Le choix de restreindre la collecte sélective des emballages plastiques ménagers aux seules bouteilles et flacons a été fait par l'éco-organisme Eco-Emballages à l'origine du système en 1993 pour des raisons économiques. Autrement dit, le financement de la collecte et du traitement de l'ensemble des emballages plastiques, autre que les corps creux, via la contribution versée à Eco-Emballages pesait trop sur les producteurs. Depuis, la question de l'élargissement de cette filière est régulièrement posée, notamment par les associations de protection de l'environnement et les collectivités locales, surtout à l'occasion des ré-agréments de l'éco-organisme.
En 2008, l'ADEME a publié une étude sur la possibilité d'étendre le recyclage aux films plastiques. Celle-ci avait permis de montrer l'intérêt d'un point de vue environnemental. Pour aller plus loin, une nouvelle étude plus complète réalisée par PriceWaterhouseCoopers, Ecobilan et Cadet International vient d'être publiée par l'Ademe et Eco-emballages.
Faisabilité technique
Selon cette étude, l'extension du recyclage à tous les emballages plastiques pourrait se traduire par une collecte de 185.000 tonnes supplémentaires via les collectes sélectives, réparties en 17% de gisements supplémentaires de bouteilles et flacons et 83% d'emballages souples et rigides.
Sur le plan technique, l'étude conclut que la collecte de l'ensemble des emballages plastiques ne devrait pas nécessiter de modifications organisationnelles insurmontables même si l'adaptation serait plus compliquée en milieu urbain. Les capacités des centres de tri devront en revanche être accrues notamment pour les emballages souples pour lesquels il n'existe pas de technique automatisée. ''La diversité des centres de tri est ainsi une donnée déterminante pour l'évaluation de la faisabilité technico-économique puisque le nombre d'emplois à temps plein additionnels sera très variable d'un type de centre de tri à l'autre'', peut-on lire dans l'étude qui estime que près de 1.000 emplois pourraient être créés grâce à l'extension de la filière principalement dans les centres de tri.
Sur le plan environnemental, la réalisation d'une Analyse de Cycle de Vie (ACV) a permis d'identifier des bénéfices environnementaux sur de nombreux indicateurs : consommation d'énergie primaire totale, émissions de gaz à effet de serre, consommation de pétrole, acidification de l'air. Seule la consommation d'eau de la filière pourrait augmenter.
Une filière qui ne pourra pas s'autofinancer
Sur le plan économique, le surcoût net s'établit entre 535 et 786 euros par tonne dont une part très significative pour l'étape de tri. Les étapes de collecte et de transports sont plus faiblement impactées. L'étude conclut par ailleurs que ''même en considérant le niveau d'incertitude lié aux hypothèses considérées, il est clair que le prix de reprise des matériaux triés ne pourra pas couvrir le coût de la collecte sélective et du tri. La filière n'est donc pas en mesure de s'autofinancer à partir de la seule valeur des matériaux recyclés obtenus''.
Suite à la publication de l'étude, le Centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIID), Agir pour l'environnement et les Amis de la Terre ont plaidé en faveur de l'extension de la filière de recyclage des plastiques. ''Le principal scénario étudié, s'il était mis en œuvre, porterait le taux de recyclage des emballages plastiques de 21 % actuellement à 37 %. L'objectif européen serait alors dépassé'', expliquent les associations dans un communiqué commun. ''Le recyclage d'autres emballages en plastique en plus des bouteilles et flacons éviterait chaque année l'émission d'au moins 350.000 tonnes équivalent CO2. C'est comme si 40.000 habitants n'émettaient plus de CO2 pendant un an'', précise Hélène Bourges du CNIID.
Encore faut-il que les acteurs de la filière, que ce soient les producteurs d'emballages ou les collectivités, soient prêts à assumer le surcoût engendré par cette extension sachant que les négociations en cours pour le nouveau barème d'indemnisation des collectivités sont déjà très compliquées rien pour les filières de recyclage actuelles.
Les auteurs de l'étude donnent toutefois les pistes pour une mise en place ''en douceur''. Ils conseillent notamment de pousser les réflexions pour confirmer la pertinence et la faisabilité d'une telle extension. ''Une phase pilote de test pourrait par exemple être montée à l'échelle de quelques collectivités en vue de mieux appréhender les difficultés sur le terrain liées à la collecte et au tri de ces nouveaux plastiques'', peut-on lire dans l'étude. Les auteurs précisent également qu'il faudra prendre une décision sur le mode d'ouverture des consignes de tri : ouverture progressive des consignes au niveau géographique ou ouverture totale à l'ensemble du territoire, tout en analysant le comportement des habitants. ''Une extension partielle aux seuls emballages rigides pourrait se faire à un moindre surcoût à condition que le changement de consigne n'entraîne pas plus d'erreurs de tri de la part des habitants qu'aujourd'hui''.