Dimanche 11 décembre 2011, la 17ème Conférence des parties (COP 17) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s'est achevée sur un accord obtenu avec 36 heures de retard. C'est lors d'une ultime suspension de séance durant la plénière finale que sont négociés, entre Jayanthi Natarajan, la ministre indienne de l'Environnement, et Connie Hedegaard, la commissaire européenne en charge du climat, les termes exacts définissant le futur accord international.
Quelles sont les options retenues en vue de cet accord qui doit être signé dans quatre ans ? Les négociateurs en envisagent trois : un protocole, un autre instrument légal ou "une solution concertée ayant une force légale (1) ".
Quatre ans pour clarifier la forme juridique
Selon Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la CCNUCC, ce texte constitue "un accord historique qui aborde l'ensemble des questions importantes". En effet, pour le secrétariat de la Conférence-cadre, les négociations sud-africaines ont permis "aux gouvernements de s'entendre pour adopter un accord juridique universel aussi vite que possible et pas plus tard qu'en 2015". Quant à la forme juridique du futur accord, Christiana Figueres, considère que le protocole de Kyoto, qui survit du fait de l'engagement pris par l'Union européenne, pourrait fournir un modèle "pour orienter les négociations vers les accords à venir".
Interrogé par l'AFP, Emmanuel Guerin, Directeur du programme climat de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), juge pour sa part que "l'incroyable dramaturgie de la dernière nuit où l'Europe a pris, avec succès, le risque de faire capoter les discussions pour forcer l'Inde à bouger, marquera les esprits". Selon le spécialiste, dont l'institut avait rédigé une proposition conciliant les différentes positions des Etats, "au-delà de l'exégèse de ces trois formules, on retiendra de Durban l'idée d'une certaine forme d'accord juridiquement contraignant".
Etats-Unis et Chine satisfaits
Du côté des grand Etats qui ont dominé les négociations, chacun se félicite d'un accord qui laisse suffisamment de portes ouvertes pour y trouver des motifs de satisfaction.
Ainsi, pour Todd Stern, l'envoyé spécial des États-Unis sur les changements climatiques, l'effort portera sur les pays émergents. "L'affaire s'est finalement bien terminée", a-t-il estimé, considérant que "c'est la première fois que l'on va voir des pays en développement accepter d'être tenus par un accord légal sur le climat".
Quant à la Chine, elle juge que l'effort portera avant tout sur les pays industrialisés. Interrogé par l'agence de presse chinoise Xinhua, le chef de la délégation chinoise, Xie Zhenhua, a jugé que "la conférence a amené à des décisions sur les arrangements de la seconde période de mise en application du Protocole de Kyoto, qui constitue la question la plus préoccupante pour les pays en développement". Pour la Chine, le principe des responsabilités communes mais différenciées (2) est donc préservé. "Nous attendons que les pays développés fassent preuve de sincérité politique l'année prochaine au Qatar", a-t-il par ailleurs précisé.
De tous petits pas
Quant à l'Union européenne (UE), qui souhaitait obtenir un engagement ferme en faveur d'un accord contraignant en contrepartie de la prolongation du protocole de Kyoto, elle semble satisfaite. "Nous l'avons fait", se réjouissait Connie Hedeggard dans un dernier message sur tweeter, précisant que "la stratégie de l'UE a fonctionné". "L'UE voulait plus d'ambition [par rapport aux résultats obtenus à Copenhague (Danemark) et de Cancun (Mexique)], et nous l'avons eu", indiquait-elle plus tard dans un communiqué officiel.
Pour sa part, Marcin Korolec, le ministre de l'Environnement polonais, dont le pays préside le Conseil de l'UE, juge que le résultat de Durban ne peut conduire qu'à l'accord contraignant et global recherché en vain depuis quatre ans. "Nous avons adopté la plateforme de Durban qui nous conduira d'ici 2015 vers un accord légalement contraignant auquel participeront tous les pays", a-t-il expliqué, après avoir comparé le sommet sud-africain à la conférence de Berlin (Allemagne) qui en 1995 avait ouvert la voie à l'adoption du protocole de Kyoto deux ans plus tard.
Un optimisme que ne partage pas nécessairement Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l'Écologie, qui prévient : "ne soyons pas naïfs, ce sont de tous petits pas, mais c'est la preuve que l'on peut avancer". Des propos tenus en référence aux légères inflexions des positions américaine, chinoise, et indienne. Il s'agit d'aller vers "un accord plus large et plus ambitieux, incluant tous les pays", indique le ministère ajoutant que le but poursuivi est un "accord global qui aura force légale". Le texte, rien que le texte en somme.
Il reste maintenant quatre ans de négociations pour définir cette "solution concertée ayant une force légale " et mesurer l'écart qui la sépare – ou pas - d'un accord légalement contraignant.