Parmi les propositions, on trouve celle de mener une réflexion sur le droit du sol et le droit d'urbanisme pour que la biodiversité soit intégrée dans les plans locaux d'urbanisme (PLU) et les schémas de cohérence territoriale (SCOT). C'est un élément important dans le dialogue pour convaincre les élus que la biodiversité s'inscrit dans un document d'urbanisme, a estimé le sénateur Paul Raoult qui pilote le comité ''Trame verte et bleue''. M. Raoult qui a notamment appelé à une protection beaucoup plus forte des zones humides, avait également proposé que des bandes enherbées soient systématiquement installées le long des rivières et des axes fluviaux pour en faire des corridors écologiques.
Dans ce contexte, alors que le 3 mars dernier, l'association Alsace Nature se voit confier par le MEEDDAT une mission d'expérimentation ''Trame verte et bleue'' chargée de faciliter la circulation des espèces dans son territoire, le Conseil général de l'Indre met en place en avril une expérimentation de fauchage tardif au bord des routes du Département.
Doté d'un Parc Naturel Régional (PNR de la Brenne), de 23 Espaces Naturels Sensibles protégés, d'une réserve naturelle, l'Indre recouvre 5.000 km de routes départementales au bord desquelles la nature est également présente.
Le fauchage tardif ou gestion différenciée n'est pas une absence de fauchage mais un ajustement des interventions d'entretien en fonction de la croissance des plantes et des impératifs de sécurité (virages, sorties de chemins, carrefours). Ces interventions prennent en compte l'accomplissement du cycle des plantes et la vie des animaux.
Concrètement, le fauchage tardif consiste à laisser pousser la végétation sur les bas-côtés des routes pendant les périodes printanières et estivales afin de favoriser le développement de la faune et de la flore abritées dans ces hautes herbes. Outre ses fonctions pratiques de zone d'arrêt, de recueil et de circulation des eaux, les bas-côtés sont aussi des espaces vivants où se côtoient de nombreuses espèces animales et végétales, souligne le Conseil Général de l'Indre. Cette gestion différenciée des bords de route permettra de préserver, la biodiversité de ces espaces de nature ordinaire, composés de bermes, talus et fossés, explique le Conseil général.
La fauche n'interviendra qu'en automne et en hiver, une fois accompli le cycle naturel des espèces animales et végétales. Ce décalage des travaux de fauche favorise le maintien voire l'apparition de certaines espèces de plantes sauvages, plantes à fleurs (coquelicots, boutons d'or…) qui, précise la Région, sont propices aux papillons, araignées, oiseaux et petits mammifères, tels que les hérissons ou encore les bergeronnettes.
Dans un premier temps, l'expérimentation porte sur 6 tronçons du réseau routier du Département de l'Indre, soit 52 km. Ces tronçons feront l'objet pendant 5 ans d'un suivi scientifique qui consistera à suivre l'évolution de la flore. Pour des raisons de sécurité, un fauchage sur une bande de 1,20 m est maintenu sur ces routes départementales, ainsi que le fauchage aux abords des carrefours et des virages, ajoute le Conseil Général.
A l'instar de l'Indre, le Conseil général de la Mayenne avait déjà mis en place depuis 1994 le fauchage tardif pour permettre la préservation d'espèces végétales protégées, localisées sur des sites inventoriés en ZNIEFF (Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique). En 2006, 34 bords de routes départementales et 4 zones du halage étaient en fauchage tardif soit 107 km. 537 espèces végétales (44.5 % des espèces végétales recensées), 32 espèces de papillons de jour (43 %), 16 espèces de libellules (33 %), 3 espèces de lézards (75 %) ou 11 espèces de mammifères (17 %) ont été notamment dénombrées en Mayenne.
En octobre 2007, une expérimentation de fauchage tardif a également eu lieu dans le Département du Cher. Dix sites qui ne présentaient aucun risque en terme de sécurité routière ont été sélectionnés dans le Département. Ils ont permis de multiplier les inventaires et comptages, notamment des espèces de papillons, précise le Conseil Général.