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Actu-Environnement

La France prise dans des positions contradictoires sur les renouvelables face à ses partenaires européens

Alors que la Commission européenne presse les Etats-membres de se mettre en ordre de bataille pour réaliser les objectifs climatiques fixés par l'Accord de Paris, la France n'a pas encore clarifié sa position.

Energie  |    |  A. Sinaï

Les énergies renouvelables (ENR) seraient-elles le talon d'Achille de la politique climatique française ? A quelques semaines de la COP 23 qui s'ouvrira à Bonn (Allemagne) le 8 novembre, la France, pays où a été adopté pour la première fois un accord universel sur le climat, n'a toujours pas de position claire sur la manière dont elle compte réaliser les objectifs d'énergies renouvelables que lui a assigné le paquet énergie-climat porté par la Commission européenne.

En témoigne le cafouillage lié à la fuite d'un ''non paper'' daté du 12 septembre laissant entendre que la France procrastine sur les objectifs auxquels elle s'est engagée. Cette note informelle (1) , adressée au Conseil européen, émane de l'administration française mais n'a pas été avalisée par le cabinet de Nicolas Hulot. Diffusée par notre confrère Contexte le 2 octobre et reprise par Médiapart, elle ne saurait résumer une vision officielle définitive, mais interroge les observateurs sur le caractère conservateur de la position française.

“ La position de la France sur les 27% [à horizon 2030] est de ne pas vouloir mettre en cause cet objectif. Or, nous pensons qu'il faut aller plus loin. ” Jean-Louis Bal, SER
De fait, la France y conteste les règles du jeu que la Commission voudrait définir afin d'accélérer la réalisation de l'objectif de 27% d'ENR dans le mix énergétique final de l'Union européenne à l'horizon 2030 par une série d'étapes intermédiaires.

23% de renouvelables en 2020, objectif hors d'atteinte ?

La Commission doit affronter le défi d'harmoniser les trajectoires des pays membres et de les rendre comparables, afin de produire un résultat cohérent avec les ambitions de l'Accord de Paris, dans le cadre du projet de réglement sur la gouvernance du paquet énergie-climat. ''Le lien entre ce volet sur la gouvernance et le processus international est effectivement très important pour ajuster les projets européens avec les évolutions attendues du régime de l'Accord de Paris'', corrobore Romain Riollet, responsable des projets efficacité énergétique du Cler-Réseau pour la transition énergétique.

En 2018, les engagements des Etats devront être compilés dans un ''global stocktake'', inventaire qui permettra de vérifier si les contributions nationales sont dans les clous de l'Accord de Paris qui enjoint la communauté des pays industrialisés à réaliser la neutralité carbone d'ici à 2050. Les Etats-membres ayant refusé de se voir attribuer des objectifs contraignants au niveau national, il revient à Bruxelles de vérifier si les pays-membres se mettent sur la voie de réaliser leur feuille de route. ''La somme des contributions nationales doit permettre d'atteindre les objectifs européens'', explique Neil Makaroff, chargé Europe du Réseau action climat (RAC).

Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) Jean-Louis Bal estime que ''sur les tendances actuelles, la France ne réalisera pas son objectif intermédiaire de 23% d'ENR en 2020''. Le SER propose de rehausser ce cap à 35% d'ENR au niveau européen en 2030. ''La position de la France sur les 27% [à horizon 2030] est de ne pas vouloir mettre en cause cet objectif. Or, nous pensons qu'il faut aller plus loin.'' Pour autant, M. Bal estime ''constructif'' le ''non paper'' français dans la mesure où il plaide pour des trajectoires planchers pour chaque pays membre. ''Là où ce texte est maladroit, c'est de proposer un seul point d'étape de 50% en 2027, ce qui ne laisse que trois ans pour réaliser les 50% restant.''

La question de la part du nucléaire en filigrane

''La France défend un système de contrôle très souple : il n'y aurait qu'un point de contrôle en 2027, qui ne permettrait pas de rectifier la trajectoire des Etats-membres, contrairement à la position allemande qui défend deux options : une trajectoire linéaire, et quatre points de passage. Si la France défend cette position, c'est qu'elle ne veut pas que la Commission mette le nez dans son mix énergétique'', estime le RAC.

En filigrane, l'enjeu de la part du nucléaire dans le mix énergétique français constitue une pierre d'achoppement récurrente. ''La question du nucléaire est prégnante. C'est le reliquat d'un conservatisme de l'énergie''. Un conservatisme qui entraîne des adeptes, comme la Pologne et certains pays de l'Est, qui tendent à se ranger derrière la position française.

