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Actu-Environnement

“Défendre la transition énergétique”

A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle française, Jacques Cheminade, candidat pour Solidarité & Progrès précise pour Actu-environnement ses propositions en matière de mix énergétique, de gestion de l'eau ou encore d'agriculture.

Interview  |  Gouvernance  |    |  R. Boughriet
   
“Défendre la transition énergétique”
Jacques Cheminade
Solidarité & Progrès
   

Actu-environnement.com : Quelle évolution du mix énergétique français envisagez-vous ?

Jacques Cheminade : Dans un univers en création continue, l'homme doit toujours découvrir des principes nouveaux et les appliquer pour vivre. Sans cela, il se trouverait contraint de réduire fortement la consommation d'énergie, d'essayer d'obtenir du gaz de schiste par fracturation hydraulique et du pétrole à partir de sables bitumineux ou d'accroître le recours au charbon ou à la lignite, comme c'est le cas aujourd'hui en Allemagne. C'est-à-dire, soit un désastre humain avec cette réduction criminelle de population voulue par certains, car sans énergie il ne peut y avoir de développement, soit un désastre écologique et humain par un recul technologique en tentant d'exploiter des sources d'énergie moins denses. Pour assurer un futur à une espèce humaine en développement, la géothermie, les éoliennes, le solaire ou les marées ne peuvent être une solution, car la densité de flux d'énergie qu'ils procurent, par être humain, unité de surface et quantité de matière utilisée, n'est pas suffisante pour accroître le potentiel de densité démographique pour une société future.

C'est pourquoi je défends une transition énergétique vers une économie basée sur l'hydrogène, permettant de « sortir » graduellement des hydrocarbures. Cela signifie des investissements conséquents dans le « nucléaire du futur » (neutrons rapides, réacteurs à sels fondus associés au thorium, fusion par laser, etc.). Pour moi, il est évident que la simple multiplication des systèmes de sécurité pour les réacteurs nucléaires en service ne suffira pas. C'est uniquement grâce à la mise au point de réacteurs de conception nouvelle et dotés de sécurité intrinsèque qu'on progressera dans ce domaine. Seules la disponibilité de personnel qualifié et la validité des projets fixeront une limite aux investissements que je garantirai avec ma politique de crédit productif public.

AE : Prévoyez-vous une remise à plat de la fiscalité globale et quelle place y aurait la fiscalité environnementale ?

JC : Ma politique fiscale sera cohérente avec ma réponse à la question précédente : elle défavorisera les énergies intermittentes et de faible densité. Je rétablirai le Commissariat au plan et une nouvelle Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale (DATAR) dotée des moyens suffisants et en charge de coordonner l'aménagement du territoire et les autres objectifs.

AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l'eau et le partage de ses usages ?

JC : J'ai participé à l'élaboration d'un plan continental pour la remise en eau du lac Tchad grâce à un aménagement hydrologique du bassin du Congo comme le prévoyait le projet italien Transaqua. Si mis en œuvre, ce projet permettra de sauver des millions de vies actuellement menacées au Sahel. Aux Etats-Unis, je souhaite qu'on reprenne le grand projet NAWAPA abandonné après l'assassinat de Kennedy. En France, la construction immédiate de retenus d'eau permettrait d'optimaliser l'utilisation des eaux de pluies. Pour certaines régions européennes, grâce à la transition énergétique que je préconise, le dessalement de l'eau de mer offrira une solution. Pour certaines cultures, une agriculture de précision, possible grâce au GPS et aux satellites, permettra à nos agriculteurs d'être plus économe en eau et en pesticides. Science et environnement avanceront la main dans la main.

AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous êtes élu ?

