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Actu-Environnement

Rénovation du parc de logements locatifs privés : quels mécanismes de financement ?

L'Ademe vient de publier une étude concernant les mécanismes de financement de la rénovation du parc locatif privé. L'idée était d'imaginer des solutions pour que soient répartis équitablement entre propriétaire et locataire les coûts des travaux.

Energie  |    |  S. Fabrégat
   
Rénovation du parc de logements locatifs privés : quels mécanismes de financement ?
© Scorp image
   
Grande priorité du Grenelle de l'environnement, le bâtiment se trouve au cœur des enjeux environnementaux et sociétaux actuels : 40 % de l'énergie finale est consommée par ce secteur. Le chantier de réhabilitation thermique des logements répond à un triple défi : réduire les besoins énergétiques du pays et les émissions de gaz à effet de serre, diminuer la facture énergétique des ménages français et par là soutenir leur pouvoir d'achat et enfin contribuer à l'activité et à l'emploi des professionnels du bâtiment, touchés par la crise. Les technologies sont d'ores et déjà disponibles pour rendre le bâtiment moins énergivore. De formidables gisements d'économies d'énergie existent dans ce secteur.
Eco-prêt à taux zéro, extension de crédits d'impôts…L'Etat a déployé tout un arsenal de mesures pour financer le grand chantier de la rénovation en France. Pourtant, si les arguments ne manquent pas pour inciter les Français à entreprendre des travaux de rénovation, une partie du parc de logements risque d'échapper à ce grand chantier : le parc locatif privé, soit 21 % des résidences principales. En effet, si l'investissement dans des travaux thermiques est rentable car compensé par une diminution de la facture énergétique, la question de la répartition des coûts des travaux entre propriétaire et locataire se pose dans ce cas précis. Pourquoi un propriétaire engagerait des travaux coûteux qui bénéficieraient à son locataire ? L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a publié en février une étude sur cette problématique. Retours d'expériences et analyses financières ont permis à l'agence d'identifier des mécanismes financiers avantageux pour les deux parties, répartissant l'effort d'investissement entre propriétaire et locataire.

Parc locatif privé : une problématique particulière

39 % des ménages français seraient locataires, selon l'Ademe. Or, la moyenne de consommation d'énergie du parc locatif privé est supérieure à la moyenne nationale : 74 % des logements locatifs ont été construits avant la première réglementation thermique de 1974. La rénovation de ce parc constitue donc une priorité. Pourtant, les mécanismes financiers mis en place par le gouvernement à la suite du Grenelle de l'environnement s'adressent prioritairement aux propriétaires habitant leur logement, en jouant sur la rentabilité des travaux et sur les profits à venir. Les propriétaires bailleurs n'y trouvent pas forcément leur intérêt : les travaux profitent au locataire.
De plus, selon l'étude, la nature majoritairement collective des logements ne facilite pas la prise de décision de réaliser des travaux, qui doivent être approuvés par la copropriété. Enfin, les propriétaires bailleurs sont surtout des particuliers, ce qui rend plus difficile la mobilisation de ces acteurs et le financement des opérations.
Ayant identifié cette problématique, les conclusions du Grenelle de l'environnement préconisent la mise en place d'un mécanisme répartissant entre propriétaires et locataires le coût des travaux avec garantie d'efficacité énergétique. La loi Grenelle 1 prévoit que l'État incitera les bailleurs et les associations de locataires à engager une concertation pour déterminer les modalités de partage des économies d'énergie réalisées par ces investissements. Dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la présente loi, le gouvernement rendra compte au parlement de l'état de la concertation.
Des ajustements concernant les aides financières ont également été réalisés. Outre la déduction du montant des travaux des revenus fonciers et les aides de l'Anah (agence nationale de l'amélioration de l'habitat) et des collectivités locales, les propriétaires bailleurs sont désormais éligibles au crédit d'impôt économie d'énergie et pourront bénéficier de l'éco-prêt à taux zéro, comme la loi de Finances 2009 le prévoit.

