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AccueilJean ChevalierInondations et performance économique : comment optimiser la résilience des entreprises

Inondations et performance économique : comment optimiser la résilience des entreprises

Jean Chevalier, expert inondations chez FM Global, revient sur l'intérêt de prévenir et réduire le degré d'exposition au risque inondation si ce dernier reste inévitable.

Publié le 17/08/2014

Vendredi 4 juillet dernier, de violents orages s'abattent en France avec une rapide montée des eaux qui prive 4.000 foyers d'électricité dans les Pyrénées-Atlantiques. L'actualité nous rappelle régulièrement que les populations et les activités humaines sont affectées par des évènements naturels souvent extrêmes et toujours qualifiés "d'exceptionnels".

L'inondation reste le risque naturel prépondérant par sa fréquence. Et son impact augmente d'autant qu'elle touche des zones urbanisées à forte activité économique, comme cela a pu être le cas ces dernières années avec Katrina à la Nouvelle Orléans, Sandy dans la région de New York, et à Bangkok en Thaïlande. Pourtant, ces sinistres à répétition ne semblent déclencher qu'une timide prise de conscience de la nécessité de se préparer à ce type de catastrophes. Comment convaincre les dirigeants à considérer la prévention inondation comme un investissement protecteur de leur activité et non comme une dépense de plus ?

La catastrophe naturelle la plus coûteuse à l'échelle mondiale

Il faut tout d'abord qu'ils prennent la mesure du coût réel de ce risque. Les inondations spectaculaires de mai dernier dans les Balkans ont par exemple entraîné une baisse de 1,5 % du PIB de la Serbie, qui devrait entrer de ce fait en récession selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

En France, l'étude publiée en 2014 par l'OCDE sur la gestion des risques d'inondation1 sur la Seine en Ile-de-France attire l'attention sur les conséquences d'une crue du type de celle de 1910 en région parisienne. Le rapport évalue le montant des dommages directs entre 3 à 30 milliards d'euros, pouvant provoquer une réduction de 0,1 à 3% du PIB et un possible impact sur des milliers d'emplois.

De façon globale, les études mondiales menées par FM Global démontrent que les inondations représentent en moyenne 2 à 3 milliards US $ de pertes pour les entreprises chaque année dans le monde. Ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus coûteuse à l'échelle mondiale.

Ces chiffres en augmentation constante ne devraient pas laisser indifférents les décideurs. Et ce d'autant que les statistiques de FM Global montrent que 80 % des sinistres surviennent sur des sites situés en zones inondables. Reste à prendre en compte cette évidence.

L'importance d'être bien préparé

De fait, une différence de comportement apparaît entre les entreprises dont des sites ont déjà connu un sinistre et les autres. Celles qui ont pris la mesure du risque réussissent à en réduire l'impact sur la base de leur expérience et en prenant des précautions. Celles qui n'en ont jamais subi en mesurent mal les effets.

Une étude FM Global réalisée sur une période de dix ans et un total de 118 inondations démontre qu'un plan d'urgence peut réduire par 3 le montant des dommages. Sur 72 cas pour lesquels il a été appliqué avec succès, les pertes se sont élevées en moyenne à 1,2 millions d'Euros contre une moyenne de 4,2 millions d'Euros pour les 46 autres cas.

Les grandes étapes pour se protéger d'une inondation

Les meilleurs moyens de se prémunir des conséquences financières d'une inondation restent donc la prévention et la protection, afin de réduire le degré d'exposition au risque et son impact si ce dernier est inévitable. Voici les trois principaux points de vigilance :

  1. 1. Identifier le risque

L'inondation est un risque qui a souvent tendance à être sous-estimé et qu'il est difficile de circonscrire précisément. L'information sur les risques s'est cependant développée en France ces dernières années et des cartographies des zones inondables existent même si elles ne sont pas exhaustives. Certains éléments sont néanmoins à surveiller :

-      La délimitation des zones inondables est souvent délicate. Les crues prises en référence se limitent très souvent aux plus hautes eaux connues ou à celles de périodes de crues centennales. La directive cadre européenne sur l'eau en cours d'application inclura prochainement les crues extrêmes.

-      Les cartographies ne couvrent pas tous les petits cours d'eau qui échappent à l'identification sauf s'il existe un historique.

-      Même pour les sites situés dans des zones bénéficiant d'ouvrages de protection contre les inondations, les risques restent difficiles à évaluer car leur rupture ou défaillance peuvent être à l'origine de désastres.

  1. 2. Faire face au risque

Etre pris au dépourvu et ne pas anticiper les risques conduit souvent à prendre des mesures dont l'efficacité sera réduite (manque de moyens immédiat, coût élevé). Les dommages matériels et les pertes d'exploitation associées peuvent être totalement supprimés ou considérablement réduits de la façon suivante :

  • Pour les nouveaux sites à construire :
    • Eviter de construire dans une zone inondable : ce principe évident permettant de préserver durablement les sites du risque d'inondation n'est pas toujours appliqué. Des implantations ont encore lieu en zones inondables.
    • Attention aux sous-sols : n'y placer aucun équipement électrique ou bien important et de valeur car c'est une des zones des plus exposées.
  • Pour les sites existants :

L'inondation, qui affecte souvent toute une région, entrave aussi les capacités des services d'urgence locaux à apporter une aide immédiate : c'est pour cela qu'il est nécessaire de planifier des mesures d'urgence applicables sur place.

L'efficacité des mesures d'urgence dépend des caractéristiques du site, de la qualité de la planification préalable et de la bonne gestion des ressources disponibles (équipements et personnel). Il s'agit de :

  • Réaliser une étude de vulnérabilité
  • S'appuyer sur les systèmes d'alerte de Météo France (http://france.meteofrance.com/vigilance/Accueil) et de Vigicrues (www.vigicrues.ecologie.gouv.fr/) pour informer les sites de l'imminence de la crue
  • Prévoir une équipe bien entraînée au sein de l'entreprise, disposant du matériel nécessaire et d'instructions précises qui sauront réagir dans les meilleurs délais.

Les mesures à prendre pour réduire les dommages doivent s'appuyer sur une analyse prévisionnelle du déroulement de l'inondation :

-      Scénario, type d'inondation prévisible, hauteur d'eau, vitesse du courant, durée de la crue…

-      Fiabilité de l'alerte (bien anticipée),

-      Temps nécessaire pour mettre en œuvre des mesures d'urgence efficaces.

S'il est bien conçu, le plan d'urgence peut être efficace mais il doit toujours être perçu comme une solution partielle. Un plan d'urgence sans moyens de protection est illusoire.

  1. 3. Se protéger du risque (protections physiques) :

En effet, il ne sera pas possible d'empêcher les infiltrations d'eau sans disposer de moyens physiques pour y faire obstacle. A partir de l'étude de vulnérabilité réalisée permettant d'identifier les points faibles du site, une panoplie de mesures appropriées peut être envisagée :

  • Construire au-dessus du niveau des crues,
  • Eviter les installations critiques et stockage de valeurs en sous-sols,
  • Prévoir des dispositifs de protection, batardeaux portes et murs extérieurs étanches à l'inondation,
  • Surélever les installations électriques et équipements de production clés,
  • Prévoir une protection des équipements clés

Dans de nombreux cas l'inondation ne pourra pas être évitée. La mise en place ce type de dispositifs simples va considérablement faciliter le redémarrage de l'activité.

Jean Chevalier

1 Se procurer l'étude sur la librairie Actu-Environnement.
https://www.actu-environnement.com/librairie/etude-ocde-gestion-risque-inondation-seine-ile-de-france-12639.html

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