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Eolien offshore : Dunkerque ouvert au marché européen, prêt pour le français

Aux côtés des grands ports maritimes de Nantes-Saint Nazaire, Cherbourg, Brest et Le Havre, Dunkerque montre son potentiel pour constituer une référence industrielle de fabrication, de maintenance voire de toute la logistique de la filière éolienne.

Energie  |    |  C. Saïsset
   
Eolien offshore : Dunkerque ouvert au marché européen, prêt pour le français
Installation des douze éoliennes de 5 MW implantées en mer du nord, projet « Alpha Ventus » par SDI
© SDI
   

Dans la Cité de Jean Bart, les industries lourdes n'ont pas déserté le port. Lors du séminaire européen sur l'éolien offshore organisé les 14 et 15 juin par Dunkerque Promotion, les participants ont eu droit à la visite du Grand Port Maritime de Dunkerque (GPM). Sous l'immense bâtiment de la tôlerie GTS Industries (groupe allemand Dillinger Hütte), l'acier se fond en plaques sous l'effet de la chaleur et de tables de laminage. Parachevées, cisaillées, retournées, ces tôles pouvant atteindre 25 tonnes sortent façonnées avec une précision au millimètre près. En un acier de haute limite d'élasticité et de 90 mm d'épaisseur, elles sont adaptées à la fabrication de fondations d'éoliennes offshore. Avec le lancement des divers projets d'éoliens offshore en Europe ces 15 dernières années, le marché est déjà conséquent : 20% de la production sur un total de 700.000 tonnes/an.

Sous un autre bâtiment tout aussi immense, à côté, « on entend les tôles crier » sous l'effet de la presse en U. Dans cette tuberie de l'allemand Europipe GmbH, premier producteur mondial de tubes soudés de grand diamètre et de haute valeur ajoutée, 300.000 t de tubes d'acier sortent chaque année, pouvant atteindre 1,5 m de diamètre et 10 à 12 m de long. Ils se destinent le plus souvent aux pipelines de l'offshore pétrolier, et aussi aux jackets d'éoliennes offshore (1) depuis un partenariat de recherche avec Veser Wind GmbH. Mais pour un véritable développement dans ce secteur à Dunkerque, il leur faudrait une autre usine.

Ascometal (330.000 t/an d'acier sortis de l'usine de Dunkerque) pourrait s'orienter vers la fabrication de pièces en rotation (pour l'arbre principal, le multiplicateur, le générateur, l'orientation de la nacelle, d'angle de pale...) et de pignons (de transmission multiplicateur/génératrice, de contrôle en position pale/nacelle...). Tandis que la chaudronnerie lourde CMP Dunkerque pourrait se positionner sur la formation des mâts. Détenue par Entrepose Contracting, à 80 % du groupe Vinci, elle s'inscrirait aux côtés de celui-ci dans la réponse à l'appel d'offres pour l'éolien offshore en France. Celui-ci se positionnerait sur les fondations béton pour les lots où une fondation gravitaire serait retenue, tandis que Geocean d'Entrepose Contracting ferait les installations. « Nous avons besoin de 20 ha pour l'entreposage des mâts, de 70 ha pour les fondations, et que le site soit le plus près possible du littoral, précise Christian Renard, directeur général de CMP Dunkerque. Vu le poids de ces éléments, il faut réduire le plus possible les opérations de manutention ».

L'offshore, du gigantisme

Une éolienne offshore monopile (pieu en acier surmonté de la nacelle et des pales) de 3 MW ancrée dans le fonds marin argileux ou sableux (foré si rocheux) peut se décomposer en deux troncs de 35 mètres et de 50 tonnes chacun, de pales de 45 m et de 7 tonnes chacune et d'un hub et nacelle de 110 tonnes. Une éolienne offshore de 5 MW « haut rendement » peut atteindre 200 m de haut depuis le fond de la mer jusqu'en haut des pales. Elle repose soit sur un jacket (composé de quatre pieux ancrés dans le fond marin sur 20/30 mètres), soit sur une fondation GBF (Gravity based foundation) en béton. La nacelle pèse de 300 à 400 t et les pales peuvent atteindre 70 m, soit près de 20 t chacune. « Une fondation peut très bien mesurer 30 mètres de diamètre et peser plus de 800 tonnes », précise Michel Colin, chargé de la logistique maritime industrielle chez Bolloré Logistics. Ce qui donne une idée des « colis » à transporter pour installer ces éoliennes...