Les leçons à tirer des expériences étrangères

L'étude menée pour l'Ademe a analysé différents mécanismes de financements mis en place dans d'autres pays européens. Il apparaît que les principaux systèmes de répartition des charges du propriétaire vers le locataire ont été mis en place dans les pays où les loyers sont encadrés, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, ce qui n'est pas le cas en France. Néanmoins, certaines caractéristiques ont été retenues comme intéressantes et transposables au cas français.
Le système suisse, où la répercussion sur le loyer des améliorations énergétiques s'appuie sur un calcul intégrant des frais d'amortissement, des frais d'entretien et des frais d'intérêts liste précisément les améliorations énergétiques considérées comme des prestations supplémentaires du bailleur.
Le système allemand s'appuie quant à lui sur une définition simple et précise des coûts transférables : coûts transférables = coûts d'investissement - aides (y compris les prêts bonifiés) - coûts des mesures de maintenance simple.
L'analyse d'expériences française fait ressortir qu'avec une augmentation limitée du loyer, la réhabilitation thermique des logements peut être rentable à la fois pour le propriétaire et pour le locataire.
Quatre conclusions ressortent de cette étude. Le mécanisme de financement mis en place doit privilégier la sécurité, en n'alourdissant pas la charge financière globale du locataire et en sécurisant l'investissement du propriétaire. Une totale transparence doit être mise en place : les coûts transférés ne doivent correspondre qu'aux seules mesures ayant pour objectif l'efficacité énergétique du logement, hors travaux de maintenance. Le système doit permettre de trouver un équilibre où les coûts transférés au locataire ne doivent pas être supérieurs aux montants investis par le bailleur. Enfin, le mécanisme doit être simple et clair à appliquer pour faciliter la compréhension et l'acceptation des deux parties.
L'étude propose un mécanisme de financement qui permet au propriétaire de répercuter les trois quarts de l'investissement sur le locataire. Cette solution s'applique dans l'hypothèse d'un financement par un éco-prêt à taux zéro sur dix ans : si le temps de retour sur investissement est inférieur à 10 ans, le locataire paiera 75 % de l'investissement, si le temps de retour sur investissement est supérieur à 10 ans, le locataire paiera 75 % des économies d'énergie. D'après l'étude, ce mécanisme protège systématiquement le locataire, qui économise toujours plus sur sa facture énergétique qu'il ne paye de loyer supplémentaire. En prenant en compte la baisse de la facture énergétique d'une part et l'augmentation de loyer liée au remboursement des travaux d'économie d'énergie d'autre part, le gain moyen est de 30 € par mois.

Réactions9 réactions à cet article

rentabilité ?...

Vous écrivez que "l'investissement dans des travaux thermiques est rentable car compensé par une diminution de la facture énergétique". Cela reste contestable. D'ailleurs, l'ADEME elle-même préfère, pour encourager l'investissement des particuliers, l'argument du geste éco-citoyen.
Actu-Environnement a beaucoup parlé de la rénovation énergétique du bâti existant (notamment le dossier sur la formation des professionnels). Il serait intéressant que vous présentiez des calculs de rentabilité relatifs aux investissements dans la rénovation. En effet, je ne suis pas le seul dans mon entourage à avoir procédé à ces calculs, qui démontrent en général une rentabilité au bout de 30, voire 40 ans... Merci.

Anonyme | 16 mars 2009 à 09h23 Signaler un contenu inapproprié
Re:rentabilité ?...

Bonjour,

Dans la mesure ou le prix de l'énergie est corrélé à celui du pétrole très volatil, les calculs ne seront toujours que des estimations.

A un détail prêt : à plus ou moins long terme, le prix du pétrole s'enflammera rendant de toute évidence les travaux de rénovations rentables.

Cordialement

Actu-Environnement

David Ascher | 16 mars 2009 à 10h13 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:rentabilité ?...

Merci pour votre réponse.
Je souhaiterais préciser: votre remarque vaut pour le chauffage au fioul et au gaz.

Mais concernant le nucléaire: dans quelle mesure le prix de l'énergie nucléaire est-il corrélé à celui du pétrole?

La question peut se poser en France, par exemple, où le nucléaire occupe une place de choix dans la consommation finale d'électricité, et l'électricité une place de choix dans le chauffage (et la climatisation).
Qu'en pensez-vous?

Anonyme | 16 mars 2009 à 21h15 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:rentabilité ?...

Bonjour,

Je vous l'accorde, les tarif de l'électricité restent assez stable, mais en partie comme - ceux du gaz -+n du fait de la régulation par l'état. Pour longtemps ?
Mais votre remarque m'étonne. Toutes les personnes que je connais et qui sont chauffées à l'électrique vivent à la limite dans le froid de peur de voir leur facture EDF exploser...

En l'état des travaux d'isolation semblent les bienvenus.

Cordialement

Actu-Environnement

Actu-Environnement | 17 mars 2009 à 09h08 Signaler un contenu inapproprié
Re:rentabilité ?...

Une rentabilité, même en 30 ou 40 ans, reste une rentabilité. De plus, vos calculs prennent-ils en compte une augmentation annuelle de 4 à 8% du coût de l'énergie en euro constant, donc hors inflation...(prévision d'économistes, dans un contexte stable -pas de guerres, conflits ou autre...).

Cordialement

Ahef | 17 mars 2009 à 17h17 Signaler un contenu inapproprié
Incompréhension !!!!

