Signé notamment par l'assureur Allianz, le groupe pharmaceutique Bayer, la banque Citigroup, le consortium industriel General Electric ou encore le constructeur automobile Volvo, la déclaration est le fruit de trois ans de réflexion. Depuis 2004, les divers membres de la table-ronde ont rassemblé plus de 100 parties prenantes et experts, deux fois par an, afin d'étudier les consensus potentiels sur le plan scientifique, technologique et économique pouvant servir de base à l'élaboration de politique publique sur le changement climatique. Les résultats de ces réflexions ont abouti à la rédaction d'un rapport complet dans lequel les signataires décrivent les technologies et les mesures rentables qui existent aujourd'hui et d'autres qui pourraient être déployées pour améliorer l'efficacité énergétique et pour réduire les émissions de GES dans les secteurs principaux de l'économie. A travers ce rapport, les entreprises invite les gouvernements à encourager le développement rapide de ces technologies à faible émission dans l'énergie et le transport et à mettre en place des incitations pour réduire les émissions. Le rapport demande par exemple de fixer des valeurs limites d'émissions de gaz à effet de serre et un prix au carbone afin d'encourager la décarbonisation de tous les secteurs.
En qualifiant les changements climatiques de « problème pressant », les entreprises témoignent de leurs inquiétudes et proposent un cadre proactif pour que l'action globale atténue les risques et les impacts liés aux changements climatiques tout en satisfaisant le besoin global d'énergie, de croissance économique et de développement.
Les compagnies elles-mêmes s'engagent à agir dans leurs propres opérations aussi bien en réduisant leurs émissions qu'en sensibilisant le public sur les risques des changements climatiques et les solutions possibles. Bien entendu, la lutte contre le changement climatiques implique des risques et des coûts. Mais les risques seront beaucoup plus grand si nous agissons pas, a déclaré Alain Belda, Président d'Alcoa, principal producteur mondial d'aluminium. Je suis convaincu que nous pouvons établir un plan d'action global contre les changements climatiques de manière à créer plus d'opportunités économiques que de risques, estime-t-il.
Cette action se rapproche fortement de celle entamée en janvier dernier par l'alliance U.S. Climate Action Partnership (USCAP). D'ailleurs plusieurs de ces membres se sont également engagés dans la « Global Roundtable on Climate Change ». Mais ce coup-ci, l'appel à la mobilisation est dirigé vers tous les gouvernements et semble vouloir répondre à l'inertie et l'incertitude qui plane sur la suite à donner au protocole de Kyoto en 2012. À l'occasion du second anniversaire du protocole, le commissaire européen, Stavros Dimas, a d'ailleurs invité la communauté internationale à entamer rapidement des négociations en vue d'une suite au traité. Le message était bien sûr dirigé vers les pays émergents mais également vers les pays industrialisés non signataires comme les Etats-Unis.
Il semblerait toutefois que l'idée fasse son chemin et que les Américains soient plus sensibles au discours sur les changements climatiques. La remise de l'oscar du meilleur film documentaire à l'ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore en est la preuve. De plus, un sondage réalisé par Le National Journal sur 113 membres du congrès américain dont 58 démocrates, révèle que 95% des démocrates et 13% des républicains pensent que l'origine anthropique du changement climatique a été scientifiquement prouvée. Les membres du congrès ont également été interrogés sur les mesures qu'ils pourraient soutenir. L'augmentation des investissements sur les carburants alternatifs est la mesure remportant le plus de succès chez 95% des démocrates et 71% des républicains. Globalement, les démocrates se déclarent plutôt favorables à une augmentation des normes de consommation d'essence et à un plafond sur les émissions de CO2. Les républicains interrogés se prononcent plutôt en faveur d'un renforcement de la filière nucléaire. Ce sondage reflète les réflexions en cours au congrès depuis l'entrée en fonctions de la nouvelle majorité démocrate. Dernièrement l'auteur du rapport sur les conséquences économiques du changement climatique, l'économiste anglais Nicholas Stern, a été auditionné par la commission sénatoriale de l'énergie et des ressources naturelles. Les présentations et les débats ont conclu à la nécessité pour les Etats-Unis d'envoyer un signal fort à la communauté internationale en adoptant, sans délai, des mesures d'encadrement de ses émissions de gaz à effet de serre.