Ce groupe de travail devait mettre à jour les informations présentées dans son rapport précédent, mais aussi travailler à partir des informations d'ordre politiquement pertinentes contenues dans certains rapports spécifiques du GIEC : aviation et atmosphère, questions méthodologiques et technologiques en matière de transfert de technologie, scénarios d'émissions, utilisation des terres, capture et stockage du carbone... Il présente les options possibles de réduction d'émissions dans les principaux secteurs économiques, à court, moyen et long terme, ainsi que leurs impacts et leurs coûts tout en s'attardant sur des sujets transversaux comme les synergies, les bénéfices possibles et les conditions de mise en œuvre de ces options ou le rôle de la recherche.
Le rapport estime qu'avec les politiques actuelles d'atténuation et les pratiques associées de développement durable, les émissions de GES continueront à croître dans les quelques décennies à venir. Il affirme qu'il existe un potentiel économique d'atténuation des émissions globales de gaz à effet de serre, significatif au cours des prochaines décennies, qui pourrait être suffisant pour décaler la croissance des émissions globales ou pour les réduire en dessous des niveaux actuels.
Selon plusieurs scénarios présentés dans le résumé, il en coûterait entre 0,2 % et 3 % du produit intérieur brut mondial (PIB) à l'horizon 2030 pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre. En 2030, l'estimation des coûts macro-économiques de l'atténuation multigaz, cohérents avec des trajectoires de stabilisation entre 445 et 710 ppm CO2-éq, va d'une diminution de 3% à une faible augmentation du PIB global par rapport au scénario de référence, note le rapport tout en ajoutant que l'ampleur des coûts régionaux peut différer considérablement de celle du coût global.
Le rapport prévient que les vingt à trente prochaines années seront cruciales dans les efforts pour atténuer le réchauffement de la planète. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) doivent atteindre d'ici 2015 un « pic » et décroître par la suite si on veut contenir la hausse de la température moyenne entre + 2°C et + 2,4°C, selon le meilleur scénario présenté par les délégués du GIEC.
Pour stabiliser la concentration des GES dans l'atmosphère, les émissions mondiales doivent passer par un maximum et décroître ensuite. Plus le niveau de stabilisation est faible, plus le maximum et la décroissance doivent se produire tôt, indique le GIEC. Les efforts de mitigation au cours des deux ou trois prochaines décennies détermineront dans une large mesure l'accroissement à long terme de la température moyenne mondiale et les conséquences correspondantes du changement climatique qui pourront être évitées, ajoute-t-il.
Pour tenir l'objectif de 2 degrés, les spécialistes jugent nécessaire une réduction de 50 à 85% des émissions de dioxyde de carbone (CO2) d'ici à 2050 et soulignent que la technologie pour ce faire est déjà disponible. La plage des niveaux de stabilisation évalués pourrait être atteinte par le déploiement d'un éventail de technologies qui sont sur le marché aujourd'hui, et de celles dont on attend la commercialisation dans les décennies à venir, pourvu que les incitations appropriées soient en place pour les investissements, pour la réduction des coûts et pour la poursuite du développement et du déploiement d'un large éventail de technologies. Ceci demande que les obstacles au développement, à l'acquisition, à la diffusion et au déploiement des technologies soient effectivement traités.
Selon le GIEC, l'efficacité énergétique jouera un rôle clé dans beaucoup de scénarii, pour la plupart des régions et des échelles de temps. Le document met également en évidence le rôle des énergies nucléaire, solaire et éolienne, de bâtiments et de modes d'éclairage plus économiques, ainsi que les moyens de captage et de stockage du CO2.
Il précise en outre que les changements dans le style de vie et dans les types de comportement seront susceptibles de contribuer à l'atténuation dans l'ensemble des secteurs.
De plus, selon le rapport, l'inclusion d'options d'atténuation portant sur d'autres gaz que le CO2 et sur l'utilisation des sols et la sylviculture permettrait une plus grande souplesse et un meilleur rapport coût efficacité pour atteindre la stabilisation. La bioénergie moderne pourrait en outre fournir une contribution substantielle à la part des énergies renouvelables dans la gamme des options d'atténuation.
Pour parvenir à ces notes de synthèse, certains points ont fait l'objet de frictions. Parmi eux, les coûts et les niveaux d'émissions de gaz à effet de serre tolérables, le rappel par les pays en développement de la responsabilité historique des nations industrialisées dans les émissions mondiales de CO2 et le nucléaire.
En réaction, le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas a réitéré son appel au lancement à la prochaine conférence ministérielle de l'ONU en décembre à Bali (Indonésie) de négociations sur un nouvel accord climatique international. Il est maintenant temps pour le reste de la communauté internationale de nous suivre et de s'engager vers des objectifs ambitieux de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, a-t-il déclaré dans un communiqué.
Jacques Chirac, Président de la République jusqu'au 16 mai, rappelle dans un communiqué l'urgence et la nécessité de la mobilisation internationale en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Il appelle ainsi la communauté internationale à s'engager résolument dans la négociation pour décider de l'avenir du Protocole de Kyoto et parvenir avant 2009 à un nouvel accord par lequel les grands pays émetteurs s'engageront à diviser par deux leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 selon une répartition équitable entre pays industrialisés et émergents des efforts à réaliser.
De leur côté, les ONG ont demandé aux Etats de réagir immédiatement à l'instar de Greenpeace qui a exigé que les leaders mondiaux s'engagent sérieusement pour lutter contre les changements climatiques. L'action immédiate pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est requise. Plus on attend, plus les températures augmentent et les impacts s'aggravent. De nouveaux atermoiements pourraient avoir des conséquences dramatiques sur la vie de milliard de personnes à travers le monde, estime Karine Gavand de Greenpeace.