Tandis que dans le GPM de Nantes-Saint Nazaire, engagé avec celui du Havre dans l'émergence d'une filière industrielle de l'éolien offshore suite à un accord de partenariat signé entre les communautés de communes en décembre 2010, l'entreprise chargée de l'exploitation des chantiers navals STX-France travaille au développement de bateau-poseurs ou jack-up innovants. Dans le GPM de Dunkerque, SDI dispose déjà des six bateaux dédiés à la pose d'éoliennes offshore du groupe DEME pouvant transporter jusqu'à 3000 tonnes en mer. Bientôt, un nouveau sera prêt pour partir au large : le Neptune, un jack-up équipé d'une grue de 1600 tonnes de capacité. Cette entreprise a participé à l'installation du parc d'Utgrunden (10,5 MW) en Suède démarré en 2000, et actuellement à l'installation du parc au large de Zeebruge (300 MW) à 45 km de Dunkerque aux côté d'EDF EN. « Dans la chaîne offshore, le port est le lien entre le pôle industriel qui construit les équipements et les opérateurs maritimes qui les installent en mer, explique Jan Vandenbroeck, directeur de SDI. Ce qui compte, c'est surtout la fluidité des opérations, et donc les possibilités de stockage, de transport et de manoeuvres dans le port ».

Un site portuaire d'entreposage et de manutention

« Nous ne sommes pas candidats à l'implantation d'éoliennes offshore au large de Dunkerque, où 800 bateaux naviguent chaque jour dans le chenal, mais à un site industriel de fabrication et de maintenance éolienne et, via le port, à toute la logistique de la filière », a déclaré l'ancien ministre Michel Delebarre, président de Dunkerque Promotion et de la Communauté urbaine de Dunkerque. Sur la partie Est du port, un site de 8 ha avec bords à quai a servi l'an dernier à l'assemblage des 100 éoliennes de 3 MW du danois Vestas destinées au parc britannique Thanet. « Un travail multi-culturel » réussi, grâce à la conjugaison d'« infrastructures portuaires, de main d'oeuvre disponible et d'espace suffisant », selon ses protagonistes : le levageur belge SARENS et les manutentionnaires dunkerquois Dewulf et BARRA SNM.

Deux grands groupes pourraient se positionner sur un tel site : Areva et Alstom. « Nous parlons avec les deux », a déclaré Martine Bonny, président du directoire de Dunkerque Port qui a identifié deux autres sites sur les 3000 ha de foncier disponible. Un site plus à l'ouest de 20 ha pourrait être relié au quai de Lorraine. Un autre au sud de l'avant port-ouest d'environ 50 ha, où « tout reste à faire », nécessitera une longue période d'instruction en raison non seulement de la protection de la biodiversité, mais aussi de sa proximité avec la centrale nucléaire de Gravelines.

« Notre supply chain est bien rodée pour la fabrication de nacelles, du moyeu et des pales, depuis notre usine qui emploie 400 personnes à Bremerhaven en Allemagne, explique Marc Launay d'Areva Wind GmbH. Si nous sommes retenus dans l'appel d'offre, notre ambition est de dupliquer cette chaîne dans une vision locale et européenne, étant donné que le marché français est tout petit par rapport au marché européen ». En effet, selon l'étude d'E&E Consultants, la mise en œuvre du paquet Climat dans le cadre de la directive EnR génère un marché de 300 à 400 Mds€ dans l'éolien offshore d'ici 2020, situé à 85% en mer du nord et à 5% en France d'ici 2020. Et si le GPM de Dunkerque se trouve décentralisé par rapport aux projets français, par rapport aux projets en mer du nord, il se trouve à égale distance de la zone Dogger Bank (9.000 MW) que Bremerhaven, et plus près que ce port allemand de la zone Norfolk Bank et Tamise (10.000 MW environ en projet).

1. Tour-treillis d'acier tubulaire, reposant sur 4 pieds ancrés par des pieux.

Réactions1 réaction à cet article

Un grand bravo à Dunkerque promotions de saisir ces opportunités d'industrialisation dans une filière d'avenir créatrice d'emploi et de savoir-faire.

POMMIER | 25 juin 2011 à 07h31 Signaler un contenu inapproprié

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