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Publicité et défense de l'environnement ne font décidément pas bon ménage

Que ce soit sur le fond ou sur la forme, défenseurs de l'environnement et publicitaires ne partagent pas les mêmes idées sur la publicité. Le Grenelle de l'environnement n'aura pas permis de concilier deux visions… inconciliables.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Publicité et défense de l'environnement ne font décidément pas bon ménage
   

Hasard du calendrier, deux événements liés aux relations entre publicité et environnement ont eu lieu récemment. D'abord, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) et l'ADEME ont publié le 1er décembre le bilan 2010 ''publicité et environnement''. Plus récemment, mardi 7 décembre, les services du ministère de l'écologie ont organisé une réunion autour du projet de décret d'application des dispositions en matière d'affichage publicitaire de la loi Grenelle 2. L'occasion, pour de nombreuses associations, de rappeler les impacts matériels et immatériels de la publicité sur l'environnement.

Impact immatériel : l'autorégulation de la publicité ne satisfait pas

Le droit français prévoit que ''toute publicité comportant, sous quelque forme que ce soit, des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur les consommateurs est interdite'' ou encore que ''la publicité doit être exempte (…) de toute incitation à des comportements préjudiciables (…) à la protection de l'environnement (1) ''.

Dans leur bilan portant sur des publicités diffusées pendant le 1er semestre 2010, l'ARPP et l'ADEME ont constaté, sur 548 publicités en lien avec l'environnement, un taux de conformité à la règle de 88 %. 18 manquements ont été relevés : sept concernent la présentation de comportements contraires à la protection de l'environnement (en l'occurrence la représentation de véhicules dans des espaces naturels) et 11 concernant la présentation d'arguments écologiques trompeurs. 47 publicités ont fait l'objet de ''réserves'' pour explications insuffisantes, formulations maladroites ou encore relativisation insuffisante.

Face à ces ''résultats prometteurs'', l'observatoire indépendant de la publicité (OIP), émanation de l'Alliance pour la planète, a immédiatement dénoncé une ''autocongratulation de l'autorégulation''. Si le bilan de l'ARPP pointe les secteurs de l'automobile et du bâtiment comme les mauvais élèves, l'OIP regrette qu'il n'aille pas assez loin sur la ''forte progression de l'utilisation plus ou moins contrôlée du terme bio, naturel ou écologique dans le cosmétique ou l'alimentation''. L'association Agir pour l'environnement a d'ailleurs demandé la fermeture de l'ARPP ''qui n'est là que pour entretenir l'illusion d'un contrôle en lieu et place d'une instance régalienne'', après avoir été déboutée de sa plainte à propos de la campagne de publicité du shampoing Fructis qui a pour slogan : ''une nouvelle énergie verte pour vos cheveux'', au motif que ''l'allusion à la couleur verte n'avait pour objet que de rappeler la couleur du flacon'', rapporte l'association.

Autre point occulté par le bilan selon l'OIP : ''l'absence de respect de la directive européenne 1999/94/CE relative à l'information sur la consommation de carburant et les émissions de dioxyde de carbone des voitures particulières neuves par la grande majorité des constructeurs automobiles, qu'ils soient français ou étrangers'', qui concerne l'ensemble des imprimés utilisés au titre de la publicité et de la promotion des véhicules en vue de leur commercialisation auprès du grand public.

