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Première obligation verte lancée par une entreprise de taille intermédiaire

A l'approche de la COP 21 et dans le contexte de la loi sur la transition énergétique, les green bonds connaissent un engouement croissant en France et à l'international, alors que le flou persiste sur les critères de sélection des projets financés.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï
Première obligation verte lancée par une entreprise de taille intermédiaire

Paprec, spécialisée dans le recyclage, est la première entreprise de taille intermédiaire (ETI) française à émettre une obligation verte (Green High Yield Bond) pour le financement de projets tendant à réduire leur empreinte environnementale. Cette entreprise, initialement spécialisée dans le recyclage des vieux papiers, est devenue le premier groupe français indépendant de recyclage, avec 3.500 salariés et un chiffre d'affaires de plus de 750 millions d'euros en 2012. Paprec traite près de cinq millions de tonnes de déchets par an. Le papier ne représente plus qu'un tiers de son activité, la part du plastique et des métaux étant croissante. C'est dans ce contexte d'extension du domaine du recyclage que cette émission d'obligations vertes devrait permettre à l'entreprise de générer, à partir de ses activités de recyclage, des matières premières secondaires, contribuant à l'économie circulaire, à la préservation des ressources naturelles et au développement économique et social local.

Opération réussie

Paprec a levé 480 millions d'euros en deux tranches. La levée de financements a été sursouscrite quatre fois, rassemblant l'ensemble de ses partenaires bancaires (Arkea, BNPP, CM-CIC, Cacib, Natixis et la Société Générale) au côté de Crédit Suisse qui a conduit l'opération. "Cette levée de fonds ouvre des perspectives positives de financement aux entreprises françaises de taille moyenne pour la régénération de leur modèle de croissance en appui sur des projets à haut potentiel de progrès environnemental", estime l'agence de notation Vigeo, qui a passé en revue le profil de responsabilité sociale de l'entreprise Paprec, la nature de ses projets, leurs impacts environnementaux et sociaux et leur gouvernance.

A partir de cette mobilisation de green bonds, l'ETI française entend financer la diversification de ses solutions de recyclage et de se développer aussi bien par croissance organique que par acquisition d'entités spécialisées dans le traitement des déchets. Son président, Jean-Luc Petithuguenin, s'en félicite : "Il s'agit d'une date historique pour mon groupe puisque pour la première fois nous nous sommes confrontés au marché financier avec succès. Cette opération donne à Paprec les ressources financières qui vont lui permettre de poursuivre la stratégie de croissance et de conquête entretenue depuis la création du groupe il y a 20 ans. Le marché du recyclage est appelé à un grand avenir en France. Paprec, qui en est le pionnier, entend maintenir sa position de leader sur ce marché".

Succès des green bonds

Cette opération s'inscrit dans un contexte qui voit les obligations vertes monter en puissance. Les green bonds permettent de financer des infrastructures de transport ou d'énergie, et plus généralement des activités contribuant au développement durable. Initiés en 2006, ils ont connu depuis lors une croissance discontinue. Le marché a décollé en 2013, avec des émissions totales d'un montant de 7,7 milliards d'euros (Md€), à comparer avec les 6,6 Md€ émis de 2006 à 2012.

A l'origine, les émissions d'obligations vertes provenaient des institutions internationales telles que la Banque européenne d'investissement, la Banque mondiale et Kexim, une banque coréenne d'import export, dans l'objectif de financer la transition vers une économie à bas carbone et de répondre aux attentes d'investisseurs spécifiques motivés pour engager une action contre le changement climatique. Les green bonds ont été confortés à partir de 2013 dès lors qu'ils ont été émis par des grandes entreprises telles qu'Iberdrola (750 millions d'euros), GDF Suez (2,5 milliards d'euros) et Unibail Rodamco (750 millions d'euros). Au total, ce sont environ 40 milliards d'euros qui ont été levés par le biais d'obligations vertes dans le monde en 2014. Les prévisions pour 2015 varient entre 30 et 50 milliards d'euros par an.

En France, le Crédit agricole se veut leader en matière de financement de la transition énergétique. Avec 14% de part de marché, le Crédit Agricole Corporate Investment Bank se positionne comme l'acteur n°1 mondial des green bonds. Sa filiale Crédit agricole Leasing & Factoring (CAL&F) entend "devenir le référent en matière de financement et d'expertise sur le marché de la transition énergétique". Pour signaler cette ambition, CAL&F se dote d'un nouveau logo imprimé à sa filiale Unifergie, qui finance les projets des agriculteurs, des entreprises et des collectivités, liés à la maîtrise de l'énergie, l'auto-production d'énergie électrique, les énergies renouvelables et les dépenses pour la protection de l'environnement.

144 milliards pour les fossiles

Reste que les critères de sélection des green bonds sont en gestation. Ce sont les entreprises émettrices d'obligations vertes qui, pour le moment, définissent leurs propres critères de sélection et les projets qu'elles entendent financer. En janvier 2014, les Green Bonds Principles étaient lancés à New York et signés des principales banques d'investissement elles-mêmes. Mais l'orientation des investissements reste problématique. Une nouvelle étude  (1) publiée ce jour par les ONG BankTrack, Rainforest Action Network et Sierra Club évalue les politiques charbon des grandes banques internationales. 144 milliards de dollars ont été injectés l'an dernier dans des entreprises actives dans le secteur du charbon, dont plus de 6 milliards par les banques françaises. "De plus en plus de banques internationales reconnaissent qu'elles ont un rôle à jouer dans la transition énergétique. Malheureusement, ces mêmes banques qui se targuent de leurs investissements dans les énergies renouvelables sont les mêmes qui continuent à financer l'industrie du charbon", estime Yann Louvel, coordinateur de la campagne Climat-Energie de BankTrack. "C'est précisément le cas des principales banques françaises actives à l'international : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE/Natixis. La France est ainsi le quatrième pays le plus financeur des 30 premiers producteurs d'électricité à partir du charbon au monde, avec près de 5,4 milliards de dollars injectés dans ces entreprises en 2014. Prétendre « agir contre le changement climatique » comme le fait BNP Paribas, ou « accompagner la transition énergétique » pour le Crédit Agricole, tout en continuant à financer des entreprises comme BHP Billiton ou RWE, très actives dans le secteur du charbon est une hypocrisie", corrobore Lucie Pinson, chargée de campagne banques privées aux Amis de la Terre.

1. Consulter l'étude
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-24476-the-end-of-coal-2015.pdf

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