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L'exposition des femmes enceintes aux polluants serait stable voire en baisse

Les résultats d'un programme national de biosurveillance montrent que les femmes enceintes sont exposées à de multiples polluants dont le BPA, les phtalates et une famille d'insecticides. Les niveaux seraient stables voire en baisse.

Risques  |    |  D. Laperche
L'exposition des femmes enceintes aux polluants serait stable voire en baisse
Environnement & Technique N°365
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°365
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"Le bisphénol A, les phtalates, les pyréthrinoïdes (famille d'insecticides), les dioxines, les furanes, les PCB, les retardateurs de flamme et les composés perfluorés [sont] quantifiés chez près de la totalité des femmes enceintes, indique l'agence nationale Santé publique France (appelée anciennement l'Institut de veille sanitaire). Ce constat confirm[e] l'omniprésence de ces substances et ce malgré les restrictions d'usage de certains de ces polluants".

Ces résultats (1) sont issus du volet périnatal du programme national de biosurveillance, prévu dans le second Plan national santé environnement. L'objectif ? Surveiller la présence dans l'organisme de substances chimiques issues de l'environnement.

Cette étude s'appuie sur les prélèvements recueillis au moment de l'accouchement (sang de cordon, urines, cheveux, sérum) de 4.145 femmes enceintes. Des données relatives à leurs santé, consommations alimentaires au cours de la grossesse, modes de vie (consommation de tabac, d'alcool, utilisation de cosmétiques, etc.) ont également été recueillies grâce à des questionnaires.

Les femmes intégrées à l'étude font partie de la cohorte du programme Elfe qui prévoit de suivre 20.000 enfants de la naissance à l'âge adulte afin de mieux comprendre les incidences de l'environnement sur la santé. Des premiers résultats de ce programme diffusés en novembre 2014 montraient une réduction de moitié de l'exposition des femmes enceintes au plomb par rapport à des mesures effectuées en 2006, une stagnation de celle au mercure et une division par trois de l'imprégnation au bisphénol A (BPA).

Ce rapport présente l'exposition à différents polluants organiques : BPA, phtalates, pesticides (2) , dioxines, furanes et polychlorobiphényles (PBC), retardateurs de flammes bromés et composés perfluorés.

Un niveau d'exposition stagnant voire en baisse

"Les niveaux d'imprégnation mesurés dans le volet périnatal étaient généralement similaires voire inférieurs à ceux observés dans les études antérieures françaises et étrangères, y compris dans celles menées auprès de femmes enceintes, note dans sa conclusion Santé publique France. Ces diminutions pourraient s'expliquer en partie par la mise en place de réglementations (atrazine, DEHP, dioxines, furanes) et par des réductions d'usages liées aux évolutions industrielles (substitution du BPA, de certains phtalates et des pesticides organochlorés et organophosphorés)".

Dans le détail, les résultats montrent que le BPA a été détecté chez 70% des femmes enceintes. Les niveaux observés seraient toutefois inférieurs à ceux mesurés dans les précédents travaux. Cette exposition augmentait avec la consommation d'aliments en contact avec des matières plastiques ou des résines contenant du BPA (aliments pré-emballés dans du plastique ou en boîtes de conserve, eau en bouteille ou en bonbonne et vin).

Autres facteurs jouant sur l'imprégnation : la présence de linoléum dans le logement et l'utilisation prolongée de la télévision. "Ces deux variables suggéraient l'existence d'une exposition au BPA par l'inhalation de BPA potentiellement émis dans l'air intérieur à partir des équipements et matériaux présents dans le domicile, voire l'ingestion de poussières contaminées", suppose Santé publique France.

Le fait d'accoucher par césarienne pourrait également entraîner une exposition ponctuelle au BPA contenu dans le matériel médical utilisé.

99,6% des femmes exposées à au moins un phtalate

99,6% des femmes de l'étude ont été exposées à au moins un phtalate. A l'exception des métabolites du DiNP (3) , les niveaux seraient également en baisse. La principale voie de contamination est alimentaire avec la consommation d'aliments riches en matières grasses (crème fraîche, glaces, entremets) susceptibles d'avoir été en contact avec des matériaux contenant des phtalates. L'utilisation de cosmétiques (l'imprégnation est augmentée de 27% chez les femmes en utilisant plus de cinq par jour), de peinture ainsi que le temps quotidien consacré aux tâches ménagères (l'imprégnation est augmentée de 60% chez les femmes qui y consacrent plus de deux heures par jour par rapport à moins d'une heure par jour) influencent également l'exposition.

En revanche, les niveaux de pesticides (4) mesurés sont restés faibles à l'exception d'une famille d'insecticides : les pyréthrinoïdes, retrouvés à 100%. Néanmoins, aucune femme ne dépasse le seuil sanitaire fixé à 40 μg/L. Santé publique France relie cette imprégnation à l'exposition au tabac pendant la grossesse, la consommation de poissons, de pommes, d'alcool et à l'utilisation d'insecticides (contre les insectes volants et rampants) ou de produits anti-puces. La présence de vignes et de cultures de fruits (vergers, fruits à coques et fruits oléagineux) à proximité du lieu de résidence pèse également sur le niveau d'exposition.

Du fait d'un manque dans l'échantillonnage, les résultats pour les dosages de dioxines, furanes, PCB ou des retardateurs de flamme ne sont représentatifs (5) que des femmes enceintes suivies dans l'étude. Néanmoins, les mesures indiquent un niveau de concentration quantifiable pour au moins un type de polluants. Enfin, au moins un composé perfluoré a été dosé chez toutes les femmes suivies. Toutefois, de la même manière, au vue du nombre de sujets pour lesquels les composés perfluorés ont été dosés et de la non-représentativité de l'échantillon, les résultats n'ont été étudiés qu'à titre exploratoire.

Un second rapport sur l'exposition aux métaux ainsi qu'un dernier volet qui fournira des éléments d'aide à la décision aux acteurs de santé public sont attendus.

Vers une évaluation de l'effet cocktail ?

Les résultats de ce premier rapport du volet périnatal du programme national de biosurveillance a suscité différentes réactions de la part des associations. "Nous appelons à mettre enfin en place une évaluation stricte et poussée de cet effet cocktail et de ces molécules (…) dont les conséquences pour la santé sont avérés !", a réagi Générations futures. Le Réseau Environnement Santé a quant à lui interpelé les ministres de la Santé et de l'Environnement pour qu'ils organisent une réunion du comité de suivi de la Stratégie nationale Perturbateurs endocriniens afin d'examiner les conséquences à tirer de cette enquête.

1. Télécharger les premiers résultats du programme national de biosurveillance de Santé publique France
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-28056-rapport-biosurveillance-polluants-organiques.pdf
2. Herbicides (Atrazine et métabolites, glyphosate et AMPA, Carbamates (Propoxur, 2 IPP), Chlorophénols, Organophosphorés, pyréthinoïdes.3. Les niveaux d'imprégnation des femmes enceintes par le métabolite du DiNP (MCiOP) étaient supérieurs en 2011 à ceux observés en France entre 2003 et 2006. Ce résultat pourrait s'expliquer par la substitution de certains phtalates par le DiNP.4. Les herbicides (atrazine et ses métabolites, le glyphosate et son métabolite l'AMPA) ont été quantifiés chez moins de 1% des femmes enceintes françaises. Environ une mère sur cinq présentait un niveau quantifiable de propoxur ou de son métabolite, le 2-IPP. Près d'une mère sur dix présentait un niveau quantifiable pour au moins un biomarqueur de chlorophénols. Une femme sur deux présentait un niveau quantifiable pour au moins un métabolite de pesticides organophosphorés, mais les taux de quantification pour chaque biomarqueur étaient généralement faibles (entre 0% et 28,2%).5. Les polluants comme les dioxines, furanes et polychlorobiphényles (PBC), retardateurs de flammes bromés et composés perfluorés ont été dosés dans le sérum des femmes enceintes.
Toutefois, différentes maternités faisant parties de l'échantillon n'ont pas fourni les prélèvements de sérum, notamment en Haute Normandie et en Picardie où l'absence de réponse atteint 100%.

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