Impact matériel : le décret d'application de la loi Grenelle 2 toujours en débat

Les assos dénoncent les publicités énergivores

Avec l'arrivée du froid, Agir pour l'environnement et Résistance à l'agression publicitaire (RAP) dénoncent ''les dispositifs rétro-éclairés et autres écrans plasmas (qui consomment autant que trois familles !)'' qui se développent depuis quelques années dans les transports et centres commerciaux.
Ces associations ont appelé, dans un communiqué publié le 1er décembre, ''les décideurs politiques nationaux et locaux à adopter des arrêtés d'interdiction des dispositifs publicitaires énergivores, notamment en période de pics de consommation'' alors que les Français sont appelés à modérer leur consommation. Selon elles, il n'est pas normal que les "appels à la responsabilité citoyenne ne concernent que les usagers et pas les publicitaires''.
Lors du sommet Reuters des médias organisé la semaine dernière, Jean-Charles Decaux, codirecteur général de JCDecaux, a affirmé que le numérique était amené à croître rapidement à l'avenir. Pour Clear Channel, le numéro un mondial de la communication extérieure, 2011 devrait ainsi être marqué par une nette accélération du développement du digital "hors rue".
Un autre combat semble ouvert…
Après le fond, la forme… La loi Grenelle 2 a introduit plusieurs dispositions sur l'affichage publicitaire, décriées par les associations de protection de l'environnement qui souhaitaient un encadrement de la publicité beaucoup plus fort.

Les pré-enseignes, situées hors des agglomérations, seront désormais ''limitées'' aux ''activités liées à des services publics ou à des services d'urgence, des activités culturelles et des monuments historiques, des activités particulièrement utiles pour les personnes en déplacement, notamment les activités d'hébergement et de restauration, de réparation automobile et de distribution de carburant, ou des activités en relation avec la fabrication ou la vente de produits du terroir par des entreprises locales''. La loi Grenelle 2 autorise également l'utilisation de grandes bâches publicitaires pour masquer des travaux.

Les services du ministère viennent d'ouvrir les discussions sur le décret d'application relatif à ces dispositions, l'occasion pour les associations de faire à nouveau entendre leur position. Peine perdue ? ''Lors de la réunion du 7 décembre, aucune décision n'a été prise, rapporte Pierre-Jean Delahousse, président de Paysages de France. Il y a eu de nombreuses propositions, pour la plupart discordantes''. Une autre réunion a été programmée pour le 14 décembre.

Mais comment parvenir à concilier deux visions foncièrement opposées ? Face aux arguments des défenseurs de l'environnement, les professionnels de la publicité en avancent d'autres… économiques. Ainsi, l'Union de la publicité extérieure (UPE) explique sur son site Internet que ''la communication extérieure permet aux acteurs économiques locaux et nationaux de promouvoir leurs activités, et contribue ainsi à soutenir la consommation, la croissance et l'emploi'' et que ''ces activités s'inscrivent dans le strict respect du Code de l'environnement, qui réaffirme le « droit d'exprimer et de diffuser informations et idées » par voie d'affichage''.

Et de rappeler que la publicité extérieure est le troisième média en France, avec un chiffre d'affaires de 1.127 millions d'euros. Autre précision : la loi de modernisation de l'économie de 2008 a ouvert la possibilité aux communes d'instaurer ''une taxe locale sur la publicité extérieure frappant les dispositifs publicitaires dans les limites de leurs territoires''

1. Décret n°92-280 du 27 mars 1992
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006078904&dateTexte=20101208

Réactions2 réactions à cet article

je serais curieux de connaitre l'efficacité réelle de la publicité?

lionel | 09 décembre 2010 à 09h13 Signaler un contenu inapproprié

Publicité et respect de la loi: incompatibilité vécue

On croit rêver quand on lit que les publicitaires respectent le droit de l'environnement. Il suffit de suivre tous les abus que "Paysages de France " dénonce,le plus souvent sans résultats immédiats pour voir la réalité.
Seul le recours à la justice parvient à faire rentrer dans la norme des gens qui n'ont pour les sites urbains ou naturels qu'un mépris total.
Même les Parcs régionaux subissent leurs panneaux agressifs.
Tout élu municipal qui tente de mettre en place une restriction de la publicité connaît les mille embûches juridiques que les publicitaires mettent en place,cabinets de juristes en renfort, pour éviter cette réglementation.
Est-ce un hasard si, au Grenelle, les associations de protection des sites et du Patrimoine historique n'avaient pas été invitées ? Un "Oubli" vraiment fâcheux .

sirius | 09 décembre 2010 à 10h08 Signaler un contenu inapproprié

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