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Actu-Environnement

“Il faudra concevoir le véhicule électrique comme un produit différent”

Plutôt que des véhicules individuels classiques, il s'agit d'inventer des nouvelles formes de mobilité qui supposent de changer les technologies, mais surtout les usages et les représentations, selon Philippe Aussourd, président de l'AVERE-France, Association pour le développement du transport et de la mobilité électriques.

Interview  |  Energie  |    |  A. Sinaï
   
“Il faudra concevoir le véhicule électrique comme un produit différent”
Philippe Aussourd
Président de l’AVERE-France
   
Actu Environnement : Comment évolue la voiture électrique dans le paysage automobile ?
Philippe Aussourd
: Dans les années 90, il n'y avait guère que l'AVERE pour porter le flambeau de la voiture électrique. Des petits constructeurs, des organismes institutionnels, des communautés d'agglomération ont continué à utiliser des véhicules électriques (pour nettoyer les trottoirs par exemple), mais personne ne s'en rendait compte. Les constructeurs de ces utilitaires n'ont jamais connu la crise. Depuis, un vrai changement s'est produit. La hausse du prix du pétrole, en 2007-2008, a été une vraie prise de conscience pour les industriels du secteur. Les industriels français se sont rendu compte de leur retard alors que les Japonais avaient continué à faire des recherches. Car le Japon n'a jamais baissé la garde. En 1997, Toyota a présenté sa première Prius hybride, qui remporte aujourd'hui un franc succès au Japon et aux Etats-Unis. La Prius est un véhicule à essence munie d'un gadget électrique, à la différence de l'hybride rechargeable. Aujourd'hui, PSA va lancer des hybrides rechargeables diesels. Mais cela ne suffit pas. On ne change pas la mobilité d'un seul coup.

AE : Quels progrès ont été réalisés sur le plan technologique ?
PA :
Sur le plan technique, dans les années 90, le grand pas en avant a été la capacité de traiter des courants électriques très forts avec un ordinateur. La technologie des batteries a fait des pas de géant. Pendant très longtemps, on a utilisé des batteries au plomb, récupérables. Et avec elles on a fait tourner des engins lourds : chariots élévateurs électriques, sous-marins. La deuxième génération a été dominée par les batteries au nickel-cadmium. Et aujourd'hui, nous en sommes à la génération lithium. L'utilisation des nanotechnologies dans les électrodes des batteries va permettre de nouveaux progrès. Ce sont les Japonais qui ont développé les études les plus avancées sur la batterie lithium, repris par les Chinois. Les autorités chinoises ont calculé que d'ici à une quinzaine d'années, il y aurait 200 millions de véhicules sur leur territoire. Les propulser à l'essence va poser un sérieux problème, compte tenu des capacités pétrolières actuelles. Ce constat froid les a incités à se lancer dans le véhicule électrique.

AE : En France, les freins sont-ils d'ordre technique ou psychologique ?
PA
: Sur le plan technique, la question de la recharge n'est pas un problème. Dans les copropriétés, la loi Grenelle II a prévu des dispositifs incitant les syndics à équiper les immeubles. Les recharges publiques sont a priori de deux types : les recharges lentes, à 3 kW, et les recharges rapides. A Paris il y a 300 prises lentes et 4 bornes à recharge rapide sur la voie publique : jamais personne ne s'en est servi. Les collectivités locales sont prêtes, d'autant plus que ce sont elles qui contrôlent le réseau électrique. Paris se prépare à installer Autolib, une flotte de véhicules électriques en usage partagé. Ce qui bloque, ce n'est pas le type de véhicules, c'est le volume produit. Il faut au minimum vendre 50.000 véhicules électriques par marque pour que le prix de revient devienne incitatif. Ce n'est probablement pas le marché grand public qui va lancer le véhicule électrique, mais le marché utilitaire, avec la Kangoo ou la Partner électriques, adaptés à des fonctions professionnelles en ville. La Poste va convertir plus de 50.000 véhicules, et les flottes des collectivités vont s'équiper elles aussi, avec le soutien de l'UGAP, centrale d'achats publics. L'AVERE s'emploie à convaincre les patrons de flottes et les décideurs locaux là où ils sont, dans les régions et les collectivités.

