Après plusieurs réunions sans majorité qualifiée des Etats membres atteinte, la Commission européenne a fini par prolonger de 18 mois l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate, substance active de l'herbicide Roundup de Monsanto.
Le 24 juin, le comité d'appel, présidé par la Commission, où siègent des représentants des Etats membres, ne s'était toujours pas décidé pour ou contre ce renouvellement. La France et Malte avaient voté contre. Sept autres pays s'étaient abstenus : Allemagne, Autriche, Bulgarie, Grèce, Italie, Luxembourg et Portugal.
Alors que l'homologation du glyphosate arrive à son terme ce jeudi 30 juin, les Etats membres auraient été contraints de retirer les autorisations de tous les produits, avait prévenu la Commission.
En l'absence d'une ultime décision en comité d'appel, "la Commission va respecter son obligation juridique. Nous savons très bien que nous avons une date butoir au 30 juin. Nous allons adopter une prolongation de 18 mois pour le glyphosate", a tranché le 28 juin Vytenis Andriukaitis, commissaire européen à la santé et la sécurité alimentaire, à l'issue du Conseil des ministres de l'Agriculture à Luxembourg. Le Copa-Cogeca, principal syndicat européen d'agriculteurs, avait alerté M. Andriukaitis des "coûts importants pour les agriculteurs et les consommateurs" engendrés si le glyphosate n'était pas renouvelé.
"Appliquer le principe de précaution"
Cette autorisation prolongée doit permettre à l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) de terminer son examen (prévu fin 2017), conformément à ce que proposait la Commission le 1er juin dernier pour parvenir à un accord.
La Commission recommandait également aux Etats membres d'interdire le coformulant POE-tallowamine dans les produits à base de glyphosate. Demandé par les eurodéputés, la Commission préconisait aussi de minimiser l'utilisation de la substance dans les parcs publics, terrains de jeux et jardins publics, et de réduire au minimum l'utilisation du glyphosate avant la récolte.
En France, l'agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a déjà retiré le 20 juin 132 autorisations des produits associant la substance active glyphosate à ce coformulant, utilisé en tant que tensio-actif dans de nombreuses formulations phytosanitaires.
Les ONG Foodwatch France, Générations Futures et la Ligue contre le cancer ont dénoncé le renouvellement du glyphosate : "On peut penser que la Commission gagne du temps par crainte des foudres de l'industrie chimique. Mais le glyphosate est d'ores et déjà considéré comme probablement cancérogène pour l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et le sera toujours dans 18 mois. Il faut donc l'interdire pour protéger la santé des consommateurs et des agriculteurs en appliquant strictement le principe de précaution". En mai dernier, Générations Futures a porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui et tromperie aggravée auprès du Procureur de la République de Paris.