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“La résilience peut être un nouveau cadre de priorisation des investissements publics”

La Mairie de Paris a annoncé la nomination de Sébastien Maire en tant que Haut responsable de la Résilience, avec le soutien de la Fondation Rockefeller qui est à l'origine du réseau 100 Résilient Cities présidé par Michael Berkowitz. Entretien croisé.

Interview  |  Gouvernance  |    |  A. Sinaï
   
“La résilience peut être un nouveau cadre de priorisation des investissements publics”
Sébastien Maire
Haut responsable de la Résilience à la Mairie de Paris
   

Actu-Environnement : Quelle est la vocation du réseau 100 Resilient Cities ?

Michael Berkowitz : La résilience est la capacité d'une ville à survivre à un désastre – qu'il s'agisse d'un tremblement de terre, d'une attaque terroriste, ou d'un désastre chronique, comme la montée des eaux qui touche particulièrement une ville comme New York par exemple. Au-delà de leur caractère tragique, ces risques peuvent être des opportunités pour mieux survivre. Le réseau 100 Resilient Cities  (1) a été fondé en 2013 à l'occasion du 100ème anniversaire de la Fondation Rockefeller et initialement doté de 100 millions de dollars, aujourd'hui 164 millions, pour stimuler des politiques de résilience dans les villes.

Le réseau 100 RC conduit des stratégies et veille à ce qu'elles soient mises en œuvre, afin que les habitants soient plus en sécurité et vivent plus heureux. La priorité est de renforcer la cohésion des citoyens, à l'échelle des voisinages et de susciter la solidarité, y compris par les infrastructures elles-mêmes. Par exemple le projet de coulée verte "Big U" au sud de Manhattan doit relier les habitants des quartiers modestes au front de mer tout en les protégeant des effets de l'élévation du niveau des eaux. En l'occurrence, cette digue devra connecter les gens.

AE : Quelle est votre mission à la Mairie de Paris ?

Sebastien Maire : Le Haut responsable de la Résilience a une mission transversale. Je dois m'appuyer sur toutes les directions de la Ville, mais consulter aussi Etat, opérateurs d'infrastructures, monde associatif et économique etc. C'est vaste. A Paris, la résilience n'est pas quelque chose de nouveau. Voyez la devise de Paris depuis 140 ans ["Fluctuat Nec Mergitur" : "Battu par les flots, il ne coule pas", ndlr]. Cette logique de résilience fait intrinsèquement partie de l'action publique à Paris. Ce qui est nouveau, c'est que la résilience peut être un nouveau cadre d'organisation et de priorisation de l'action et des investissements publics.

Après la COP 21 de décembre dernier, il est devenu évident pour tout le monde que la vie va être modifiée par le climat. C'est passé dans les mentalités. La prise de conscience de nos vulnérabilités est revenue à l'ordre du jour avec le terrorisme. Dès lors, il s'agit de mettre l'accent sur un projet politique et urbain qui rassure et qui protège. Jusqu'à récemment, la culture du risque n'était pas développée. Or en 2030 la canicule du type de celle de 2003 sera devenue la norme. Mon rôle est de faire aboutir une stratégie transversale qui permettra de penser résilience à chaque fois que l'on construira une crèche, une place, un immeuble ou une politique sociale.

AE : Quelles sont les étapes et les moyens de cette stratégie ?

SM : Je n'ai aucun budget propre et n'en ai pas besoin. L'idée n'est surtout pas de recréer une politique en silo, mais d'optimiser et de reconnecter les démarches existantes, et de coordonner des actions financées par le budget général de la Ville. Première étape, procéder à un état des lieux, identifier les forces et les faiblesses, selon la méthodologie de diagnostic proposée par 100 Resilient Cities. Paris est une des villes les plus résilientes du réseau des 100 villes. Elle est en avance sur plusieurs sujets, la prise en charge sociale y est forte. Aujourd'hui, la spécificité parisienne c'est cette logique de ville inclusive et solidaire, contre la grande exclusion ou envers les migrants par exemple.

Autre atout de taille, la Ville est déjà dotée d'une stratégie d'adaptation au changement climatique. Une énorme partie de notre travail est déjà faite. Pour ce volet, nous sommes déjà dans la mise en oeuvre : par exemple d'agir dès maintenant sur les orientations en matière d'urbanisme et d'aménagement de l'espace public pour limiter à terme les effets îlots de chaleur. Deuxième étape, on identifie des domaines d'action prioritaires et on crée des groupes de travail pour capitaliser ce qui existe. Troisième étape : ces groupes de travail aboutissent à une Stratégie de résilience qui sera présentée en novembre 2016 à Paris à l'occasion d'un sommet international pour les villes inclusives et résilientes.

AE : Paris est-elle prête à affronter une crue ?

SM : Enormément de progrès ont été faits dans les dix dernières années sur la préparation à la crue, en particulier dans le domaine de la coordination des différents acteurs concernés. Mais l' approche "résiliente" de ce dossier, selon trois phases, l'avant, pendant et l'après, est susceptible d'apporter de nouvelles propositions. Le vrai sujet de la Seine, en terme de récurrence, ce n'est pas le trop d'eau, c'est le pas assez. S'il n'y avait pas des bassins de rétention construits en amont, il y aurait des étés où l'on pourrait traverser la Seine à pied. L'étiage est le véritable risque chronique important sur la Seine dont il faut assurer la continuité en eau.

Dans le même temps, la mairie de Paris souhaite purifier l'eau de la Seine, notamment dans la perspective des JO. L'approche résiliente cherche des actions susceptibles d'aider à relever ces trois défis en même temps, ce que par exemple font naturellement les zones humides, les plaines alluviales, etc. Les barrages sont importants pour limiter les crues et réguler le débit, mais favoriser par exemple, à l'image de ce qui a été fait pour la Loire, un développement renforcé de la biodiversité sur des centaines ou des milliers d'hectares sur le bassin versant, procurerait de multiples co-bénéfices.

Sur la phase "pendant", ce n'est pas vrai que les pouvoirs publics vont pouvoir tout gérer tout seuls, l'habitant va vouloir aider dans la gestion de crise, donc il va falloir lui donner une place. En témoigne l'affluence aux journées parisiennes sur les gestes qui sauvent, après les attentats. Cette solidarité spontanée est un merveilleux signe de résilience de la population. Dans les six premières minutes qui séparent de l'arrivée des premiers secours, à qui s'adresser ? À son voisin. A Wellington, en Nouvelle-Zélande, des groupes volontaires d'habitants formés aux premiers secours sont identifiés par le public comme premiers relais de la gestion de crise.

Enfin, sur l' "après" : il faudrait anticiper dès maintenant de manière opérationnelle une reconstruction plus intelligente des quelques infrastructures majeures qui nous rendent si vulnérables, comme certains postes sources ERDF, car au moment de la crise, si on ne l'a pas étudié avant, il n'y aura pas d'autre solution que de reconstruire au plus vite les mêmes équipements, qui pourront à nouveau être balayés ou rendus inopérationnels par une nouvelle crue..

1. En savoir plus
http://www.100resilientcities.org

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