AE : L'offre ne créera-t-elle pas la demande ?
PA :
Ce qui créera la demande, ce sera la faculté de se brancher sur n'importe quelle prise. Il faudra concevoir le véhicule électrique comme un produit différent. Souvenons-nous des débuts de la voiture à essence : au départ, il s'agissait d'un fiacre motorisé. Il a fallu attendre 30 ou 40 ans avant que ce véhicule devienne un tout autre objet. Aujourd'hui, il y a des voitures électriques, mais dans 10 ou 20 ans, ces véhicules ne ressembleront plus aux voitures actuelles. C'est le concept de mobilité qui va changer. Par exemple, Peugeot a créé un système de forfait de location multivéhicules : il est possible de louer soit une berline pour les grandes distances, soit un vélo électrique pour la ville, soit un utilitaire, ce qui résout le problème de la diversité des usages. Cette formule règle aussi la question de la propriété d'une automobile, au profit de son accès flexible. La possession d'un véhicule demeure une question de civilisation. L'automobile reste une mythologie.

Réactions12 réactions à cet article

voiture nucléaire

Je suis toujours aussi surpris de voir la voiture électrique considérée comme un progrès vers un comportement écologique!
Faut-il rappeler que l'essentiel de notre électricité vient du nucléaire et que cette source est très loin d'être propre?

biocomtout | 13 octobre 2010 à 16h52 Signaler un contenu inapproprié
de la voiture nucléaire au vélo solaire

Pour ma part je regrette que des milliards soient investis dans la voiture électrique; la solution hybride est bien plus pertinente à mon sens!!
Je regrette aussi l'illusion donnée qu'on va résoudre le pb de l'autonomie avec des recharges à 50 kW.. quid de l'impact sur les réseaux électriques, quid de l'impact sur la batterie...
Enfin je suis bcp plus enjoué par les vélos à assistance électrique, naturellement hybride et pour les puristes on peut les recharger au soleil...

flor | 14 octobre 2010 à 05h22 Signaler un contenu inapproprié
Nucléaire ...

Et le nucléaire ne permettra pas de faire rouler le parc automobile en tout électrique, on pourra alors ouvrir de nouvelles centrales thermiques, bilan global de la voiture électrique : + de CO2, + de nucléaire, et même des nanoparticules, vive le progrès!

onsenfou | 14 octobre 2010 à 08h08 Signaler un contenu inapproprié
Re:voiture nucléaire

Un comportement écologique consisterait donc en ne plus sortir de chez soi et habiter et travailler en centre-ville ? Si la voiture électrique est nucléaire dans ce cas le train, le métro, les vélos libre-service même sont tous nucléaires! Comment faire pour adopter un comportement écologique?

teknopol | 14 octobre 2010 à 08h15 Signaler un contenu inapproprié
Les lois de la physique

La physique est têtue et n'a pas la langue de bois: tant que les véhicules auront une masse de 1200kg (petite citadine) à 2500kg (4x4 ou grosse berline) il faudra une énergie considérable pour la mouvoir (accélérer, diriger, monter, freiner) et les pseudo-dispositifs de récup d'énergie (bluemotion et autres greenmachin) n'y changeront rien.
La loi de conservation de l'énergie a la dent dure, mais dure!
Si en plus on veut accélérer de 0 à 100km/h en 5 ou 6s (on se demande bien pour quoi faire...) il faut pas rêver : on n'y arrivera PAS !
Seule solution: des voitures beaucoup plus légères (maxi = 100kg/passager transporté), moins puissantes (15-20kW max) et moins performantes.
Et franchement, on vivra pas plus malheureux.

Squale55 | 14 octobre 2010 à 09h24 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:voiture nucléaire

l'électricité n'est pas propre car durant les pointes de consommation les centrales thermiques dégagent bcp de C02.

Si vous n'avez pas le temps de tout lire, je résume sa conclusion :

En conclusion, le véhicule électrique est une idée aussi bonne que le contexte dans lequel il prend place : électrifier le parc de véhicules si celui-ci doit être divisé par 2, utilisé 4 fois moins, avec des véhicules 3 fois moins puissants, et alimentés avec de l'électricité produite de manière relativement propre et pas trop chère (ce qui met le nucléaire en tête, et probablement demain le solaire à concentration avant l'éolien) est assurément une solution à étudier ... Mais si nous sommes prêts à nous contenter de véhicules de 200 kg plafonnant à 50 km/h et disposant de 80 km d'autonomie (ordre de grandeur des performances des voitures dont il est souvent question dans la presse), on peut les faire en restant au pétrole dans un premier temps : par rapport à nos chars modernes - même une "petite" voiture pèse plus d'une tonne - cela divisera leur consommation par 5 à 8 !

iaselle | 14 octobre 2010 à 09h25 Signaler un contenu inapproprié
Sont - ils vraiment propres?