Je dois avouer que cet article m'a mise en colère !
Le locataire serait il une vache à lait ???
Pourquoi le locataire devrait il payer 75% de l'investissement du propriétaire, qui améliore sont propre bien ?
Certes le dit locataire bénéficiera pendant la période où il occupera le logement des "supposées économies d'énergie" mais lorsqu'il sera ammené à le quitté ???
Ah la belle affaire !!! Il pourra être fier d'avoir réaliser un geste éco citoyen !!!
Et peut être avec de la chance, il sera encourager à recommencer cet effort dans son prochain logement ! et ainsi de suite ...
Où se trouve la notion d'équité ???
Vous trouverez peut être cette réaction un peu simpliste, mais quand on voit et que surtout l'on vit dans du locatif on se demande vraiment si les propriétaires sont tenus de respecter des normes vis à vis du simple entretient de leur bien en location.
Pour moi, la véritable question que fait ressortir ce débat repose sur l'évaluation des loyers immobiliés ? Quels sont les critères qui déterminent la valeur d'un logement à des fins de location.
A l'heure actuel, l'indice de référence des loyers "correspond à la moyenne, sur les douze derniers mois, de l’évolution des prix à la consommation hors tabac et hors loyer."
C'est pourquoi vous pouvez observer une augmentation de votre loyer sans même avoir constater d'amélioration dans votre logement !!! Impressionnant !!!
Ces caractéristiques thermiques ne devraient elles pas faire partie de ces critères d'évaluation des loyers ???

liloue | 20 mars 2009 à 14h38 Signaler un contenu inapproprié
Re:Incompréhension !!!!

Plutôt d'accord avec vous.

D'ailleurs les prix de l'immobilier ont fortement baissé ces derniers temps. Quid des loyers..?

On pourrait aussi se poser la question sur la baisse importante des prix des matières premières : Quid des la baisse des prix des produits alimentaires ? Et ainsi de suite...

Que font les associations de défense des consommateurs et nos politiciens...?

Anonyme | 20 mars 2009 à 17h57 Signaler un contenu inapproprié
Des interrogations

Cet article laisse circonspect - cette répartition entre locataire et propriétaire des charges d'investissement qui soit disant doit au final permettre un gain moyen de 30 euros pour le locataire prend t'elle en compte l'augmentation des coûts de l'énergie (hors une baisse du gaz ponctuelle) ; nos énergies ont augmenté régulièrement et je ne vois pas comment cette augmentation ne se poursuivrait pas alors qu'on s'interroge sur les stocks restant...
De plus, quelle est réellement la condition des locataires dans le parc privé. Il me semble que c'est dans le parc privé que nous retrouvons une part importante des locataires qui désormais sont en précarité énergétique (compte tenu d'ailleurs de la qualité de leur habitat)et ne parviennent déjà pas à payer leur factures d'énergie.Est-ce sur eux que nous devons faire porter l'amélioration énergétique de leur logement (desquels ils seront peut être expulsés faute d'avoir pu faire à la fois face à l'augmentation de leur loyer et à l'augmentation des coûts de l'énergie) ?

SGU | 22 mars 2009 à 09h10 Signaler un contenu inapproprié
Travaux de désamiantage et Economie d'énergie

Bonjour
un problème précis. Ma co propriété est confronté aux questions suivantes:
Travaux de désamiantage . coût 4.500 000 € ( pour 385 résidants)
au plus tard fin des travaux 2010. Subvention possible ANAH selon niveau de ressources mais globalement les travaux impliquent une augmentation des charges de + de 30% !
pm l'isolation ' amiante" sert à l'heure actuelle aux économies d'énergie
Elle sera remplacée après désamiantage par une autre isolation qui sera intégrée aux travaux d'économie d'énergie ( cf Grenelle - Etiquette énergétique actuelle = 116 / Etude maîtrise d'oeuvre en cours ) qui s'ariculera avec la fin de la convention de co-génération à fin 2012 .
Financement possible : prêt à taux zéro
Question: ne peut-on intégrer travaux de désamiantage à travaux d'économie d'énergie ;..car en l'état, à moins de vouloir vraiement créer de nouveaux SDF + de 50% de la co -propriété est dans l'impossiblité financière de suivre ..
Les services du Ministère consultés nous baladent de bureau en bureau .
Le rappelle le rapport de R CASTRO à Mme BOUTIN qui signalait la nécessité de globaliser les questions - et les financements - si l'on veut gagner la bataille de Grenelle . la commission co-propriété mis en place par JL BORLOO peut elle étudier la question ?
Cordialement
L de CONINCK

Anonyme | 06 mai 2009 à 11h26 Signaler un contenu inapproprié

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