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Actu-Environnement

Le CNRS et le Muséum démontrent une corrélation entre disparition des oiseaux et agriculture intensive

Deux nouvelles études scientifiques révèlent une diminution d'un tiers des populations d'oiseaux vivant en milieu agricole depuis les années 1990. Cette diminution apparaît directement corrélée aux pratiques agricoles intensives.

Biodiversité  |    |  L. Radisson

Les chiffres révélés en ce premier jour du printemps par le Muséum d'histoire naturelle et le CNRS ont de quoi faire frémir. "Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse. En moyenne, leurs populations se sont réduites d'un tiers en quinze ans", révèlent les organismes de recherche à travers deux études.

La première a été menée à l'échelle nationale grâce à un programme de sciences participatives porté par le Muséum. Elle met en évidence les pertes les plus importantes parmi les espèces spécialistes des milieux agricoles comme l'alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan. Loin d'être enrayé, le déclin s'est même accéléré ces deux dernières années.

La deuxième étude a été menée à une échelle locale par le CNRS dans une zone atelier située dans les Deux-Sèvres. "En 23 ans, toutes les espèces d'oiseaux de plaine ont vu leurs populations fondre : l'alouette perd plus d'un individu sur trois (-35%) ; avec huit individus disparus sur dix, les perdrix sont presque décimées", révèle le CNRS.

Effondrement des populations d'insectes

Ces deux études mettent clairement en évidence la corrélation entre ces baisses de population d'oiseaux et les pratiques agricoles intensives, même si elles ne démontrent pas scientifiquement le lien de causalité. En effet, alors que des espèces généralistes adaptables comme le pigeon ramier, le merle noir, la mésange charbonnière ou le pinson des arbres ne déclinent pas à l'échelle nationale, leur population diminue aussi lorsqu'elles fréquentent les milieux agricoles, explique Benoît Fontaine, co-responsable du programme de sciences participatives au Muséum.

Les deux organismes de recherche mettent en avant plusieurs facteurs liés à l'intensification des pratiques agricoles, plus particulièrement depuis 2008-2008 : fin des jachères imposées par la politique agricole commune, flambée des cours du blé, sur-amendement au nitrate, généralisation des insecticides néonicotinoïdes.

Si les causes semblent multifactorielles, le rôle des pesticides semble prépondérant. Une étude scientifique, révélée en février dernier par l'Office de la chasse et de la faune sauvage, a démontré l'intoxication directe des oiseaux via la consommation de graines traitées par les néonicotinoïdes. Mais la menace est aussi indirecte avec l'effondrement des populations d'insectes comme l'a montré en octobre dernier l'étude allemande révélant que plus de 75% des insectes avaient disparu outre-Rhin depuis 1989.

Printemps silencieux dans les plaines céréalières

"Les scientifiques savent que la biodiversité s'effondre, mais nous avons été frappés par l'accélération du phénomène", explique Benoît Fontaine. Or, les oiseaux sont en bout de chaîne et traduisent ce qui se passe dans les différentes composantes de la biodiversité, ajoute le chercheur. "On atteint un niveau proche de la catastrophe écologique", alertent les deux organismes de recherche qui annoncent dès cette année un "printemps silencieux" dans de nombreuses régions de plaines céréalières, en référence à l'ouvrage de la biologiste américaine Rachel Carson paru en 1962.

"Si cette situation n'est pas encore irréversible, il devient urgent de travailler avec tous les acteurs du monde agricole pour accélérer les changements de pratiques ; et d'abord avec les agriculteurs qui possèdent aujourd'hui les clés pour infléchir la tendance", alertent les organismes de recherche à l'attention des politiques. Et ce, d'autant plus, que les agriculteurs seront les premières victimes de la disparition des pollinisateurs et de la micro-faune présente dans les sols. Or, pour l'instant, les changements de pratiques agricoles restent anecdotiques, estime M. Fontaine.

Réactions6 réactions à cet article

Et après on fait un procès aux éoliennes pour quelques individus... rapportés à la population générale c'est quoi ? 0.1 % ?
Quand l'agriculture intensive en détruit 75 % !
L'agriculture chimique intensive est un vrai problème pour tous, qu'on le veuille ou non.

krakatoe | 21 mars 2018 à 09h00 Signaler un contenu inapproprié

Evidemment que les agissements mortifères et mortigènes des agricultueurs n'ont pas d'effets que sur les humains, ni que sur les oiseaux d'ailleurs.