Emmanuel Macron l'a souligné lors de son discours sur l'Europe à la Sorbonne le 26 septembre : la transition énergétique repose sur le marché européen de l'énergie, ''parce qu'à certaines saisons, là où le renouvelable se produit en masse, nous devons en faire bénéficier toute l'Europe. A d'autres moments, là où l'énergie nucléaire est indispensable, peu carbonée, pas carbonée et à bas coût, nous devons aussi la mutualiser''.

A l'avant-veille du Conseil européen des ministres de l'environnement qui se tiendra à Luxembourg ce vendredi 13 octobre, la France n'a pas encore pris de position claire sur le dossier controversé du partage de l'effort, qui couvre quelque 60% des gaz à effet de serre européens.

Lors de la présentation de son programme le 10 octobre, le nouveau gouvernement des Pays-Bas a quant à lui appelé l'UE à relever son objectif de réduction des émissions de –40% à –55% d'ici à 2030 et à augmenter son ambition climatique dès avant 2020.

1. Télécharger la note informelle de la France sur les objectifs d'ENR en Union européenne
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29820-non-paper-enr-france.pdf

Réactions9 réactions à cet article

Evidemment que la France est gênée aux entournures ! Cette exigence de proportion d'intermittentes (il faut bannir ce terme de renouvelable, qui ne traduit pas la réalité des choses) est inepte, elle ne traduit que l'alliance objective entre les lobbys éoliens et les anti-nucléaires, avec le soutien des gaziers et autres charbonniers : imposer une part importante d’intermittentes entraîne inéluctablement le maintien d'une part encore plus importante de carboné. Les seuls paramètres à prendre en compte doivent être le bilan carbone, les nuisances environnementales (toutes), le coût pour l'usager final... Imposer une proportion sur une gamme technologique n'a pas de sens.

dmg | 12 octobre 2017 à 10h11 Signaler un contenu inapproprié

Chacun défend ses intérêts comme il peu - ce que l'on désigne par "lobbying". En France le véritable objectif climatique n'est pas dans la production d'électricité : on remplacera du nucléaire par des ENR, soit un bilan carbone de zéro à la production électrique, si l'on fait l'impasse des ACV respectives. Ce n'est pas le cas chez nombre de nos voisins européens.
En revanche les enjeux climatiques français se situent ailleurs : résidentiel, transport, ... donc dans l'usage de l'énergie fossile et non pas dans la production électrique, et c'est donc bien là que nous devrions concentrer nos efforts financiers (et là aussi qu'est le principal gisement d'activité et d'emploi), n'en déplaise au SER.

ltdrogo | 12 octobre 2017 à 10h26 Signaler un contenu inapproprié

@dmg: il est vrai que les lobbies éoliens et anti-nucléaires sont ultra puissants...mais alors tellement puissants...(charbon/gaz ok c'est autre chose).

Avec 10 mds d'euros (le coût minimal d'un EPR), il y aurait de quoi rechercher comment stocker/amortir l'intermittence ces productions d'électricité.

@Itdrogo : oui c'est assez juste. Une petite remarque intéressante : la France concentre une très grande fraction des ballons d'eau chaude (peu ou moins répandus ailleurs en UE). Or ces derniers fonctionnent avec de l’électricité. Dans ce cas, il y a un gisement d'économie (BEC thermodynamique), source d'emploi (pose, recyclage) et cela est bien lié à la production d'électricité comme source d'énergie.

Nicolas | 12 octobre 2017 à 14h17 Signaler un contenu inapproprié

@Nicolas.
Il y a un truc ballot qui s'appelle la physique : à moins de dévaster la planète de son lithium et de tous les métaux rares qui l'encombrent, on ne peut pas stocker et transporter l'équivalent de la production énergétique d'une semaine ou deux d'un pays comme la France, ce qui est requis si on veut éviter son effondrement économique... On ne peut donc pas baser la production d'énergie d'un tel pays sur les intermittentes, et ça, les gazo-charbonniers l'ont très bien compris ! Ce n'est hélas pas (uniquement) un problème de milliards d'euros... et dans ce registre, Elon Musk pratique un enfumage magnifique. La solution, évidemment, c'est une production en base stable, programmable, sans CO2, donc pas les intermittentes, et... la sobriété !

