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AccueilDominique BidouAprès le départ de Nicolas Hulot, un peu de marketing ne ferait pas de mal

Après le départ de Nicolas Hulot, un peu de marketing ne ferait pas de mal

Avec le départ de Nicolas Hulot, les appels et les marches pour "sauver la planète" se multiplient. Pour Dominique Bidou, consultant et président d'honneur du CIDB, il faut surtout donner envie d'un changement de société avec une bonne dose de marketing.

Publié le 07/09/2018
Environnement & Technique N°384
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°384
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Dans son propos à la radio où il annonçait son départ, Nicolas Hulot avouait n'avoir pas su trouver au gouvernement et aussi dans la société française, les soutiens dont il avait besoin pour mettre en place une politique ambitieuse. "Tout le monde s'en fiche", avait-il dit à l'Assemblée nationale, en parlant de la loi sur la biodiversité qu'il présentait. C'est sans doute sur cette réflexion qu'il faut s'arrêter pour envisager l'avenir de ce ministère, et non sur des analyses contradictoires des volontés présidentielles.

Donner envie du développement durable

L'impuissance dont Nicolas Hulot se plaint ne tient pas, en effet, à la position de l'écologie dans le panthéon gouvernemental, mais à son positionnement stratégique. "L'appel des 200 personnalités pour sauver la planète", tout sympathique soit-il, montre que le message a du mal à passer. Il se situe dans la suite de la ligne suivie par Nicolas Hulot, alors même que ce dernier avoue son échec. Il s'agit encore de mettre au cœur du discours la sauvegarde de la planète, la lutte contre un cataclysme, et d'appeler si nécessaire à des mesures impopulaires. C'est donc d'en haut que le salut doit venir, de l'Etat, contre les citoyens s'il le faut. Bravo, voilà une politique de l'échec parfaitement définie, et ce malgré le constat que Nicolas Hulot avait tiré de son passage à la tête du ministère.

La vraie question est de donner envie de ce changement de société appelé de ses vœux par Nicolas Hulot. Les politiques et les gouvernements sont parfois sensibles aux fameux lobbys, mais ils le sont surtout à l'opinion, aux souhaits et aux attentes exprimés, à l'aptitude et l'appétence des populations à prendre en charge les transformations proposées. Donner envie du développement durable est un positionnement politique bien plus important que de l'imposer en répétant les alertes multiples, même si elles sont justifiées. Et il faut bien constater que l'environnement n'est pas perçu par les Français d'un œil très sympathique. Il est présenté de plus en plus comme une réaction aux catastrophes annoncées, avec un lot de contraintes de toutes natures. Dans un tel contexte, c'est l'obligation morale qui est mise en avant plutôt que le côté "bien-être". Jadis au cœur des actions du ministère de l'environnement, la qualité de la vie a disparu des discours, qualité de la vie qui a même un temps donné son nom au ministère.

La qualité de la vie comme moteur de la transition

Une politique du développement durable doit jouer sur plusieurs tableaux, "en même temps" sur les enjeux de long terme et sur la vie quotidienne. La qualité de la vie comme moteur de la transition, voilà un positionnement à reprendre avec détermination. C'est la meilleure manière de mobiliser le plus grand nombre. Les études d'opinion le disent, les Français ont bien compris que le dérèglement climatique est la question d'environnement la plus importante, mais quand la question est posée plus finement, en faisant référence à leurs intérêts directs, c'est la lutte contre le bruit qui apparait en premier. La rénovation thermique des bâtiments fait l'objet d'efforts considérables, mais elle a du mal à décoller. Alors que l'amélioration de l'habitat, via une rénovation globale dont nos logements ont bien besoin et qui profiterait immédiatement aux Français, serait bien plus populaire et progresserait pus rapidement. Les "experts" ont souvent la tendance à se concentrer sur leur sujet de prédilection, et à négliger les aspirations et les envies des Français, soumis à de nombreuses contraintes, à de nombreuses sollicitations. Un peu de marketing ne ferait pas de mal pour définir des politiques du développement durable.

