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La formation des artisans du bâtiment sera-t-elle au rendez-vous du Grenelle ?

Les objectifs de performance énergétique des bâtiments prévus par le Grenelle vont nécessiter une évolution des métiers de l'artisanat. Nouvelles compétences, décloisonnement des corps de métiers, les professionnels doivent s'organiser et vite !

Gouvernance  |    |  F. Roussel
   
La formation des artisans du bâtiment sera-t-elle au rendez-vous du Grenelle ?
© Bruno Herold
   
Premier consommateur d'énergie et gros émetteur de gaz à effet de serre, le secteur du bâtiment constitue l'un des principaux chantiers du Grenelle pour la lutte contre le changement climatique. Les objectifs de performance énergétique dans le neuf et la rénovation fixés dans le projet de loi Grenelle 1 sont ambitieux : construire des bâtiments peu consommateurs (moins de 50 kwh/m2/an) dès 2012 et rénover le parc existant pour réduire ses consommations d'énergie d'au moins 38 % d'ici 2020.

Les évolutions attendues dans la construction neuve seront principalement portées par une évolution parallèle de la réglementation thermique. Et pour les artisans, rien de semble impossible : poser une fenêtre on sait faire, quelle soit à double ou à triple vitrage, poser de l'isolant on sait faire aussi qu'elle que soit l'épaisseur à poser, témoignait un artisan à l'occasion d'un colloque organisé récemment par la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB). L'artisanat a toujours su s'adapter et peut faire du sur-mesure, confirmait Alain Chouguiat, chef du service formation de la CAPEB.

La rénovation du parc existant constitue en revanche un plus gros challenge. On compte actuellement en France 31 millions de logements (2,7 milliards de m2) et 850 millions de m2 de bâtiments tertiaires. Pour les professionnels, les objectifs du Grenelle représentent par conséquent un nouvel élan, comparable selon Alain Chouguiat au développement de l'après-guerre : la révolution est aussi importante, estime-t-il.
Pour l'instant la rénovation thermique des bâtiments ne représente que 12% du marché de la rénovation mais l'accroissement d'activité liée au Grenelle a été estimé à 600 milliards d'euros de travaux soit entre 20.000 et 30.000 euros par logements.
Selon une enquête réalisées en juin et juillet par plusieurs organismes de qualification* auprès de 42.000 entreprises de construction, les professionnels du secteur semblent conscients de cet enjeu économique. 50% des entreprises interrogées estiment que les mesures du Grenelle bénéficieront à leur activité. La part d'entreprises sceptiques reste néanmoins non négligeable puisque 30% des entreprises enquêtées considèrent que l'impact du Grenelle ne sera pas positif pour leur activité et 20% restent dans l'expectative, préférant ne pas se prononcer.

Une nouvelle organisation est nécessaire au sein des entreprises artisanales

Mais l'enthousiasme des professionnels risque de ne pas suffire. Selon Alain Chouguiat, le défi du Grenelle ne nécessite pas de créer de nouveaux métiers de type « éco-rénovateur » mais constitue une opportunité de faire évoluer les savoir-faire et les métiers existants. C'est l'occasion de se remettre en cause et d'acquérir de nouvelles compétences, confirme Pascal Méry de la Fondation Compagnonnique des Métiers du Bâtiment d'Ile-de-France.
Les entreprises doivent également se réorganiser pour répondre aux nouvelles attentes de leurs clients à savoir des conseils pour obtenir une bonne performance énergétique globale de leur habitat. Pour Alain Chouguiat, ce n'est donc pas qu'une question de matériels : il faut que chaque artisan connaisse aussi les autres métiers liés à la maîtrise de l'énergie dans le bâtiment. Autrement dit, les électriciens, les maçons, les couvreurs, les plombiers et autres artisans vont être amenés à travailler ensemble afin de proposer des travaux cohérents et complémentaires.