Alors que l'aide à ceux d'entre eux qui voudraient passer au bio est irrationnellement et irresponsablement insuffisante

Hélas, mis à part ses riches, "la France" est pauvre et tous ses budgets publics sont largement insuffisants

L'ennuyeux c'est que les politiciens qui ont constamment "La France" à la bouche font aussi parti des riches ou au moins des très bien payés , avec un train de vie très décent et enviable à la différence de beaucoup des Français qu'ils pressurent.'

Sagecol | 21 mars 2018 à 09h46 Signaler un contenu inapproprié

Avez vous les liens sur ces études ?
Pour la Perdrix grise : la mortalité des poules en printemps été est de 50% due à 80% à la prédation ( renard et rapace ) 5% à l agriculture . 50% des couvées éclosent , 50 % des échecs d éclosions sont dus à la prédation (corvidés) et 20% à l ' agriculture . Les pratiques agricoles sont elles les seules causes de régression des populations ? (cf : http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/oiseaux/galliformes/plaine/perdrix_grise_dossier_PeGASE_FS298.pdf )
Comment ces chercheurs trouvent un lien entre le prix du blé et l ' évolution des populations d ' oiseaux ?
Dans les départements en zone vulnérable , la fertilisation azotée est fortement encadrée par les programmes d ' actions et il n ' y a plus de sur fertilisation .
le déclin s'est même accéléré ces deux dernières années , il ne faut pas oublier que le printemps 2016 a battu des records de pluviométrie entrainant un taux de reproduction catastrophique pour beaucoup d ' oiseaux .

balxha | 21 mars 2018 à 13h41 Signaler un contenu inapproprié

@balxha
Les études en elles-mêmes n'ont pas encore été publiées. Le Muséum indique qu'elles le seront sur les sites de Vigie Nature (http://vigienature.mnhn.fr/) et de l'Observatoire natoonal de la biodiversité (http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/fr).

Laurent Radisson Laurent Radisson
21 mars 2018 à 15h08
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BAIHA oublie toutes les poules, et les canards, et les pigeons et les pintades et les dindes et les ... de plus ou moins bonne qualité qui finissent dans les assiettes de tous ceux qui n'ont pas compris que c'est pas triste et nocif d'être végétarien et surtout que ces êtres sont doués de sentience. :-))))))))

Sagecol | 21 mars 2018 à 15h47 Signaler un contenu inapproprié

C'est toute une façon de concevoir et pratiquer la vie "moderne" que ces résultats nous invitent à refonder. Cela ne sera possible que lorsque les les grands centres de décisions (FMI, Bruxelles, ministères de l'agriculture des Etats membres, préfectures, DDT, etc.) accepteront de sortir d'une logique purement comptable et financière de l'agriculture et de l'aménagement du territoire.
Cela fait plus de 30 ans que les effectifs d'Outarde canepetière, espèce parapluie par excellence, dévissent en plaines agricoles françaises. Pourtant, divers programmes (LIFE, mesures agri-environnementales, zones Natura 2000, sites de conservatoires, etc.) ont été mis en place, mais n'ont pas pu grand chose face à la tendance économique prédatrice lourde des modèles agricole (disparition de la polyculture-élevage extensive, agrandissement du parcellaire, traitement phyto., hyper mécanisation, fauche de prairies en pleine période de nidification, etc.) et d'aménagement du territoire (infrastructures morcelant les paysages, lignes électriques partout, lotissements, etc.) actuels.
Quant à la prédation, bien sûr qu'elle existe, mais elle a toujours existé et tant que le milieu était favorable, les effectifs des populations proies s'en sortaient quand même ! Les faits sont têtus : le principal et plus "efficace" prédateur est bel et bien l'homme et ses pratiques. Après avoir été involontairement facilitateur d'une belle biodiversité sauvage, il est désormais comptable de son effondrement

Pégase | 22 mars 2018 à 10h00 Signaler un contenu inapproprié

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