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Les friches polluées offrent de réelles opportunités pour la production d'énergies renouvelables

Les installations de production d'EnR constituent une intéressante option de reconversion des friches industrielles, pour valoriser des terres déjà artificialisées mais pas toujours constructibles. Certaines filières se révèlent plus adaptées.

Risques  |    |  L. Radisson
Environnement & Technique N°372
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°372
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Pour satisfaire ses objectifs de production d'énergies renouvelables (EnR), la France doit mobiliser du foncier pour implanter de nouvelles capacités de production. Le risque est celui d'accentuer encore l'artificialisation des sols qui menace la production agricole et la préservation de la biodiversité.

“ Les friches industrielles présentent de nombreux atouts : elles sont situées à proximité des connexions au réseau électrique, des gisements de consommation d'énergie et des accès routiers, ce qui est important pour mener à bien les chantiers ” Séverin Poutrel, Burgeap
Aussi, l'utilisation du gisement de friches industrielles pour implanter ces nouvelles installations présente-t-elle plusieurs avantages qui ont été mis en lumière lors du colloque de l'Ademe des 28 et 29 mars consacré à la reconversion des friches polluées. Mais toutes les filières d'énergie renouvelable ne se révèlent pas aussi adaptées les unes que les autres.

Utilisation de terres déjà artificialisées

"Les friches industrielles présentent de nombreux atouts : elles sont situées à proximité des connexions au réseau électrique, des gisements de consommation d'énergie et des accès routiers, ce qui est important pour mener à bien les chantiers", explique Séverin Poutrel, directeur de projets R&D chez Burgeap, qui mène une étude sur le potentiel de production d'EnR sur les friches de la métropole lilloise. "Le gisement EnR brut peut y être important (…) et les superficies permettent le déploiement d'équipements de production, de stockage ou de distribution d'énergie", confirme-t-il.

"Certains types d'EnR permettent de valoriser des terrains lorsque les constructions se révèlent impossibles", confirme Tristan Carrère, ingénieur photovoltaïque à l'Ademe, qui coordonne une étude nationale sur le gisement de zones délaissées propices à l'implantation de centrales photovoltaïques. "Certaines installations de production d'EnR ont des fondations peu profondes, qui ne perturbent pas la réhabilitation du site, alors que l'implantation d'infrastructures lourdes n'aurait pas été possible", confirme Sébastien Kiss, project coordinator à la Spaque, organisme public chargé de la réhabilitation des sites pollués en déshérence en Wallonie.

Autre avantage ? Celui d'utiliser des terres en zones urbaines, industrielles ou commerciales. Ce qui permet d'éviter d'artificialiser des zones agricoles ou naturelles. Une préoccupation prise en compte par le code de l'urbanisme, qui conditionne l'implantation de constructions dans ces zones à la possibilité de maintenir une activité agricole, mais aussi par les appels d'offres lancés par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Ainsi, l'appel d'offres de 2016 portant sur les grandes centrales photovoltaïques au sol prévoit-il une note de pertinence environnementale maximale pour les projets implantés sur des sites dégradés : sites pollués, anciennes mines, carrières, décharges, sites situés sur le périmètre d'une installation classée (ICPE), etc..

Enfin, l'acceptabilité sociale des projets EnR se révèle bonne. "Le terme de « confinement sur site » a une connotation négative pour le public, tandis que la « production d'énergie renouvelable » est mieux acceptée", explique Sébastien Kiss, qui souligne aussi l'attrait que ces installations peuvent avoir pour l'implantation d'autres activités commerciales à proximité. "Au-delà de la production d'électricité renouvelable, l'exploitation de ces installations permet [aussi] de sécuriser des sites auparavant délaissés et de générer des emplois", fait également valoir Tristan Carrère.

Photovoltaïque en tête

Certaines filières EnR se révèlent toutefois plus adaptées que d'autres aux friches industrielles. Ainsi, Séverin Poutrel établit-il une hiérarchisation à l'issue de l'analyse d'opportunité effectuée sur 35 sites de la métropole lilloise. Le photovoltaïque se révèle le plus adapté car il présente moins de contraintes réglementaires et techniques : pas de dépollution pour les besoins du projet de valorisation énergétique, ni de fondations (bloc béton) ou alors des fondations minimes (pieux). "Mais la valorisation de ce potentiel net est fortement dépendant de montages juridiques et volontaristes innovants (dépôts de projets Appels d'offres CRE mutualisés, autoconsommation et montages financiers participatifs)", explique le représentant de Burgeap. Là où Sébastien Kiss annonce un amortissement des installations photovoltaïques au bout de 14 ans dans le contexte belge, M. Poutrel prévoit en revanche une rentabilité à 20 ans en France.

Les cultures énergétiques viennent en deuxième. "Les enseignements des projets de recherche, croisés avec les caractéristiques techniques des chaufferies locales (type de combustible acceptable) ont conduit à préconiser une stratégie de phyto-stabilisation (1) (et non de phyto-remédiation) orientée dans un premier temps vers une culture de peuplier avec la sélection de cultivars limitant les transferts de pollution dans la plante", explique M. Poutrel. Pour concevoir un modèle économique viable dans le contexte lillois, ces enseignements concluent également à la nécessité de 100 hectares de culture et une disponibilité des parcelles voisine de 30 ans pour un minimum de trois cycles d'exploitation de taillis à courte rotation. Ce qui peut se révéler incompatible avec la durée de disponibilité de certaines parcelles sur lesquelles sont d'ores et déjà planifiés des projets d'aménagement.

La géothermie et l'éolien viennent clairement en queue de peloton. La première se révèle techniquement possible sur certains sites pour satisfaire les besoins énergétiques des bâtiments lorsqu'une opération d'aménagement est programmée. "L'exploitation du potentiel géothermique est [donc] très liée à un programme d'aménagement et présente une forte complexité", explique Séverin Poutrel. Quant à l'éolien, il a l'avantage de n'exiger qu'une faible emprise au sol mais les inconvénients de présenter de fortes contraintes réglementaires et d'éloignement, ainsi qu'une moins bonne acceptabilité sociale. "Il a une vocation plus pédagogique", estime le représentant du bureau d'études.

Un ajout de complexité à un nœud de contraintes

La gestion des friches polluées est déjà un sujet complexe et l'ajout d'un projet de production d'EnR ne simplifie toutefois pas forcément les choses. "Chaque site est un nœud de contraintes et les projets EnR ajoutent de la complexité", témoigne ainsi Agnès Dalloz, chargée de mission Transition énergétique au sein de la Métropole européenne de Lille.

Au final, "les cas de figure les plus favorables semblent être les friches et les terrains délaissés sans projets d'aménagement (…) et donc sans concurrence d'usage à moyen et long terme", conclut l'analyse d'opportunités du projet lillois. La mobilisation des sites pour des durées de 20 à 30 ans s'y révèle en effet moins problématique "tant en terme d'affichage politique que d'acceptabilité sociale", estiment ses auteurs.

1. Technique permettant de maintenir la pollution dans le sol tout en produisant de la biomasse valorisable

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