Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Un tiers des oxydes d'azote présents dans l'atmosphère de l'Arctique est émis par le manteau neigeux

Une récente étude du CNRS publiée dans la revue Science révèle que le manteau neigeux de l'Arctique est à l'origine de la présence d'oxyde d'azote dans l'atmosphère de la région à un niveau important puisque cela concerne un tiers des NOx présents.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
   
Un tiers des oxydes d'azote présents dans l'atmosphère de l'Arctique est émis par le manteau neigeux
Banquise arctique recouverte de neige et instruments de mesures chimiques et météorologiques (Alert, printemps 2004)
© S. Morin
   
En Arctique, la neige qui recouvre les terres émergées et la banquise fait l'objet de nombreuses recherches notamment au CNRS. Les scientifiques pressentent qu'elle est à l'origine de profondes modifications de l'atmosphère surtout au printemps lors du retour des premiers rayons du soleil. Une équipe des universités Joseph Fourier et Marie Curie se sont penchés tout particulièrement sur la capacité du manteau neigeux à interagir avec les oxydes d'azote.

Un cycle de l'azote mieux quantifié

Sous les latitudes européennes, les oxydes d'azote sont émis par des phénomènes naturels comme les feux de forets et les éclairs mais également par les activités humaines : émissions automobiles et activités industrielles (incinération, centrale thermique, etc). Ces gaz polluants interagissent avec d'autres émis par les activités humaines comme les composés organiques volatiles et provoquent la formation d'ozone dans les grandes agglomérations. Ils sont également oxydés en nitrate qui s'incorpore dans les particules de l'atmosphère et voyagent ainsi au travers des courants atmosphériques vers les pôles.
Grâce à des études antérieures, les scientifiques du CNRS ont appris que dans l'Arctique, le nitrate se dépose sur le manteau neigeux et est ainsi incorporé dans la neige. Au printemps, dès les premiers rayons de soleil, ce nitrate est transformé en oxyde d'azote qui repasse dans l'atmosphère conduisant à des perturbations de la chimie atmosphérique arctique.

Grâce à de nouvelles études, les équipes de recherche du CNRS ont réussi à quantifier ce phénomène. En mesurant la composition isotopique de l'azote et de l'oxygène du nitrate atmosphérique collecté dans l'Arctique canadien (station Alert, Nunavut), les chercheurs ont démontré que près d'un tiers du nitrate atmosphérique arctique provient des émissions d'oxydes d'azote par le manteau neigeux, le reste provient directement du transport atmosphérique depuis les moyennes latitudes.
Les chercheurs révèlent également que ces oxydes d'azote interagissent avec des composés halogénés et notamment les radicaux BrO contenus dans le sel de mer et émis par l'océan via l'interface que constitue la banquise. Les NOx transforment le BrO en brome libre qui réagit à son tour avec l'ozone et le détruit.

Un cocktail chimique complexe

Cette dernière étude publiée dans la revue Science du 31 octobre* vient compléter une série de recherches menées depuis plusieurs années sur le manteau neigeux de l'Arctique. Outre les oxydes d'azote, la neige libère d'autres polluants et constitue par conséquent un véritable cocktail chimique. Selon une étude réalisée en 2003 au sein de l'université Joseph Fourier le mercure fait partie de ces toxiques. Pendant l'hiver, la neige qui se dépose au sol stocke le mercure provenant de l'atmosphère. Au début du printemps, 20 % du mercure stocké retournent à l'atmosphère grâce à l'action du rayonnement solaire et les 80 % restants sont incorporés en très peu de temps dans les eaux de fonte. Dans la région étudiée située près d'un village inuit dans le nord du Canada et grande comme la France, ce sont 400 à 700 kg de mercure qui se retrouvent en une semaine dans l'environnement. Cette intrusion brusque et massive d'un polluant capable de s'accumuler dans la chaîne alimentaire aurait des conséquences importantes sur l'empoisonnement des écosystèmes arctiques et des populations locales qui se nourrissent des produits de la mer.

*Référence de l'étude : Morin, S., Savarino, J., Frey, M.M., Yan, N., Bekki, S., Bottenheim, J.W., Martins, J.M.F. Tracing sources and sinks of NOx in the Arctic atmosphere using stable isotopes in nitrate, Science, 31 octobre 2008.

Réactions5 réactions à cet article

De l'air , de l'ozone et du CO2...

Bonjour.
Cet article est très interressant à plus d'un titre, pour ceux qui vont savoir le lire.
1) De l'azote (sous forme d'oxyde) est libéré par la neige (et la glace sous jacente). Ce qui veut dire que par un jeu d'enrichissement relatif les bulles d'air vont voir leur composition chimique fortement modifiée. Quid des analyses de la teneur en CO2 chèr au GIEC. Puisque ces bulles d'air sont sensée être le strict reflet de l'atmosphère au moment de leur formation, alors qu'il apparait que ce n'est pas le cas???
2) Les oxyde d'azote interragissent avec le Brome pour attaquer la couche d'ozone. Mais alors les trous au dessus de l'arctique et de l'antarctique seraient dus à des phénomènes naturels. On nous auraient mentis " à l'insu de notre plein gré"...

Bien cordialement.

Daniel | 04 novembre 2008 à 14h41 Signaler un contenu inapproprié
Re:De l'air , de l'ozone et du CO2...