Cette évolution est d'autant plus nécessaire que de grands groupes s'intéressent de près au marché de la rénovation. Les fournisseurs d'énergie, les banquiers ou encore les groupes immobiliers s'organisent pour devenir l'intermédiaire entre les clients et les artisans. La concurrence va s'affirmer, prévient Alain Chouguiat.

Un démarrage en douceur

Pour l'instant, selon l'enquête des organismes de qualification, peu d'artisans proposent une offre globale. Seules 25% des entreprises interrogées déclarent proposer une offre spécifique en matière de « développement durable ». Ainsi, même si les entreprises semblent conscientes des opportunités qui se dessinent, elles apparaissent encore en retrait sur la structuration d'offres et l'acquisition de compétences susceptibles de répondre à l'ampleur de l'enjeu.

Certaines initiatives visant à former les professionnels ont toutefois été lancées courant 2008 mais leurs effets ne se font pas encore sentir. Les fédérations professionnelles ont notamment créé le dispositif FEE Bat pour former les chefs d'entreprise, les salariés et les artisans du bâtiment aux économies d'énergie. Construites dans le cadre des certificats d'économies d'énergie, les formations sont financées par des contributions volontaires des fournisseurs d'énergie, par le biais de quatre organismes de financement auxquels adhèrent les entreprises et artisans du Bâtiment. L'objectif est de former plus de 50.000 personnes d'ici à fin 2009.

La CAPEB a également lancé son label ECO-ARTISAN. Déployé sur l'ensemble du territoire d'ici début 2009, ce label vise à distinguer les artisans du bâtiment capables de conseiller les particuliers en matière d'efficacité énergétique. Il repose sur trois critères de qualité : une évaluation thermique globale, un conseil en matière d'efficacité énergétique et la réalisation des travaux et contrôle qualité.

Côté formation initiale, les professionnels commencent seulement à faire évoluer les programmes avec l'éducation nationale. Des initiatives plus locales ont également vu le jour notamment en Picardie. L'ADEME et le Rectorat de l'académie d'Amiens ont par exemple intégré au programme scolaire de six établissements, l'installation de Chauffe-eau solaires individuels (CESI) pour les jeunes préparant un diplôme de chauffagiste. En 2008, 200 jeunes en CAP et BEP ont ainsi bénéficié de cette formation et 4 nouveaux établissements pourraient la mettre en place prochainement.

Mais ces chiffres semblent dérisoires comparés aux estimations de l'ADEME. L'agence estime que si l'on souhaite former d'ici 2020 l'ensemble des professionnels du bâtiment en exercice ainsi que ceux en formation initiale, l'effort supplémentaire de formation professionnelles initiales et continue serait de 212.500 personnes par an, sans compter la formation nécessaire préalable des formateurs évalués à 10.000 personnes rien que pour l'Education Nationale.


*OPQIBI, OPQTECC, QUALIBAT, QUALIFELEC, QUALIPAYSAGE, QUALIPROPRE et QUALISPORT

Réactions1 réaction à cet article

formation des professionnels

bonjour, je suis formateur au centre AFPA de Béziers,et fidele lecteur de votre Newsletter, et je tenais, par rapport à votre texte, à vous faire part des actions qui sont menées dans notre centre en matière de formation, pour les artisans comme pour les salariés.Nous formons les artisans sur le module FEE bat module 1 et 2, Quali PV, Quali sol, Quali PAc.Nous avons intégré depuis 2 ans la pose de monomurs dans la formation maçon. Depuis le début de l'année, les stagiaires du centre ( environ 450 ) bénéficient d' une sensibilisation au développement durable. Ce module est relayé dans l'ensemble des centres AFPA du Languedoc Roussillon.Nous avons bien saisi tout l'enjeu du développement durable, à savoir qu'il faut d'une part former et sensibiliser les ouvriers et chefs d'entreprise, et de l'autre, toujours avoir une reflexion globale en matière d'économie d'énergie et de développement durable.
bien amicalement

norbert | 06 novembre 2008 à 11h27 Signaler un contenu inapproprié

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