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L'eau du lac du Bourget bientôt utilisée pour rafraîchir et chauffer bâtiments et entreprises

Métropole Savoie projette de créer, d'ici 2020, une boucle d'eau qui permettra, grâce à l'eau du lac du Bourget, de fournir en froid et en chaleur les bâtiments et entreprises situés sur son territoire. Détails sur le projet B'eeau Lac.

Energie  |    |  S. Fabrégat
L'eau du lac du Bourget bientôt utilisée pour rafraîchir et chauffer bâtiments et entreprises
Environnement & Technique N°364
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°364
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Utiliser l'eau pour rafraîchir et/ou chauffer des bâtiments, le principe n'est pas nouveau. Pourtant, le projet hydrothermique B'eeau Lac pourrait bien être pionnier en France. Le syndicat mixte Métropole Savoie (1) , qui regroupe 96 communes dont Chambéry et Aix-les-Bains, planche en effet sur l'installation d'une boucle d'eau alimentée par le lac du Bourget. L'eau serait puisée dans ce réservoir naturel à 35 mètres de profondeur, où la température est constante, à 6°C, hiver comme été. "Nous disposons là d'une ressource gratuite, renouvelable et inépuisable", souligne Luc Berthoud, vice-président de la communauté d'agglomération Chambéry métropole. Lors de la révision de son schéma de cohérence territoriale (Scot), initiée en 2013, le territoire a donc décidé d'étudier la faisabilité de ce projet. Et pour l'heure, les signaux sont au vert.

Un retour d'expérience positif à Genève

"Lorsque nous avons commencé à réfléchir à la manière d'exploiter le potentiel énergétique du lac, nous avons entendu parler de l'exemple de Genève, qui a installé il y a dix ans une boucle d'eau de 6 kilomètres", raconte l'élu savoyard. Concrètement, l'installation suisse Genilac puise une eau à 7°C, à 45 mètres de profondeur. Un réseau de conduites sous-lacustres alimente le quartier des Nations, où sont installées de nombreuses organisations internationales. Le rafraîchissement est direct. En revanche, pour bénéficier de la chaleur basse température, les bâtiments doivent être équipés de pompes à chaleur (PAC) et d'équipements adaptés (planchers chauffants, plafond rayonnant, émetteurs chaleur douce…).

Quel impact sur l'eau ?

Une fois la boucle parcourue, l'eau doit être rejetée dans le milieu naturel. Elle devrait être 2 à 3 °C au dessus de sa température de prélèvement. Cette différence ne devrait pas poser de problème pour l'écosystème lacustre. Cependant, une autre solution est envisagée : "Nous étudions aussi la possibilité de rejeter l'eau dans la Leysse. Cette rivière, qui est proche de notre zone d'activité, est très basse et plutôt chaude en période d'étiage. Cet apport d'eau serait donc bénéfique pour l'écosystème". En période de pic de la demande, le débit de la boucle d'eau devrait atteindre 4.800 m3 par heure, "un niveau absorbable par la rivière même en période de crue".
"Ce projet a fourni la preuve que cela marche. Mais surtout, un suivi environnemental a montré qu'il était sans incidence pour la faune et la flore". L'installation n'impacte pas non plus le paysage, puisque tout se passe sous l'eau (l'aspiration grâce à une crépine, le raccordement à la terre ferme) ou en souterrain (station de pompage, réseau de distribution). "A Genève, la station de pompage est enfouie en bordure du lac. On aperçoit seulement une trappe qui permet d'y accéder. Le projet est complètement intégré à son environnement", souligne Luc Berthoud. Aujourd'hui, deux projets d'extension sont dans les cartons, pour alimenter le centre de Genève entre 2017 et 2021, et la zone de l'aéroport d'ici 2022.

Une énergie très compétitive

Fort de ce retour d'expérience, le syndicat mixte a lancé, en 2015, deux études pour évaluer le potentiel du lac du Bourget ainsi que les besoins locaux en chaleur et en froid. "Nous avons fait le point sur les entreprises existantes, mais aussi sur les entreprises qui pourraient venir s'implanter sur notre territoire. Un data center est notamment intéressé". Le déploiement de la boucle d'eau porterait sur le pôle de développement du Triangle Sud (Bourget-du-Lac / La Motte Servolex / Savoie Technolac), soit 5 à 6 km. Mais plusieurs scénarios sont encore à l'étude.

Les premiers résultats sont encourageants : le projet pourrait apporter 14 MW de puissance en chauffage basse température (40°C) pour 23,7 GWh de besoins couverts, 9,3 MW de puissance en rafraîchissement pour 4,5 GWh de besoins couverts et 3,7 MW de puissance en process et froid pour 23,6 GWh de besoins couverts.

Plus prometteur encore : l'étude de faisabilité, qui sera finalisée d'ici la fin de l'année, a déjà révélé que le coût de l'énergie fournie serait "très compétitif avec l'énergie de référence (couple gaz / PAC air-air)", autour de 9 c€ le kilowatt pour le consommateur final.

"Ce projet répond à une problématique énergétique, mais pas seulement, estime l'élu. Il peut contribuer à l'attractivité du territoire et devenir un outil de développement économique. Nous pensons que le prix de l'énergie peut attirer certaines entreprises, à un moment où le prix des autres énergies est appelé à augmenter".

Une fois la faisabilité du projet validée, six mois d'études réglementaires et environnementales seront encore nécessaires. La boucle d'eau devrait être déployée au plus tard d'ici 2020. La communauté d'agglomération réfléchit par ailleurs à la faisabilité d'une autre boucle d'eau, sur la rivière Isère cette fois. Les communes riveraines au lac d'Annecy plancheraient également sur un tel projet.

Des boucles d'eau sont à l'étude à Marseille (Bouches-du-Rhône), Sète (Hérault), Dunkerque (Nord) ou encore à Vienne (Isère). "Ce type de projet peut être développé dans un lac, mais aussi dans la mer ou une rivière. Les seuls impératifs : avoir la même température de l'eau tout au long de l'année pour maintenir un rendement stable et pomper l'eau là où il y a un bon rapport entre la température de l'eau et la température des besoins. A B'eeau Lac, le coefficient de performance (COP) devrait être de 50", alors qu'une PAC affiche un COP de 3 ou 4, explique Stéphane Caviglia, chargé de mission urbanisme à Métropole Savoie.

1. Ce syndicat mixte est en charge de l'urbanisme et du développement du territoire, via des politiques contractuelles.

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