L'Autorité européenne de sécurité alimentaire a publié, fin 2013, une nouvelle méthodologie (1) visant à identifier les risques chimiques émergents dans la chaîne alimentaire humaine et animale, grâce au croisement d'informations provenant de différentes bases de données. Cette nouvelle procédure permettrait, selon l'Efsa, d'identifier les risques très tôt et de mettre en place, à terme, un système d'alerte précoce pour les nouvelles substances chimiques.
"Le nombre total de substances chimiques (manufacturées et naturelles) préoccupantes déjà évaluées, réglementées ou surveillées, est faible par rapport aux estimations faisant état de 100.000 produits chimiques industriels utilisés régulièrement" au sein de l'Union européenne, souligne l'Efsa. "En outre, plusieurs centaines de nouvelles substances chimiques sont fabriquées chaque année".
L'autorité annonce vouloir procéder à un appel d'offres public afin de réaliser une étude pilote d'un an ou deux : "Tester cette procédure à partir d'une liste spécifique de produits chimiques montrera si la procédure fonctionne efficacement et permettra également d'améliorer et d'affiner l'outil".
Cibler les substances à risque
La méthodologie (cf. schéma ci-dessous) vise à identifier les substances les plus préoccupantes et à écarter celles qui constituent de faibles priorités. Un processus de sélection est réalisé en plusieurs étapes : il commence par une liste large de produits chimiques, auxquels des critères de sélection et d'exclusion sont appliqués. Parmi les critères de sélection : les volumes de production ou d'importation, la persistance dans l'environnement, le potentiel de bioaccumulation, les usages dispersifs, la toxicité et l'écotoxicité. Les substances exclues sont celles qui sont déjà encadrées par la réglementation européenne. Pour cela, de nombreuses sources de données sont utilisées ainsi que des modélisations visant à prédire le comportement des produits dans l'environnement, leurs propriétés physico-chimiques, l'action biologique etc. (e-ChemPortal, programme de surveillance du JRC, Institut d'études géologiques des Etats-Unis, revues scientifiques…).
La procédure part de deux listes de substances chimiques : les substances industrielles enregistrées dans le cadre de Reach et les substances détectées dans l'environnement (réseau Norman (2) ). Mais cette méthodologie pourrait être élargie à d'autres groupes de produits chimiques (rejets de sites industriels, usages agricoles…), souligne l'Efsa.
Pistes pour la future étude pilote
L'Efsa estime que l'étude pilote devrait tester, dans un premier temps, la pertinence de la méthodologie sur une vingtaine de produits chimiques déjà reconnus comme des contaminants de la chaîne alimentaire. Dans un second temps, un groupe d'une centaine de produits chimiques devrait être constitué, en accord avec l'Agence européenne des produits chimiques (Echa), afin de voir s'il est possible d'identifier des risques émergents jusqu'ici passés inaperçus.
Selon les résultats, "il pourrait être approprié d'envisager d'entreprendre une troisième approche de validation en utilisant, comme point d'entrée, la liste fournie par le réseau Norman" et en sélectionnant une centaine de substances.
Procédure proposée pour identifier les risques chimiques émergents