© Marvin Simchen
Depuis, l'image des agrocarburants a fortement évolué et les études mettant en doute leurs intérêts se sont multipliées. Dans un rapport publié mercredi, l'agence humanitaire Oxfam révèle ainsi que les agrocarburants sont responsables de 30% de l'augmentation des prix des denrées alimentaires dans le monde alors qu'au même moment l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) prévoit un doublement de la production mondiale d'agrocarburants d'ici 2030.
Des divergences sont surtout apparues entre les méthodes d'analyse du cycle de vie (ACV) et du bilan environnemental déployées par les différents Etats membres de l'Union européenne. C'est pourquoi, l'ADEME, conjointement avec l'Institut Français du Pétrole (IFP), le ministère de l'écologie, le ministère de l'agriculture et l'Office national interprofessionnel des grandes cultures (ONIGC), a lancé dès juillet 2007 un appel d'offres pour réaliser une étude sur « la méthodologie à appliquer pour établir le référentiel des bilans d'énergie, de GES et des polluants atmosphériques locaux des biocarburants de 1ère génération en France ».
Quatre facteurs clefs
Après un an de travaux, l'ADEME publie ses observations et ses conseils quant à la méthode à employer. Elle révèle premièrement que le changement d'affectation des sols est un des facteurs déterminants pour le calcul des bilans. Si les puits de carbone que sont les prairies et les forêts sont transformés en terres de culture pour des biocarburants, le carbone stocké est largué dans l'atmosphère et le bilan d'émissions de GES devient très négatif, explique l'ADEME. Il faut par exemple 200 ans pour revenir à un bilan CO2 positif quand une forêt est abattue au profit d'une culture destinée à la production de biocarburant, ajoute-t-elle.
La répartition des consommations et des émissions de GES entre produits et coproduits est également un élément clef pour les calculs. Pour répartir les émissions de GES entre les agrocarburants (le produit principal) et les coproduits de fabrication (tourteaux par exemple), l'étude recommande de se baser sur le contenu en énergie respectif des agrocarburants et des co-produits. Cette préconisation rejoint celle de la proposition de directive européenne relative à la promotion des énergies renouvelables.
Autre point important : les quantités de
L'ADEME a par ailleurs cherché à prendre en compte les émissions de GES et les consommations d'énergie relatives à la phase de construction des infrastructures (silos, bâtiments agricoles, usines) et des équipements (tracteurs, machines) nécessaires à la production des agrocarburants. Rappelant que l'objectif de l'ACV est de comparer les filières agrocarburants et les filières pétrolières, l'étude recommande de ne pas prendre en compte ces données puisqu'elles ne sont pas comptabilisées pour la filière pétrolière.
Des résultats culture par culture attendus pour la fin de l'année
En attendant l'agence poursuit ces analyses et lance dès aujourd'hui, en association avec le ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de l'Aménagement du territoire (MEEDDAT), le ministère de l'Agriculture et de la Pêche et l'ONIGC, une étude complémentaire pour actualiser les données disponibles sur les différentes filières et évaluer sur la base de ce nouveau référentiel, leurs bilans culture par culture. Cette étude permettra de mener à son terme le bilan exhaustif et contradictoire recommandé par le Grenelle de l'Environnement, explique l'ADEME. L'agence y voit également le moyen de préparer la mise en place d'un dispositif permettant de garantir le caractère durable des agrocarburants, en lien avec les travaux en cours au niveau européen.
Les résultats de cette étude devraient être disponibles à la fin de l'année 2008 et ils sont attendus avec impatience par les industriels du secteur. L'étude apportera ainsi des éléments permettant de lutter contre les récents amalgames qui tendraient à remettre en cause les avantages de l'ensemble des biocarburants, sans distinction d'origine ni de modalités de production, espère Prolea, industriel producteur de biodiesel.