Aujourd'hui, l'éco-conception relève essentiellement de démarches volontaires. Néanmoins, elle peut d'ores et déjà aider les entreprises à atteindre des objectifs réglementaires spécifiques comme ceux liés à la conception des emballages ou à la recyclabilité des produits électriques et électroniques par exemple. La démarche peut également engendrer des économies et bénéficier à l'image du produit mais malgré ces atouts, elle est loin d'être devenue systématique en France et ne porte encore que sur quelques produits.
Les travaux de recherche et/ou de développement (R&D) en la matière, lancés dans le cadre d'un appel à projet de l'Ademe en 2004 ont abouti à la conception de sept produits dont un aspirateur, une paire de chaussure, de chaussette, une enveloppe ou encore un fer à repasser. La démarche d'éco-conception a surtout permis de réaliser des évolutions technologiques en travaillant sur les matériaux utilisés, les emballages et la logistique mais également des évolutions organisationnelles en termes de gestion de projet ou de service. La chaussure éco-conçue contient au final du cuir non tanné au chlore, des lacets en polyester recyclés ou encore un emballage réduit de 50% tandis que l'aspirateur eco-conçu consomme deux fois moins de matières premières, consomme 20% d'électricité en moins et contient moins de composants différents ce qui facilite son recyclage.
Sur ces sept produits cinq* sont d'ores et déjà commercialisés et vendus à des prix similaires à des produits de même gamme mais 2 autres projets nécessitent des travaux de recherche complémentaires.
L'Ademe a également soutenu 11 projets de recherches méthodologiques ayant pour but de créer des outils pour faciliter la mise en œuvre de cette démarche de conception dans les entreprises en fonction de leur secteur d'activité (logiciels, guides, fiches d'analyse…). Le Centre technique du cuir en partenariat avec le bureau d'étude Ecobilan PC a par exemple développé un logiciel permettant l'analyse de cycle de vie et l'éco-conception du cuir, 4 entreprises ont testé la méthode et éco-conçus 10 cuirs différents.
Pour encourager l'éco-conception et surtout favoriser le développement concomitant de l'offre et de la demande, l'Ademe lance un nouvel appel à projet pour 2008 d'1,5 millions d'euros ciblant plus particulièrement les produits répondant aux besoins de la commande publique (consommables des bureaux, des crèches, des cantines, biens d'équipement, services, espaces verts, etc) et les produits de la consommation grand public. Sa présidente Michèle Pappalardo rappelle que toute entreprise qui veut améliorer son produit peut le faire et prévoit de soutenir 20-25 projets cette fois-ci. L'appel à projets sera disponible à partir de début novembre 2007 et ouvert pour une durée de 3 mois. L'Ademe mise surtout sur cet appel à projet pour provoquer l'effet boule de neige tant attendu qui permettra enfin aux produits plus respectueux de l'environnement de sortir du lot et de conquérir des marchés significatifs. En effet, si tous les acteurs se disent motivés à l'idée de fabriquer des éco-produits, de les vendre et de les acheter, ils demandent encore trop souvent aux autres de faire le premier pas. Les fabricants comptent sur les consommateurs pour tirer la demande à la hausse et les inciter à multiplier les produits alors que les consommateurs demandent aux industriels d'inciter à l'achat de produits verts en multipliant les références. L'Ademe espère donc créer un cercle vertueux où offre et demande s'alimentent l'une et l'autre pour croître simultanément. Pour renforcer l'impulsion, la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a reçu 150 représentants des entreprises de grande consommation afin qu'ils développent des emballages innovants, écologiques et plus informatifs sur la performance environnementale des produits, permettant de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Parce que les emballages représentent 25% du poids et 35% du volume total des déchets et que l'emballage doit devenir un support d'information permettant d'éclairer le consommateur sur l'empreinte écologique du produit, l'innovation en matière de nouveau packaging doit devenir un axe stratégique de la recherche des entreprises, a-t-elle souligné.
La secrétaire d'Etat est d'autant plus convaincue que du côté des consommateurs les mentalités semblent évoluer. Selon les résultats d'une étude TNS Sofres, l'image de l'emballage s'est dégradée : il est de plus en plus souvent jugé envahissant et inutile. La perception de l'emballage est donc passée d'une image plutôt associée au produit avec une utilité reconnue à une image très marquée par les préoccupations environnementales. D'ailleurs, les attentes liées à l'impact sur l'environnement de l'emballage se retrouvent de façon assez logique au premier plan. Ainsi, après la protection du produit, la deuxième caractéristique citée par ordre d'importance est la facilité de recyclage.
Reste désormais à répondre à cette attente en proposant de plus en plus de produits éco-conçus mais surtout en permettant au consommateur de les reconnaître. Pour l'instant rien n'est prévu réglementairement pour assurer cette promotion car les produits sont trop peu nombreux. Mais les entreprises peuvent communiquer sur ces produits et créer leur propre étiquetage même s'il est encore difficile de vendre un produit avec un label éco-conçu, estime Jean-Pierre Soulie, Directeur industriel chez SEB. Il n'est pas non plus certain qu'un étiquetage spécifique soit faisable car l'éco-conception influe sur de nombreux éléments du produit et il est très difficile de les concentrer en quelques critères mesurables et faciles à présenter sur une étiquette. Toutefois, selon Jean-Louis Borloo ministre d'Etat, ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables, on ne coupera pas à l'étiquette carbone pour les produits mais je ne sais pas quand çà se fera précisément. Le Ministre encourage donc vivement les entreprises à se pencher sur la question. Sachant que la grande distribution propose 90.000 références, on a une marge de progression extraordinaire, a-t-il précisé.
*Aspirateur Shock Absorber de Rowenta
Gamme de chaussette « Naturaïa » de Kindy
Chaussure de randonnée KENEMA de Lafuma
Enveloppe Prêt-à-Expédier « Chronopass Classic France Métropolitaine » de Chronopost
Produits de marquage routier appliqués à chaud Ostréa® Route et Ostrea® Spray de Somaro Prosign