Après étude des points forts et des faiblesses de l'agriculture biologique et des caractéristiques de sa chaîne d'approvisionnement, le rapport conclu sans réserve que l'agriculture biologique est un modèle alternatif au service d'un développement durable qui a le potentiel nécessaire pour satisfaire la demande alimentaire mondiale tout comme l'agriculture conventionnelle d'aujourd'hui, mais avec un impact mineur sur l'environnement.
Les auteurs du rapport expliquent en effet que la principale caractéristique de l'agriculture biologique est qu'elle s'appuie sur des biens de production disponibles sur place et n'utilise pas de carburants fossiles. De plus, le recours à des procédés naturels améliore aussi bien le rapport coût-efficacité que la capacité des écosystèmes agricoles à survivre au stress climatique.
Par ailleurs, en gérant la biodiversité dans le temps avec la rotation des cultures et dans l'espace en travaillant sur l'association de cultures, les agriculteurs bio utilisent la main-d'œuvre et les services environnementaux pour intensifier la production de manière durable. Au final les coûts environnementaux externes de l'agriculture biologique sont nettement inférieurs à ceux de l'agriculture conventionnelle. D'autre part, ce mode d'agriculture peut même dans certains cas lutter contre la dégradation naturelle de certains milieux.
Autre avantage, l'agriculture biologique rompt le cercle vicieux de l'endettement pour l'achat d'intrants agricoles, endettement qui entraîne un taux alarmant de suicides dans le monde rural. Selon le rapport, la production accrue de nourriture dans les pays en voie de développement par la conversion des systèmes de subsistance à l'agriculture biologique est plus qu'une proposition sérieuse. Le défi n'est ni agronomique ni économique mais sociopolitique.
Cependant, le rapport reconnaît que certaines conditions doivent être réunies lorsqu'on se convertit à l'agriculture biologique. Il s'agit principalement de la connaissance agroécologique et de la disponibilité de la main-d'œuvre.
Toutefois, Nadia El-Hage Scialabba, experte à la FAO et auteur du rapport, estime que l'exigence d'une main-d'œuvre en nombre suffisant et les gains qui en découlent offrent, là où cette ressource est la plus abondante, des opportunités d'emplois tout en sauvegardant les moyens d'existence des ruraux.
C'est pourquoi, la FAO invite les gouvernements à allouer des ressources à l'agriculture biologique et à intégrer ses objectifs et ses actions dans leurs stratégies nationales de développement agricole et de réduction de la pauvreté. La contribution de l'agriculture biologique à la création d'emplois et à l'accessibilité de la nourriture en milieu rural en fait un bon candidat pour être intégré au cœur des plans de développement.
Le rapport estime que l'intervention publique est nécessaire pour préserver un cadre d'action juste alors que le secteur se développe, afin de protéger les petits producteurs dans les économies nationales et de renforcer la position des opérateurs des pays en voie de développement sur les marchés internationaux.
La FAO insiste également sur les nécessaires investissements pour développer les ressources humaines et la formation dans ce secteur. La FAO propose par exemple que l'option de l'agriculture biologique devienne un thème à part entière de l'éducation agricole et environnementale dans les programmes éducatifs des écoles concernées.
L'organisation des nations unies recommande également d'adopter un ensemble d'outils internationaux comme des normes de production, des procédures de certification et des conditions d'accréditation afin de limiter les entraves au commerce international. Ces outils internationaux devraient être assez flexibles pour permettre d'adapter les modes de production aux contextes locaux, tout en assurant des flux commerciaux équitables.
Enfin, la FAO encourage les investissements en recherche et développement. Elle rappelle qu'au cours des 50 dernières années, la recherche agricole s'est concentrée sur les méthodes et les approches conventionnelles. La part de la recherche dans l'agriculture biologique est proche de zéro dans la plupart des pays et n'excède pas 1% des budgets totaux de recherches dans les pays développés.