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Actu-Environnement

L'étude de la mousson africaine et de ses relations avec le climat global se poursuit

La 2ème conférence internationale AMMA qui s'est tenue cette semaine a été l'occasion pour 300 scientifiques de présenter les résultats de la dernière campagne d'observation et de faire le point sur les connaissances des mécanismes de la mousson.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
La mousson africaine est une source vitale de pluie dans les régions du Sahel. En moyenne annuelle, les précipitations à Niamey, capitale du Niger, sont les mêmes qu'à Paris mais toute l'eau tombe en trois mois. La mousson joue également un rôle important à l'échelle du globe. Or depuis trente ans, l'Afrique de l'Ouest est frappée par une sécheresse d'une ampleur et d'une durée sans précédent liée à des perturbations de la mousson africaine. Afin de mieux comprendre les raisons de ces perturbations, des chercheurs français ont lancé en 2001 le programme Analyses Multidisciplinaires de la Mousson Africaine (AMMA). Aujourd'hui ce programme regroupe plus de 140 laboratoires européens, africains et américains. Les connaissances déduites des observations servent à créer des modèles permettant de mieux prévoir les variations et les répercussions de la mousson sur le climat local, régional et global mais aussi sur les populations, ses impacts sur la santé, les ressources agricoles et les ressources en eau.

La 2ème conférence internationale AMMA qui s'est tenue du 26 au 30 novembre dernier a donc été l'occasion pour 300 scientifiques de présenter les résultats de la campagne d'observation 2006. La mousson étant un système couplé océan, atmosphère et continent, des moyens lourds ont pour la première fois été mobilisés pour analyser les interactions entre ces trois compartiments.
Les dernières observations confirment ainsi que l'océan Atlantique joue un rôle important dans le démarrage et l'intensité de la mousson d'Afrique de l'Ouest. Plusieurs bateaux océanographiques ont permis d'observer l'océan en profondeur pendant plusieurs années. Des variations de température de surface de la mer qui contribuent à des différences de moussons marquées ont été mises en évidence. Alors que cette variabilité est essentiellement due à la remontée d'eaux profondes équatoriales, cette augmentation de la température de surface de la mer semble avoir affecté la puissance des vents de la région et par conséquent la date de début de la mousson.
D'autres travaux ont également permis de révéler que l'Afrique de l'Ouest était exposée à des variations de l'effet de serre provoquée par la fumée provenant de la combustion de la biomasse et par la poussière minérale arrachée par le vent.

Les études sur l'influence du climat africain sur le changement climatique global ont par ailleurs porté sur la relation entre les orages d'Afrique de l'Ouest et l'ozone. L'ozone étant un gaz à effet de serre, sa présence à basse altitude peut perturber les conditions climatiques de la région concernée et il semblerait que les orages influencent fortement la distribution de l'ozone et de ses précurseurs dans les tropiques. Des mesures détaillées ont donc été réalisées à proximité des grands systèmes orageux qui s'étendent sur plusieurs centaines de kilomètres pour rechercher leur impact sur le transport et la chimie de l'ozone. La campagne de terrain a au final fourni des données détaillées de la composition chimique du sol jusqu'à 20 kilomètres. Des concentrations fortement accrues d'oxyde d'azote provenant des éclairs ont été mesurées dans la partie haute des systèmes orageux. Les observations dans l'air transporté en dehors des orages à travers plusieurs milliers de kilomètres ont démontré la formation d'ozone dans ces masses d'air. Les analyses dans la basse atmosphère ont également mis en évidence des concentrations moins élevées au-dessus des régions forestières qui agissent comme des puits d'ozone par déposition.

Par ailleurs, plusieurs équipes se sont penchées sur la productivité de la terre et sa vulnérabilité au changement climatique. Le système d'Afrique de l'Ouest est caractérisé par un fragile équilibre entre l'offre en ressources naturelles et la demande de nourriture d'une population en augmentation. Dans ce contexte, la productivité agricole, pastorale et forestière représente une question clé pour le développement durable et la stabilité politique de la région, directement liée à la variabilité du climat. Selon les analyses du programme AMMA, l'utilisation de la terre a changé de manière significative durant ces 30 dernières années à cause de changements dans le régime hydrologique de cette région, dans la distribution de la population et dans les stratégies d'adaptation et de minimisation des risques adoptées par la population. La compréhension de la relation entre ces changements et le climat doit permettre d'identifier la capacité de la région à supporter ces mutations et de prévoir l'impact des modèles climatiques sur les terres. La campagne AMMA a par exemple permis le développement de modèles de cultures améliorés pour les aliments primordiaux somme le sorgho et le mil.

Plus globalement, la modélisation du climat qui bénéficiera de tous les résultats du programme AMMA est cruciale pour leur utilisation dans les prises de décision politique. Lors du dernier rapport du GIEC, le groupe soulignait que l'Afrique, à cause de sa capacité d'adaptation faible et des impacts conséquents du changement du climat prévus fait face à un risque important avec l'accroissement des gaz à effet de serre. Et en effet, cette région est à l'heure actuelle celle qui présente le plus de résultats contradictoires dans l'estimation du climat sur 50 ans, alors que le besoin de scénarios fiables est critique pour le devenir de cette région. C'est pourquoi, la communauté scientifique d'AMMA projette la poursuite de ces travaux bien au delà de 2010.

Réactions1 réaction à cet article

félicitation

trés bon article,intéressant pour un apparenti géographe.

Anonyme | 02 avril 2009 à 16h40 Signaler un contenu inapproprié

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