée produite à partir des déchets est réalisée majoritairement hors de France". Idéalement, les pouvoirs publics souhaiteraient traiter plus de déchets en France et exporter le savoir-faire des spécialistes français. Mais, si les entreprises françaises sont reconnues au niveau international, notamment dans le secteur du traitement des déchets spéciaux, elles ne sont pas forcément armées pour accéder au marché mondial, constate le ministère de la Transition énergétique.

Le principal problème rencontré est lié aux mauvaises relations entre le petit nombre de grands groupes et le tissu de PME-PMI plus vulnérables. "La situation dans les déchets serait plus dégradée que dans d'autres secteurs comme celui de l'énergie", note le rapport. La position des grands groupes dans la gouvernance des pôles de compétitivité "est perçue et dénoncée comme hégémonique" et leur présence systématique dans les groupes de travail institutionnels ou syndicaux "est l'objet de récriminations plus ou moins explicites des PME et ETI".

Autre problème : certaines PME-PMI sont en difficulté. La montée des participations et prises de contrôle étrangères (2) , la désindustrialisation française qui affecte les spécialistes des déchets industriels, ou encore les difficultés rencontrées par certains industriels utilisateurs de matières recyclées (papetiers et métallurgistes) font peser un risque sur les acteurs les moins robustes du secteur des déchets. Mais c'est surtout la désorganisation des entreprises françaises à l'international qui les pénalise. "On constate (…) un manque de synergies et de volonté de coopérer entre les entreprises françaises, au détriment du développement des PME-PMI à l'exportation", critique le rapport. Outre la faible mobilisation des syndicats professionnels, la place tenue par les grands groupes français "perturbe les relations inter-entreprises et ne facilite pas les démarches coordonnées à l'exportation".

Partenariat français des déchets

Pour autant, l'Etat n'est pas resté inactif. Les pouvoirs publics ont notamment mis en place des dispositifs de soutien aux exportations. Mais ceux-ci "sont diversement appréciés et, au total, jugés peu utiles par les entreprises du secteur des déchets, bien qu'un certain nombre d'entre elles en ait bénéficié". Les actions de mise en relation et d'accompagnement font en revanche l'objet d'une appréciation globalement positive. Le ministère suggère donc d'améliorer l'intégration des objectifs environnementaux, d'aide au développement et de promotion de l'industrie française. En clair, les intérêts commerciaux de la France devraient mieux être pris en compte par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et l'Agence française de développement (AFD), demandent les hauts fonctionnaires du ministère.

Le rapport recommande surtout "la création d'une structure légère de coopération réunissant les entreprises de la filière, avec le soutien des acteurs publics". Il ne revient pas à l'Etat de se substituer aux entreprises, explique le rapport, mais il peut inciter les entreprises à le faire. Trois structures similaires sont présentées : le Partenariat français pour l'eau, Fer de France pour les transports ferroviaires et Vivapolis pour la ville durable. Ce "partenariat français pour une gestion responsable des déchets" devrait avoir, au moins dans un premier temps, une structure légère et informelle. Il permettrait de faire émerger une image de marque attractive de l'offre française, de faciliter les réponses groupées d'entreprises françaises, ou encore de présenter la vision française des politiques d'économie circulaire.

Reste que "la difficulté pour créer et faire fonctionner une telle structure ne doit pas être sous-estimée". La principale d'entre elles est ce qui constitue le cœur du rapport : "Le secteur des déchets se caractérise par un jeu d'acteurs particulièrement compliqué", d'autant que le secteur est particulièrement concurrentiel. "Si la plupart des interlocuteurs de la mission se déclare favorable à la création d'un « partenariat français des déchets », aucun n'a fait part de sa volonté de s'y investir fortement dans l'immédiat", déplore le rapport… Pour contourner la difficulté, il propose notamment de "structurer ce rassemblement autour d'une personnalité reconnue qui en assure la présidence de fait".

1. Télécharger le rapport sur la promotion du savoir-faire français dans le domaine de la gestion des déchets
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-30402-savoir-faire-dechets-fr.pdf
2. Le rapport évoque le contrôle de trois fabricants de bennes par des capitaux allemands ou espagnols.

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