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Emplois verts : des métiers en pleine mutation

Le déploiement des technologies vertes dans l'énergie et le bâtiment notamment bouleverse les métiers, les recrutements et les formations. Les reconversions semblent difficiles mais les barrières entre métiers doivent tomber.

Gouvernance  |    |  F. Roussel

En juin 2009, à l'aube de la traduction législative du Grenelle de l'environnement, le Boston Consulting Group (BCG) consulté par l'Etat prévoyait une création de 600.000 emplois ''verts'' d'ici 2020. Mais la baisse des ambitions observée depuis dans certains secteurs fait craindre une surestimation du potentiel de création d'emploi porté par la "croissance verte". Pourtant à l'occasion d'une conférence dédiée aux emplois verts organisée au Salon des Energies Renouvelables par Emploi-environnement.com, les professionnels des énergies renouvelables notamment restaient optimistes malgré les bouleversements réglementaires de ces dernières années : "Le moratoire imposé sur le solaire photovoltaïque en 2011 a fait changer de business modèle mais c'est un épiphénomène", a expliqué Amaury Korniloff, Directeur général délégué de Solaire Direct. "Il faut dépasser les frontières françaises ; la capacité solaire installée dans le monde atteint désormais plus de 29 GW", a-t-il rappelé. Selon lui, le moratoire a impacté un certain type d'emplois notamment les artisans dans le résidentiel mais cette disparition s'est faite au profit d'autres emplois. "Il n'y a pas que les métiers techniques à prendre en compte mais également les métiers liés au financement des projets, aux aspects juridiques", a ajouté Amaury Korniloff. "Les assureurs et les financeurs sont obligés d'avoir de nouvelles capacités", a confirmé Denis Gaboriau du Cler et Directeur du Centre de Formation Professionnelle La Futaie.

Du côté de l'éolien, l'espoir est porté par l'off-shore et l'appel d'offres lancé par l'Etat qui prévoit la création de 10.000 emplois industriels. "Pour l'instant il n'y a pas de réelle filière en France, tout est à faire dans l'éolien", a expliqué Eric Lemiere, Conseiller entreprise & innovation à la direction régionale Pays de la Loire de Pole Emploi. "L'emploi dans ce secteur se concentrera dans les fournisseurs d'éléments de la nacelle, a précisé Philippe Kavafyan, Directeur France, Areva Wind, l'élément qui concentre 80% de la valeur ajoutée". Reste désormais à trouver la main-d'œuvre pour animer cette filière.

La formation, clef de voute fragile du système

Les besoins de formation sont énormes ce qui inquiète les professionnels : "On a à peine un an pour préparer les formations sinon on ratera le train", prévient Philippe Kavafyan. Pour lui, il est urgent de compléter les formations existantes avec des modules spécifiques adaptés au secteur. Une position partagée par Eric Lemiere, d'autant que la France a les moyens de ses prétentions : "On a de quoi faire. Il faut s'inspirer de l'Allemagne en construisant notre main-d'oeuvre éolienne à partir de celles des chantiers navals et de l'automobile", estime-t-il.

Mais la reconversion demandée n'est pas si simple. Nombreux sont ceux qui envisagent un virage dans leur carrière professionnelle pour passer d'un secteur moribond comme l'automobile aux cleantechs. Encore faut-il trouver les formations adéquates. "Attention aux labels et autres appellations", prévient Denis Gaboriau du Cler.

Un système d'indexation des métiers (1) devrait voir le jour d'ici quelques mois sur les recommandations de la Commission nationale de la certification professionnelle et du Délégué à l'information et à l'Orientation. Les fiches du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) seront assorties d'une signalétique à trois niveaux signifiant le degré de "verdissement" des compétences. Cette signalétique distinguera les métiers non dédiés à l'environnement mais intégrant des services et des produits peu polluants, les métiers traditionnels en forte évolution intégrant de nouvelles compétences liées à la croissance verte, et, enfin, les métiers directement dédiés aux éco-activités qui correspondent aux 9 professions vertes déjà identifiées.

Une transition difficile pour certains secteurs

Une fois formé, rien n'est gagné. Il faut savoir convaincre des recruteurs plutôt indécis. "Nous sommes confrontés à des responsables des ressources humaines qui ne savent pas quels profils rechercher", témoigne Hélène Rambourg, chargée d'accompagnement des emplois de l'économie verte chez Pole Emploi. Les entreprises sont conscientes de l'évolution des métiers et de leurs nouveaux besoins mais semblent avoir du mal à les concrétiser en recrutements.

Ce problème est notamment visible dans le secteur du bâtiment, une filière qui reste très fermée en terme de profil. "La culture de la filière évolue mais la reconversion n'est pas accueillie à bras ouverts", constate Hélène Rambourg. Pourtant, les entreprises du secteur ont tout intérêt à ouvrir leur recrutement vu les nouvelles exigences qui découlent du Plan Bâtiment Grenelle. "Ce plan demande à l'entreprise d'être au courant des nouveaux produits et équipements disponibles, de réintégrer la fonction conseil auprès du client et de prescrire l'intervention d'un autre artisan - comme par exemple un chauffagiste qui conseillerait des travaux d'isolation - et en plus de connaître les aides d'Etat, régionales et départementales", rappelle Philippe Pelletier - Président du comité stratégique du Plan bâtiment Grenelle. "C'est une véritable révolution culturelle", confirme Hélène Rambourg.

Et cette révolution n'a que très peu de temps pour opérer. Philippe Pelletier rappelle que seules les entreprises "Reconnues Grenelle Environnement" c'est-à-dire celles ayant prouvé leurs compétences en matière de performance énergétique pourront bénéficier des aides publiques à compter de 2014.

1. Télécharger le rapport de la Commission nationale de la certification professionnelle et du Délégué à l'information et à l'Orientation
http://www.cncp.gouv.fr/gcp/webdav/site/cncp-internet-cncp/shared/contents/Commission/RapportV17.rtf

Réactions1 réaction à cet article

Tiens tiens, Solaire Direct ne voit pas de problème dans le photovoltaïque. Je suis sûr que EDF EN non plus, comme tous les gros à qui le gouvernement a confié le marché grâce aux appels d'offre.
Ces gens ne représentent qu'eux même, alors qu'ils ont la main-mise sur les syndicats professionnels censés nous défendre un minimum.
Le début 2012 est une boucherie pour les entreprises petites à moyennes dans le PV. Quelle est la solution ? Et bien c'est tout bête, il suffit d'ouvrir une agence en Afrique du Sud, une en Australie, une au Costa-Rica... merci pour l'info !

Bouc | 30 avril 2012 à 11h17 Signaler un contenu inapproprié

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