JC : Je compte bannir toute spéculation sur ce qu'on mange (trackers, index, produits dérivés dépourvus d'objet). En retournant aux principes fondateurs de la PAC (prix garantis, stocks physiques, préférence communautaire, etc.), je compte mobiliser en premier lieu l'agriculture productive à haute densité capitalistique capable de nourrir au moins 9 milliards d'humains, d'ici 2050. Pour la rendre compétitive, je compte promouvoir l'innovation et la révolution des biotechnologies et non pas simplement baisser le coût du travail. Ensuite, je pense qu'il peut y avoir une plus grande place pour l'agriculture biologique, celle des labels, des AOC et des terroirs, pour lequel il faut encourager les circuits courts. Dans les deux cas, je demande qu'on marque sur l'étiquette le pourcentage du prix payé arrivant réellement dans la poche du producteur. Les aides de la PAC doivent être de nouveau couplées à la production et modulées en fonction des régions, des années et des filières. Je ne suis pas hostile aux OGM sous condition qu'au lieu des grands cartels privés, l'Etat et la recherche publique en restent maîtres.

AE : Quelle position française porterez-vous dans les négociations internationales en cours ?

JC : La France doit défendre au niveau international ce que j'entends mettre en œuvre chez nous et en Afrique. Mettre hors d'état de nuire la finance folle de la City et de Wall Street me paraît fondamental pour mettre fin au pillage des ressources et la destruction de la biodiversité qu'elle engendre. J'observe un regain de l'activité solaire que je tiens responsable de certaines évolutions climatiques inquiétantes sur Terre. Faute de preuves solides, je reste assez dubitatif à l'idée qu'elles puissent résulter de la seule activité humaine et je combats ceux qui, sous prétexte environnemental, cherchent à répandre le catastrophisme climatique pour réduire la démographie mondiale au service d'une oligarchie. Ma conviction profonde, c'est qu'il faut changer totalement de point de vue : passer d'une écologie malthusienne à une écologie humaine défendue notamment par Vernadski, fondée sur l'idée de responsabilité vis-à-vis de l'homme et de la nature. L'homme est responsable en agissant pour le bien commun et en mesurant les conséquences de ses actes, non en pillant les ressources ou en prétendant les épargner. Une nature violée ou une nature abandonnée se venge toujours sur ceux qui ne vivent pas en accord avec son principe de développement continu en améliorant la biosphère. Je le dis franchement : continuer le pillage financier et/ou adopter un écologisme antihumain conduirait notre société aux plus sombres heures de son histoire, faute d'un joyeux effort de création de tous.

AE : Quelle place comptez-vous accorder à l'environnement dans votre gouvernement ?

JC : Etant donné que dans le domaine du Grenelle de l'Environnement, il y a à boire et à manger, je compte le revoir en redéfinissant des priorités. Dans le transport, si l'on cherche à optimaliser le rapport énergie consommée par tonne/km, cela signifie donner la priorité à la voie fluviale, au ferroutage et au développement de transports en commun performants, c'est-à-dire des vrais métros dans toutes les villes moyennes. Je compte également compléter notre réseau TGV (en étoile) avec une boucle nationale transversale en mariant les technologies de l'aérotrain (coussin d'air), le Maglev (sustentation et propulsion magnétique grâce à des moteurs électriques linéaires) et l'électronique haut de gamme permettant la gestion du réseau.

La « croissance verte » est quant à elle un miroir aux alouettes. Le « verdissement » de grands groupes financiers comme Goldman Sachs ou Deutsche Bank tend à me convaincre que la « croissance verte » a été une belle escroquerie visant à instrumentaliser l'écologie pour promouvoir une « bulle » verte de pure spéculation sans le moindre souci réel pour l'environnement.

Réactions2 réactions à cet article

Voilà un programme concret, ambitieux, mais surtout réaliste dans le contexte actuel d'un visionnaire qui avait déjà tout prédit en 1995 !

J'ai de l'espoir, mais beaucoup d'ignorants votes...

John | 20 avril 2012 à 00h23 Signaler un contenu inapproprié

plus je lis des interview de Cheminade moins je comprends les Français 0.3% de la population qui comprend que c'est quelqu'un qui a une vision juste de la situations actuels et qui propose des solutions concrètes. J'ai honte d'être Français

Till | 24 avril 2012 à 01h50 Signaler un contenu inapproprié

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