Les véhicules électriques sont-ils vraiment propres dans la mesure où l'électricité qu'ils utilisent est produite en France majoritairement par le nucléaires et en Allemagne par le charbon et le nucléaire? Sans parler d'un rendement particulièrement mauvais puis qu'il faut empiler le rendement des centrales et celui du moteur électrique! Belle opération de manipulation orchestrée par les lobbies du nucléaire et automobiles!

jacques henri | 14 octobre 2010 à 09h45 Signaler un contenu inapproprié
Moins de voitures!

Le problème écologique est mondial.

Il faut diviser nos émissions mondiales par 2 par rapport à 1990; au niveau français, les diviser par 4 au moins.

Evolution du nombre de voitures (et donc de routes et autres infrastructures à pétrole, et cassant les corridors écologiques)dans le monde depuis 1990?
A la hausse!
Et ce n'est pas la petite baisse des émissions par Km qui va compenser le volume total des émissions.

Sans parler de la place que prend la voiture en ville, électrique ou pas.

Solution: moins de voitures, moins puissantes, moins équipées.

Pas tentant? Très bien, mais qu'on nous dise qu'on s'en fout de l'écologie et d'un air sain dans ce cas.
Rien de pire que l'escroquerie technologique!

Greenwasher | 14 octobre 2010 à 11h41 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:voiture nucléaire

J aurais plutot formule votre premiere phrase de cette maniere:

L electricite n est pas propre parce qu elle est issue pour 80% de centrales nucleaires qui produisent des tonnes de dechets nucleaires.

Je ne comprends pas pourquoi les problemes environnementaux sont toujours ramenes a l exces de CO2, c est quand meme un peu plus complexe que ca un ecosysteme........ le developpement durable........

lilarot6 | 15 octobre 2010 à 14h43 Signaler un contenu inapproprié

arrêtons de parler du seul impact écologique d'un véhicule pour son UTILISATION, mais évoquons définitivement parler l'ensemble du "CYCLE DE VIE" (compris les matières premières mises en oeuvre, les outils industriels pour fabriquer, jusqu'aux filières de destruction/recyclage)
et quand on sait qu'une Prius pollue plus que certains 4x4 (sur tout le cycle), ça fait voir les chose autrement, non ?...
à mon sens, la vraie démarche de réduction des émissions de nos véhicules impliquera obligatoirement :
1°/ la baisse de la masse (sur-sécurité et sur-confort portent la masse d'une citadine à plus d'une tonne ! il y a peut-être un intermédiaire - Français qui oplus est - avec une Tata qui pèse 400 kg, non ?),
2°/ l'adaptation des performances aux besoins (et non, fini la p'tite pointe à 200 de tps en tps ! fini les belle roues brillantes en 18 pouces !!!)
3°/ l'utilisation rationelle ; et si on co-voiturait davantage ? et si on était plus incité à prendre les transports en commun ?... (pour ma part, entre 1 euro de stationnement et 8 euros de bus à 4 pers. pour aller en ville, le calcul est vite fait...

Pluch63 | 20 octobre 2010 à 18h19 Signaler un contenu inapproprié

@pluch63

L'étude affirmant que la Prius émet plus e CO2 sur son cycle de vie, bien connue des amateurs de 4x4, ne tient pas compte de la consommation en carburant tout au long de la vie du véhicule. Si c'était le cas le rapport serait largement inversé.

teknopol | 21 octobre 2010 à 08h44 Signaler un contenu inapproprié

on est bien d'accord que les 4x4 sont à proscrire (sauf pr les trés rares utilisateurs qui en ont un réel besoin...), mais concernant les véhicules électriques/hybrides, réduire le bilan écoloquique aux seules émissions de CO2 est une grave erreure
parlons un peu de l'impact sur le cycle de vie en terme de rejets solides/liquides/gazeux d'une batterie NiMh, ou pire, LiPo...

puis il y a la production d'énegie (Nucléaire ET Fossile) et son rendement catastrophique du puits à la roue...

y'a pas aucune solution miracle, et il faudra apprendre à Réduire, Réutiliser, et Recycler (les 3R), mais on est vraiment pas prêts à l'heure actuelle !

Pluch63 | 04 novembre 2010 à 11h34 Signaler un contenu inapproprié

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