Le débat sur ce report aurait dû être simplifié par la publication, lundi 30 août, d'un rapport d'expertise dressant quatre scénarios de report de sortie du nucléaire - quatre, douze, 20 ou 28 ans. Commandé par le ministère de l'économie, le rapport a été réalisé par l'institut suisse Prognos et les deux instituts allemands Ewi et Gws. La présentation commune qu'en ont faite, le même jour, les ministres allemands de l'environnement et de l'économie a un peu plus complexifié le débat.
Selon le ministre de l'économie Rainer Brüderle (Parti libéral-démocrate, FDP), la sortie du nucléaire devrait être reportée de 12 à 20 ans (entre 2033 et 2041) et permettrait d'ici 2030 d'économiser huit milliards d'euros. L'extension permettrait d'assurer l'essor des énergies renouvelables, et de faire parvenir la part d'électricité sans CO2 à 75% en 2040.
Du même rapport d'expertise, le ministre de l'environnement Norbert Röttgen (Union chrétienne-démocrate, CDU) a fait une tout autre interprétation. Une plus longue extension de la durée de vie n'aurait qu'une ''signification marginale, et pas décisive'', rapporte l'Agence de presse allemande (DPA). Le ministre veut limiter à huit ans (2029) le report de la sortie du nucléaire et estime qu'il n'aurait que peu d'impact sur les émissions allemandes de CO2. Selon lui, toute extension plus importante réduirait la pression pour développer les énergies renouvelables.
Le débat sur les conditions de sortie du nucléaire - qui a au moins le mérite d'exister outre-Rhin - est tendu. L'opinion publique est plutôt opposée à l'atome, et les géants de l'énergie - E.ON, RWE, Energie Baden-Württemberg et Vattenfall - sont vent debout contre un projet de taxe sur le combustible nucléaire proposée jeudi 26 août par Angela Merkel. Destinée à financer le développement des énergies renouvelables, cette taxe pourrait rapporter 2,3 milliards d'euros par an à l'Etat fédéral. La chancelière s'est aussi exprimée sur un report de 10 à 15 ans de la sortie du nucléaire - soit entre 2031 et 2036.