Construire des politiques alliant l'immédiat et le long terme

On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif dit la sagesse populaire. Il faut bien reconnaître que la politique de l'environnement a oublié cette maxime, avec une vision étatique et centralisée qui n'est plus de mise aujourd'hui. Il y a de nombreuses approches, telles la question du bruit et l'amélioration de l'habitat, qui permettent de construire des politiques alliant l'immédiat et le long terme, la qualité de la vie et la planète. L'alimentation, les paysages, les circuits courts, l'économie collaborative, etc.

Puisse le nouveau départ du ministère conduire à une nouvelle posture sinon une nouvelle stratégie fondée sur l'envie du développement durable, perçu comme un réel progrès, et non sur une "ardente obligation" qui ne suscite qu'une adhésion superficielle, même s'il s'agit du "plus grand défi de l'histoire de l'humanité".

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3 Commentaires

Albatros

Le 10/09/2018 à 17h41

Pourquoi ne pas interroger plus sérieusement la rationalité de l’attachement des Français à une personnalité comme celle de Nicolas Hulot ? C'est le signe d'un égarement manifeste car, convenons en, si chacun d’entre nous citoyens français adoptait son mode de vie, l’empreinte environnementale de notre pays dépasserait celle des Etats-Unis d’Amérique.
Quel est ce mystère autour de cette autoproclamée « grande conscience » au comportement de gourou ?
Pourquoi ne pas souligner sa parfaite inaction durant son année de ministère ? Aucune des « victoires » que l’on met à son crédit n’est de son fait, que ce soit l’abandon de NDDL (peut-on appeler cela une victoire, cela reste à démontrer, demandons aux riverains de l'actuel Nantes-Atlantique) ou la réforme de la SNCF (à laquelle il n’a absolument pas travaillé).
Enfin pourquoi ne pas mettre en lumière le paradoxe de ce ministère : en quoi l’action de la France peut-elle changer d’un iota la trajectoire planétaire ?
Le titulaire de ce ministère ferait un grand pas s’il s’attaquait sérieusement à sa mission réelle qui figure en annexe de notre constitution : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. » C’est plus concret mais plus difficile que de lancer des incantations stériles.

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Patric

Le 12/09/2018 à 14h43

Bravo à Dominique Bidou, concernant ses propos sur l'augmentation du bien-être qui devrait éradiquer de nos visions stratégiques l'obsession de l'augmentation du Produit Intérieur Brut : le fameux PIB, donc le taux de croissance.
L'auteur cite les " 200 personnalités pour sauver la planète ", mais la planète n'est pas attaquée. Elle a 4,5 milliards d'années, et a encore une espérance de vie au moins aussi longue, quelles que soient les turpitudes qu'on lui fait subir. Par contre ses habitants ont du souci à se faire, ce que l'on nomme " biodiversité ", et en premier lieu l'être humain.
Personnellement, je n'aime pas ce terme de développement durable. Dans développement, il y a le sous-entendu de l'augmentation de richesse, donc du PIB, et on souhaite que ce développement soit durable, donc continuons comme avant, l'expression anglo-saxonne " sustainable est plus juste, mais sa traduction n'est pas très satisfaisante. Soutenable évoque une situation difficile, mais que le citoyen peut tout de même acceptée.
Ce que défend Dominique Bidou et beaucoup de défenseurs de la biodiversité, c'est une société qui met la priorité sur le bien-être social. Notre économie détruit la nature, et quand le nature aura disparu, l'économie se sera fait hara-kiri.

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Albatros

Le 12/09/2018 à 14h59

Les 200 personnalités de l'appel sont du même tonneau que le dénommé Hulot: des ultra-privilégiés de la très haute société en mal de "conscience". Qu'elles commencent par nous présenter un exemple de comportement à l'opposé du leur depuis des décennies (paillettes, pognon, voyages, strass, paraître, bagnoles de luxe, ultra-consommation, etc.) au lieu de donner des leçons de morale imbéciles.

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