En effet, cet article est intéressant puisque qu'il apporte diverses informations sur le devenir des NOx à l'échelle d'un hémisphère.
Le 1er point que vous évoquez n'a rien à voir avec l'étude dont fait l'objet cet article. Les analyses d'air concernant les taux de CO2 se font principalement sur des glaces fossiles et non sur ces glaces et neiges du Nunavut.
En ce qui concerne les réactions entre BrO (naturel) et NOx (naturel et essentiellement d'origine humaine), il n'est pas cité dans l'article l'origine naturelle. Les NOx proviennent essentiellement de l'activité humaine (transport, réaction de combustion, chimie). On ne nous a pas menti sur les trous dans la couche d'O3 au-dessus des zones polaires. Ce sont des réactions de destruction de l'ozone qui sont assez bien connues.
Je pense qu'il faut lire l'article dans sa version complète pour se faire une opinion claire et objective.

lsegaud13 | 06 novembre 2008 à 10h53 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:De l'air , de l'ozone et du CO2...

Bonjour lsegaud13.

Il faut bien comprendre que cette étude montre un phénomène naturel sur de la neige continentale (qui se produit aussi et surement sur la neige qui tombe sur la banquise. Mais aussi que ce phénomène se produit aussi sur la neige du continent antarctique. Ensuite des carottes de glaces ont été faite sur les inlandsis du groënland ou du nunavut.
Donc le premier point que j'abord à tout à voir, au contraire. Puisque cette étude montre que 1/3 des NOX au dessus du pôle Nord (ou il y a aussi un trou dans la couche d'ozone si vous l'ignoriez) provient de la neige elle même.
Hors les glaces (qui ne sont pas fossiles...) des inlandsis se forment par la compression des couches de neiges superficielles. Donc si vous modifez dans ces couches de neiges une partie de leur atmosphère avant qu'elle ne soit emprisonnée dans les bulles d'air, vous modifier ipso facto les résultats des analyses de ces mêmes bulles. J'espère avoir été plus clair ainsi.

La réaction entre Brome et Nox est une réaction naturelle forcément puisqu'elle se passe dans l'air au dessus du pôle nord, et non dans un laboratoire (artificielle). Ensuite 1/3 des Nox proviennent de la neige, l'article ne dis pas que les 2/3 restant sont d'origine humaine. En fait plusieurs sources naturelles existent comme la mer (le brassage des eaux de surface), les sols (produit du cycle de l'azote par les bactéries nitrifiantes et dénitrifiantes), les orages ( formation autour des décharges électriques) la combustion de toute manière organique... Il est donc faux de dire (ce que prétendent encore les ONG écolo) que les NOX sont tous d'origine humaine. Ce que démontre parfaitement cet article.

Pour info un article du cnrs montrant les transfert et proportionalité dans les couches de neige depuis plus de 5000 ans:
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb15/02_variabilite.htm

Enfin, je ne remet pas en cause la présence des "trous" dans la couche d'ozone. Juste comme beaucoup de scientifique et physicien de l'atmosphère je remet en cause l'origine. Rien ne prouve que ces "trous" ne soient pas naturels (c'était le sens de mon propos) du fait des réactions chimiques qui amènent à la dégradation de l'ozone stratopshérique.

Bien cordialement à vous.

Daniel | 06 novembre 2008 à 14h22 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:De l'air , de l'ozone et du CO2...

Bonjour,

Je suis l'auteur principal de cette étude et il me semble utile de clarifier quelque chose pour les 2 points abordés :

1. contrairement aux NOx, qui ont un temps de vie extrêmement court dans l'atmosphère (de quelques heures environ), le CO2 est gaz beaucoup plus inerte une fois dans l'atmosphère polaire. Donc la chimie atmosphérique des oxydes d'azote et du CO2 n'ont pas grand'chose à voir, et notre étude ne remet absolument pas en cause les conclusions tirées des carottes de glace, pour ce qui est du CO2. En revanche, il est clair que toute étude sur les composés azotés (nitrate) dans les carottes de glace doit tenir compte du recyclage en surface de la neige.

2. Ozone : il est explicite dans notre article que ce phénomène touche l'ozone des _basses_ couches de l'atmosphère (0-1 km), contrairement au trou d'ozone qui affecte l'ozone stratosphérique (au dessus de 10 km). Il y a donc lieu de séparer le trou d'ozone médiatique, celui qui est lié à la présence de CFCs d'origine essentiellement humaine dans la stratosphère, de ces sortes de minis trous d'ozone au niveau de la surface, qui sont très vraisemblablement d'origine naturelle (dans ce cas, les oxydes de brome proviennent du sel de mer, non de la décomposition des CFCs - inutile de préciser que les aérosols de sel de mer, autrement dit les embruns, ne parviennent pas dans la stratosphère !).

Merci en tous cas pour votre intérêt pour ces études,
Samuel Morin (LGGE Grenoble).

S. Morin | 07 novembre 2008 à 21h36 Signaler un contenu inapproprié
volcans

Comment comptez vous éteindre les volcans?
Ils émettent du CO2 en grosse quantité.
Au quaternaire les glaciers du pole ont fondus, les hommes n'émettaient pas de CO2.

pauphilibert | 11 novembre 2008 à 18h16 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Florence Roussel

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager