Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Empreinte environnementale : l'Europe valide sa méthode pour évaluer et comparer les produits

Après trois ans d'expérimentation, la Commission européenne a présenté une méthode harmonisée de calcul de l'empreinte environnementale des produits. Un pas de plus vers la prise en compte des impacts par les producteurs mais aussi les consommateurs.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
Environnement & Technique N°381
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°381
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

Après trois ans de travaux, mobilisant 260 industriels et près de 2.000 parties prenantes, la Commission européenne a présenté les résultats de l'expérimentation sur l'empreinte environnementale des produits et services (PEF pour product environmental footprint), les 23 et 24 avril.

“ La méthode n'est pas parfaite mais nous avançons en marchant. Nous ne pouvons pas attendre d'avoir la méthode parfaite pour travailler. ” Michele Galatola, Commission européenne
En 2013, l'exécutif européen publiait une méthode harmonisée de calcul de l'empreinte environnementale, afin que tous les acteurs se basent sur les mêmes règles de mesure des impacts environnementaux. Mais il fallait encore décliner cette méthode par secteurs. Vingt-six groupes pilotes volontaires (1) ont travaillé entre 2013 et 2016 à l'élaboration de règles spécifiques par catégories de produits (PEFCR). Et finalement, plus de 5.000 jeux de données d'empreinte environnementale sont désormais disponibles gratuitement pour qui veut se lancer dans l'exercice. Il y en aura 8.000 d'ici la fin de l'année. "La Commission a décidé de démocratiser cet outil", explique Michele Galatola, responsable des travaux à la Commission européenne.

Reste à déterminer quelle suite politique sera donnée à cette expérimentation. Le PEF pourrait être utilisé pour harmoniser les différentes politiques européennes sur l'écoconception, l'écolabel… Une consultation des parties prenantes devrait être lancée dans les prochains mois.

Des règles sectorielles pour mesurer les impacts

L'objectif de ces travaux : prendre en compte le cycle de vie des produits dans une démarche multicritères. Finie la seule prise en compte de l'impact carbone. Désormais, l'utilisation des ressources, les impacts sur l'eau (eutrophisation, acidification), l'utilisation des terres etc. font également partie de l'évaluation.

Deuxième enjeu : créer une méthode fiable et robuste pour comparer les produits entre eux. L'analyse de cycle de vie (ACV) permet d'évaluer les impacts. Mais selon le périmètre défini et les impacts pris en compte, il est difficile de comparer les ACV et donc les produits évalués. Le PEF permet de définir les mêmes règles pour tous, selon le même périmètre, et rend comparable les résultats en définissant une unité fonctionnelle (litre, kilo…).

L'expérimentation de trois ans a permis de décliner ces règles par catégorie de produit ou service. Chaque groupe de travail a défini, après une évaluation approfondie, les catégories d'impacts les plus importantes pour le cycle de vie du produit et les étapes les plus polluantes (production, extraction des ressources, usage…). Un produit de référence sert de standard pour chaque secteur : il décrit les caractéristiques typiques d'un produit vendu sur le marché européen. Une méthode de pondération des impacts a été définie, afin d'aboutir à une note environnementale unique.

"Le PEF paraît complexe. Mais je l'assimile à une montre : pas besoin de comprendre son mécanisme pour parvenir à lire l'heure", souligne Michele Galatola. Ainsi, les résultats d'un PEF peuvent être utilisés à différentes échelles : par l'industriel pour mesurer ses impacts et identifier les pistes d'amélioration, à destination du consommateur pour l'informer sur la performance environnementale des produits, et enfin par les politiques pour définir des normes, labels...

Une méthode trop simplifiée ?

"La méthode n'est pas parfaite mais nous avançons en marchant. Nous ne pouvons pas attendre d'avoir la méthode parfaite pour travailler", souligne Michele Galatola, répondant aux critiques de certains acteurs. Parmi eux, le bureau de l'environnement européen (EEB). Si l'ONG salue l'organisation de ces travaux, elle juge qu'il existe encore de nombreux points à améliorer avant que cette méthode ne serve à donner une photographie fidèle des impacts environnementaux des produits.

"Les informations fournies aux consommateurs finaux ne peuvent pas être basées sur le seul PEF. Certains impacts majeurs comme la biodiversité ou encore des aspects concernant la santé ou la qualité ne font pas partie du périmètre d'évaluation ou ne peuvent être reflétés correctement avec les indicateurs actuels", estime le BEE.

Pour Michele Galatola, il n'existe pas un indicateur biodiversité, plusieurs des impacts renseignés touchent à cette problématique : l'acidification et l'eutrophisation de l'eau, la consommation de ressources, d'eau, de terres… Mark Goedkoop, PDG du cabinet de conseil Pré Sustainability, estime qu'"il faut améliorer la méthode, notamment sur les impacts relevant de la biodiversité, sur les enjeux émergents et les impacts sociaux". Mais le BEE veut aller plus loin en définissant un critère spécifique à la biodiversité, pour prendre en compte l'enjeu majeur de la perte de biodiversité. "Nous proposons d'incorporer des critères sur la richesse des espèces, la configuration et la qualité des habitats, l'état régional et les pressions exercées, l'irremplaçabilité et la vulnérabilité".

Le BEE craint également que le PEF ne permette pas réellement de différencier des produits de même catégorie. "Par exemple, une comparaison entre deux produits exclusivement basée sur leur empreinte environnementale ne permettra pas de distinguer les avantages d'un produit réparable par rapport à un produit non réparable. De même, des produits qui polluent en rejetant des microplastiques peuvent obtenir une bonne note globale" . Alors que certains acteurs comptent développer dès à présent des solutions pour valoriser ces travaux auprès des consommateurs, à l'instar de la plateforme YuKan, l'ONG déconseille d'utiliser pour l'instant l'empreinte environnementale pour communiquer auprès du grand public…

1. Batteries et accumulateurs, peintures décoratives, tuyaux d'alimentation en eau chaude et froide, détergents ménagers, produit intermédiaire en papier, technologies d'information (IT), cuir, tôles, chaussures, panneaux photovoltaïques, papèterie, isolation thermique, Tee shirts, alimentation sans interruption, bière, produits laitiers, nourriture animale, huile d'olive, eau en bouteille, alimentation du bétail destiné à l'alimentation humaine, pâtes, vin, poisson (de mer), viande, café. Les trois derniers groupes ont été arrêtés en cours de travaux, souvent pour cause de désaccords entre les participants.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question à la journaliste Sophie Fabrégat

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager