Une étude, coordonnée par l'Inra (1) et publiée dans la revue Nature Communications (2) le 10 juillet, montre que la sensibilité des abeilles aux produits phytosanitaires varie selon leur environnement. Dans une précédente étude, les chercheurs avaient observé que les abeilles exposées à de faibles doses au même principe actif utilisé dans les pesticides néonicotinoïdes, le thiaméthoxame, étaient désorientées. Pour rappel, l'utilisation du thiaméthoxame a été suspendue pour deux ans par l'Union européenne, à compter de décembre 2013, après que l'Efsa ait alerté sur des risques sanitaires pour les abeilles.
Paysages complexes : une abeille sur trois ne retrouve pas la ruche
Le phénomène de désorientation pourrait être amplifié par les conditions météorologiques et la complexité du paysage, concluent les chercheurs après avoir équipé un millier d'abeilles de micropuces électroniques RFID et exposé certaines d'entre elles à cette substance active. Les abeilles "ont ensuite été relâchées à 1 km de leur ruche dans des paysages de structure différente (paysage bocager ou plaine en agriculture intensive) et dans des conditions météorologiques plus ou moins favorables (ciel dégagé et températures supérieures à 28°C ou ciel nuageux et températures entre 15 et 20°C)". Lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, le risque moyen de non-retour à la ruche augmente de 3 à 26%. Il peut atteindre 35% dans les paysages complexes comme les bocages, contre 18% dans les paysages ouverts.
"Pour rentrer à la ruche, les abeilles s'orientent grâce à la position du soleil et aux repères visuels (arbres, haies, lisières forestières) qu'elles ont mémorisés lors de leurs expériences de butinage passées", expliquent les chercheurs. Des repères spatiaux qu'elles auraient plus de difficulté à mobiliser lorsqu'elles sont exposées à l'insecticide. "Un réseau bocager dense devient alors un véritable labyrinthe pour ces abeilles, devenues moins capables de reconnaître leurs repères visuels", analysent les scientifiques, ajoutant : "Il est possible que le taux de disparition accru par mauvais temps soit également relié à des contraintes physiologiques et énergétiques supplémentaires pour que les abeilles puissent voler à faible température".