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Les diagnostics racontent-ils l'histoire de la performance énergétique du parc de logements français ?

Les quatre millions de diagnostics de performance énergétique (DPE) réalisés à ce jour sont une source d'informations considérable. Boris Bailly et Clément Leblanc d'I Care&consult ont analysé cette base de données et en tirent de premiers enseignements.

Publié le 13/03/2017
Environnement & Technique N°369
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°369
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Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est obligatoire en France pour toute vente d'un logement ou d'un bâtiment depuis 2006, et pour toute mise en location depuis 2007. Cet outil estime la consommation d'énergie théorique du logement afin, notamment, que cette information soit transmise à l'éventuel acheteur ou locataire d'un bien immobilier. A travers la diffusion de cette information, le législateur souhaite faire "monter" l'efficacité énergétique comme critère de choix de son logement, à l'image de l'étiquette énergie dans le domaine de l'électroménager.

Au-delà de cette finalité à l'échelle du DPE, l'ensemble constitué par ces derniers (environ 4 millions1 ont été réalisés à ce jour) représente une source d'informations considérable. L'Ademe est maintenant chargée, par le décret du 5 juillet 2011, de rassembler ces DPE dans une base de données en libre accès. I Care mène une analyse continue de cette base, afin de contribuer aux débats en cours sur l'amélioration de la performance du logement et de son observation.

En effet, malgré les précautions à prendre dans l'interprétation des résultats2, l'analyse de cette base de données apporte quelques éléments éclairants sur les facteurs déterminants de la performance énergétique des logements, ainsi que sur l'outil DPE en lui-même.

L'impact majeur de la RT 2012

La consommation moyenne diagnostiquée par les DPE pour les logements construits en 2012 ou avant, donc avant l'application de la RT 2012, est de 244 kWh/m2.an en moyenne. Pour les logements construits entre 2013 et 2015, cette même consommation moyenne est de 67 kWh/m2.an, soit près de quatre fois moins. Ce changement est particulièrement soudain : d'après les diagnostics renseignés dans la base DPE, la consommation moyenne des logements construits en 2012, estimée à 160 kWh/m2.an, aurait chuté à 70 kWh/m2.an pour les logements construits en 2014. Si l'on peut voir sur le graphique ci-dessous que la performance énergétique des logements tend à s'améliorer quand l'âge de ces logements décroît, on observe bien un décrochage important qui accompagne la mise en place de la RT 20123.

Une manifestation statistique de l'indulgence des diagnostiqueurs

En observant la distribution des consommations d'énergie diagnostiquées à l'occasion des DPE, on remarque que les logements diagnostiqués peuvent être répartis en deux groupes : un groupe majoritaire dont la consommation d'énergie est centrée autour de 200 kWh/m².an, et un second groupe de logements plus efficaces, autour de 50 kWh/m².an. Ce second groupe correspond aux logements construits après la mise en place de la RT 2012.

Par ailleurs on observe que cette distribution est fortement impactée par les seuils de passage d'une étiquette de performance à l'autre, en particulier aux passages "D à E" et "E à F". En effet, on constate un nombre anormalement grand4 de logements dont la consommation se trouve légèrement au-dessous de ces seuils, et un nombre anormalement faible de logements se trouvant légèrement au-dessus de ces seuils.

Ce phénomène pourrait s'expliquer, non pas par la distribution effective de la consommation d'énergie des logements, mais par une certaine indulgence des diagnostiqueurs qui accepteraient de réduire de quelques kWh leur estimation des consommations d'énergie des logements afin que ces derniers se voient attribuer une étiquette de performance énergétique plus favorable. Ceci à l'avantage des commanditaires du diagnostic puisque l'étiquette de performance énergétique est le principal élément d'affichage énergétique lors de la vente ou de la mise en location des logements.

Que conclure ?

Ces quelques éléments d'analyse montrent la richesse potentielle que représente la base DPE pour la connaissance (et donc la prise de décision publique et privée) de la performance énergétique du logement en France. La mise à disposition des quatre millions de DPE permettra ainsi d'aller plus loin dans la connaissance du parc d'une part (analyses intégrant des déterminants supplémentaires tels que les zones climatiques, l'énergie utilisée pour le chauffage, la surface des logements…) et sera d'autre part utile pour la mise en visibilité d'axes d'amélioration de l'outil DPE lui-même. I Care prolonge son travail sur ce sujet, en lien avec différents acteurs de l'écosystème de la rénovation énergétique des logements.

Avis d'expert proposé par Boris Bailly et Clément Leblanc, Directeur associé et consultant chez I Care&consult

1 Seulement 1,6 millions sont aujourd'hui disponibles en accès libre sur le site data.gouv.fr.
2 Les logements répertoriés dans cette base constituent un échantillon non représentatif de l'ensemble du parc total de logements (ex. : surreprésentation des logements neufs ou récents) ; par ailleurs, la qualité des diagnostics est fortement questionnée.
3 L'impact des précédentes réglementations thermiques (notamment la RT 1974) est beaucoup moins visible sur le graphique. Cela est probablement dû à l'impact des rénovations effectuées depuis lors, qui aurait pu permettre de compenser le déficit de performance énergétique des bâtiments construits avant ces réglementations. Cela aurait eu pour conséquence de lisser la courbe présentée ici, par conséquent l'impact des réglementations passées ne doit pas être minimisé sur la base de ces résultats.
4 Par rapport à la distribution gaussienne que semblent suivre les consommations d'énergie des bâtiments construits avant la RT 2012.

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