dmg | 12 octobre 2017 à 18h30 Signaler un contenu inapproprié

@Nicolas : oui, bien entendu, l'électricité peut être un vecteur d'abattement de carbone, mais il presse de ne pas précipiter les choses côté production, en dépit des plaintes des investisseurs ENR. Une disparition trop rapide de la production de base, fossile ou nucléaire, risque de déséquilibrer gravement les structures techniques (puissance, réserve cinétique, ...) ou de marché (misssing money). Pour certains pays d'Europe de l'Est qui subissent cette évolution trop rapide la situation peut rapidement devenir intenable. Le non papier de la France est donc très sage.
Et laisse du temps pour traiter la question, centrale chez nous, de l'usage. Nous avons l'opportunité de développer un véritable secteur industriel dans ce domaine, car nous n'avons pas la contrainte majeure de devoir sortir du charbon.
Nos fondamentaux économiques, comparés à ceux de nos voisins allemands, devraient nous inciter au pragmatisme et à l'efficacité des politiques publiques plutôt que de copier à tout prix l'Energiewande.

ltdrogo | 13 octobre 2017 à 16h00 Signaler un contenu inapproprié

Qu'Elon Musk pratique l'enfumage, on est d'accord. D'un autre côte et c'est une apparté, lui au moins n'aura jamais tenté de vendredi un "diesel propre" (ce qui doit bien valoir le concept de guerre propre...).

Cela dit, vous mettez la charrue avant les boeufs : avant de se pencher sur un effondrement du réseau électrique pour cause d'intermittence trop importante, il faudrait déjà ... qu'il y ait production d'électricité par une source intermittente. Si je me base sur mon ex-facture EDF (parti sur Enercoop depuis), les "intermittentes" atteignent péniblement 5% de la production.

Alors je veux bien entendre vos arguments mais pour moi c'est comme dire que les voyages vers la lune polluent.

D'autant plus que certains prédisaient que le réseau ne tiendrait pas à 10%, puis à 20, puis à 30%...et que l'on évoque maintenant 50%. Mais à 30% d'intermittentes, je ferais déjà la fête!

note : je ne compte pas l'hydraulique dans les intermittentes.

note 2 : ce débat me fait penser aux véhicules électriques pour lesquels on évoque la pénurie de lithium, le recyclage des batteries etc... alors que l'on va tous mourrir des particules fines des diesels (60% du parc) et essence injection directe (le reste). Si déjà on pouvait avoir 20% de véhicules électriques...

Nicolas | 16 octobre 2017 à 10h41 Signaler un contenu inapproprié

Très d'accord avec dmg.
Sur la proportion de renouvelables, Nicolas, n'oubliez pas l'hydraulique qui outre de ne pas être vraiment intermittent, représente déjà 20% du mix énergétique français. Nus avons la chance d'avoir des montagnes et de les avoir éuipéées au "bon moment" (= sans avoir de mauvaises pensées, les dégâts "écologiques" des chantiers des grands barrages ne pourraient ^tre défendus facilement en terme de coûts bénéfices au XXI ème siècle...)

Frankie | 16 octobre 2017 à 20h01 Signaler un contenu inapproprié

eheh je vais finir seul contre toute la communauté actu environnement :p

Les remarques sont justes mais je voudrais simplement éviter qu'elles soient une justification à ne rien faire. Une stratégie que certains utilisent à outrance ("c'est trop compliqué", "on ne peut pas faire autrement", etc...).

Pas de souci pour les barrages, notamment montagnards, difficiles de faire sans. Je les excluais des sources renouvelables intermittentes, pas des renouvelables :)

Et si le nucléaire a si peu la côte, c'est surtout le fait des acteurs ce secteur (mauvais, opaques) plus que de ceux qui s'y opposent. L'EPR, censé être une vitrine technologique du savoir faire français, faire rire plus qu'autre chose.

Nicolas | 17 octobre 2017 à 11h09 Signaler un contenu inapproprié

Pour illustrer une partie de ma pensée :

La Lituanie a, quant à elle, déjà dépassé son objectif 2020, fixé à 23%. Or, les énergies renouvelables représentaient déjà 25,75% de sa consommation finale brute d'énergie en 2015. Sa capacité renouvelable repose sur l'hydroélectricité (880 MW), l'éolien (440 MW) et le photovoltaïque (70 MW).

Et que l'on ne me dise pas qu'il y a plus de vent ou plus de soleil en Lituanie qu'en France.

https://www.actu-environnement.com/ae/news/energies-renouvelables-luxembourg-lituanie-transfert-objectifs-29946.php4#xtor=EPR-1

Nicolas | 31 octobre 2017 à 09h29 Signaler un contenu inapproprié

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